
30 octobre 2022
Des milliers de personnes se rassemblent à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, pour défendre l’eau. Les manifestant-es écologistes s’opposent à un projet de “mégabassine”, une cuvette artificielle plastifiée s’étendant sur plusieurs hectares, destinée à accaparer l’eau des nappes phréatiques par une poignée de gros agriculteurs. Non seulement cette manifestation est sauvagement réprimée, mais le Ministre de l’Intérieur parle “d’éco-terrorisme”.
10 décembre 2022
200 personnes envahissent une usine du fabricant de ciment Lafarge, près de Marseille. Des dégradations matérielles sont commises chez cette industriel ultra-polluant, par ailleurs mis en cause pour sa complicité avec DAESH en Syrie : il avait payé le groupe terroriste pour continuer son business. Une brigade anti-terroriste est saisie pour mener l’enquête contre les écolos. Pour des dégâts matériels donc.
23 décembre 2022
Un individu armé, déjà poursuivi pour une attaque raciste à coup de sabre contre des réfugiés, commet un massacre par balles devant un centre culturel Kurde et des magasins kurdes en plein Paris. Il revendique son acte comme “raciste”. Trois personnes sont tuées, d’autres gravement blessées. Mais cette fois-ci, le Ministre de l’Intérieur ne parle pas de “terrorisme”, il affirme même que les motivations du tueur ne sont pas claires, qu’il n’était pas fiché. Et aucun juridiction anti-terroriste n’enquête sur l’affaire.
Une qualification à l’utilité variable
La qualification terroriste a deux objectifs. D’abord, marquer les esprits, construire une figure d’ennemi intérieur : en désignant des opposant-es comme “terroristes”, cela sert à semer l’effroi, à diaboliser, et à justifier une répression terrible contre les personnes visées. Ensuite, cela permet d’utiliser des moyens d’enquête extrêmement poussés. Les moyens anti-terroristes permettent une surveillance, des mesures répressives et une intrusion dans la vie privée quasiment totales.
Ne pas qualifier de terroriste une attaque armée raciste est un choix politique. Présenter le tireur comme un simple retraité cheminot isolé en est un autre.
Veut-on que l’enquête soit menée à minima ? L’État français préfère-t-il ne pas découvrir trop de choses sur cet attentat, ses réseaux et ses commanditaires ? Pour protéger qui ? Qui sont les terroristes ?
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