Paris : pourquoi la police a-t-elle fait sauter un dispositif de surveillance ?


Un IMSI Catcher près du Centre Démocratique Kurde de Paris détruit par les démineurs


Les photos de l'IMSI Catcher avant sa destruction par la police

L’affaire de l’IMSI Catcher, pour le moins gênante, a été révélée presque par erreur par Amaury Bucco, “journaliste” sur la chaîne d’extrême droite Cnews. Il est en réalité un porte-parole officieux des policiers sur cette chaîne. Amaury Bucco diffuse sur internet le 30 décembre, veille du réveillon, un “scoop” : «Vers 20h30, dans le 10e arrondissement de Paris (proche porte de Saint Denis), un véhicule a été contrôlé» et il contenait «plusieurs téléphones et d’une installation comprenant des antennes blanches. Une caisse a été trouvée dans le coffre avec un dispositif pouvant faire penser à une bombe. Les services de déminage ont été diligentés sur place».

Le contenu du véhicule est donc vite pulvérisé par les démineurs. Et Amaury Bucco diffuse les photos du dispositif : des antennes, une mallette, des fils. Il ne s’agit clairement pas d’une «bombe», mais d’un IMSI Catcher, un appareil qui permet d’espionner et d’intercepter les communications. L’IMSI Catcher joue le rôle d’une petite antenne relai portative, et aspire les données des téléphones qui passent à proximité. C’est un outil utilisé par les services de renseignement, les espions, les barbouzes…

Quel a été le premier réflexe des policiers ? Détruire cet objet, en prétendant qu’il ressemble à «une bombe». Ce qui n’est évidemment pas le cas. Soit la police française est incroyablement débile, soit elle a cherché à faire disparaître rapidement une pièce à conviction. Les deux n’étant pas incompatibles. Encore plus troublant, la voiture se situait à quelques dizaines de mètres seulement du Centre Démocratique Kurde, visé la semaine dernière par un attentat. Un IMSI Catcher sur les lieux d’une attaque raciste. Une affaire vite enterrée par les autorités qui n’ont même pas saisi la justice anti-terroriste et ont déresponsabilisé le tireur, le décrivant comme un fou…

Pourquoi avoir détruit ce matériel d’espionnage si rapidement ? Y-a-t-il un lien avec l’attaque qui a tué trois kurdes ? Pour cacher quoi ? Qu’un service secret ou qu’un pays étranger surveille les kurdes ? Qu’une puissance “amie” de la France mène des écoutes illégales ? À moins qu’il ne s’agisse de services français ? Ou d’un groupe privé ?

Ne pas enquêter sur cet outil d’espionnage une semaine après l’attentat contre les kurdes est troublant. Autre sujet d’interrogation : comment la chaîne d’extrême droite CNews a accès en temps réel aux images internes aux services de police ? Ce n’est pas la première fois que ce «journaliste» obtient des informations exclusives, l’identité de personnes arrêtées et des extraits d’enquêtes. Curieuse porosité.

Dans le journal Le Parisien, un policier explique à propos de cette affaire «Il n’y avait rien de dangereux dans cette mallette, c’est une simple levée de doute». «J’ai entendu un grand boum et un policier qui gardait le carrefour m’a dit qu’il allait bientôt rouvrir la circulation» explique une passante au même journal. Circulez, y’a rien à voir.

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