Voler aux pauvres pour donner aux flics ?


15 milliards pour la police : transfert de fonds massif de l’État social vers l’État pénal


Octobre 2022, l’ultra-libéral journal d’opinion Les Échos s’enthousiasme. 13 milliards d’euros, c’est la nouvelle prévision de l’excédent de l’assurance-chômage prévu par l’Unédic d’ici à 2024. « Désormais en vitesse de croisière » selon le quotidien, la réforme de 2019 portée par Muriel Penicaud, alors Ministre du Travail, permet à l’État de faire des économies de plusieurs milliards sur le dos des plus précaires. De nouvelles règles de calcul des indemnisations avaient exclu des dizaines de milliers de personnes privées d’emploi de l’assurance-chômage.

Novembre 2022 : Olivier Dussopt, Ministre du Travail, ancien cadre du parti socialiste, aujourd’hui macroniste radicalisé, s’apprête à présenter une énième réforme de l’assurance-chômage. Celle-ci prévoit de raboter de 25% la période d’indemnisation d’un chômeur à partir du 1er février 2023. Il s’agit d’un vol du quart de nos cotisations produites par notre travail. Pour déguiser ce détournement de fond massif, l’amputation ne se ferait qu’en « période verte », c’est à dire avec un taux de chômeurs inférieur ou égal à 9%. Mais qui calcule ce chiffre ? Il n’aura échappé à personne, à part les habituels chiens de garde, que le calcul du taux de la population au chômage dépend d’organismes gouvernementaux. Ces organes sont à la solde du pouvoir en place. Les chiffres peuvent être largement manipulés en fonction d’opportunités politiques. La nouvelle réforme, ou plutôt ce nouvel enfumage, va rapporter 4,4 milliards d’euros supplémentaires par an à l’État.

Dans le même temps, une vague de mesures sécuritaires baptisées LOPMI pour loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur sont débattues à l’Assemblée Nationale depuis le 14 novembre. Le texte propose d’augmenter de 15 milliards d’euros le budget de la police. 15 milliards : l’équivalent de dizaines de CHU neufs, plus que le prétendu déficit des retraites, largement de quoi financer la lutte contre le réchauffement climatique. Et tout ça pour des flics déjà suréquipés. Encore une augmentation faramineuse qui servirait à doubler la présence des forces de l’ordre sur le terrain d’ici 2030, réouvrir des sous-préfectures, créer 200 nouvelles brigades de gendarmerie et des équipes de surveillance cybernétiques, généraliser les amendes délictuelles, aider les communes à déployer les systèmes de vidéo-surveillance, ouvrir des classes de « reconquête républicaine » dans les quartiers populaires… et ce texte est présenté seulement quelques semaines après de nouvelles commandes de munitions et la livraison de véhicules blindés flambants neufs.

Les restrictions budgétaires et les économies ne concernent pas les forces armées. L’appareil policier ne connaît pas la crise. Au contraire, avec l’argent dégagé par les attaques successives contre les chômeurs, le gouvernement peut aisément financer ses délires sécuritaires et cajoler ses flics. La répression de la population a un coût et elle se fera aux frais de ceux et celles amenées à la subir. La belle affaire. Ce n’est pas la sobriété, c’est une transition de l’État social vers l’État pénal.

Casse de l’hôpital public, diminution des budgets dans l’éducation et dans les universités, offensive contre l’assurance-chômage… Le système macroniste, c’est ça ! Un transfert d’argent massif et organisé du public vers le privé et la milice du Capital. Le gouvernement fait littéralement les poches des plus pauvres pour s’assurer les moyens de réprimer sa population, tout en faisant d’éternels cadeaux aux riches. Un régime autoritaire et policier au service des patrons. Une mafia d’État : des Robin des bois inversés.

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