Le mobile raciste n’est pas retenu pour le retraité d’extrême droite qui a tiré sur une ado maghrébine de son immeuble

Les faits ont eu lieu lundi 26 décembre au soir, à Évry, en banlieue parisienne. Un homme de 61 ans a ouvert le feu sur une jeune fille de 13 ans qui rentrait chez elle. C’était trois jours seulement après l’attentat raciste commis à Paris contre la communauté Kurde.
Ce soir là, un retraité de 61 ans était sorti de son appartement avec un revolver de calibre 22 Long Rifle et avait tiré plusieurs fois sur l’adolescente, qui a eu le réflexe de courir à toute vitesse dans l’escalier, alors qu’elle était visée. Elle a été blessée à la hanche par une balle, mais ses jours ne sont pas en danger. C’est une miraculée.
Premier motif d’étonnement, le forcené armé a été arrêté tout en douceur. Le RAID a négocié «pendant plusieurs heures» avec cet individu qui avait pourtant déjà tiré, avant d’être interpelé.
Deuxième élément surprenant, le silence médiatique autour de cette affaire. Alors que les chaînes d’info se précipitent sur le moindre fait divers, ce retraité qui tire sur une ado n’a pas monopolisé les plateaux, il n’a pas été question «d’insécurité» ni «d’ensauvagement».
Troisième motif d’incompréhension, plus grave, le tireur, qui s’appelle Tonny F., n’est pas poursuivi pour un acte raciste. Le procureur chargé de l’affaire n’a pas retenu cette circonstance aggravante, pourtant essentielle. Car Tonny F. a affirmé aux policiers qu’il voulait rendre hommage «à M. William Mallet», qui a assassiné par balles trois militants kurdes.
Le journal Le Monde révèle même que les services de renseignement ont relevé des «propos tenus sur une »voisine bougnoule » à laquelle il voulait s’en prendre» et que le retraité dénonçait son quartier comme étant «progressivement transformée en « califat »» et le gouvernement, «accusé de « sublimer l’africanisation de l’Union européenne »». Toujours selon Le Monde, le retraité avait une réputation de «xénophobe» auprès de ses voisins.
Nous avons donc un homme connu pour son racisme, armé, qui tire sur une adolescente maghrébine et revendique son acte, mais la justice ne retient pas le racisme comme mobile des tirs. «Nous n’avons pas pour habitude de cumuler les circonstances aggravantes», se justifie le parquet. Ah bon ? Pourtant, lorsqu’il s’agit de poursuivre des manifestant-es ou les populations marginalisées, les procureurs n’hésitent pas à charger au maximum les qualifications.
Le port d’un Gilet Jaune se transforme en «attroupement armé en vue de commettre des violences en réunion». Le moindre tag se transforme en «dégradation volontaire en réunion». Mais pas pour cette affaire, gravissime, dont les motifs sont très clairs. Le procureur a même volé au secours du tireur : selon le magistrat, le retraité «dit avoir fait feu sur la première personne qui est entrée dans le hall de son immeuble. Il se trouve que c’était une adolescente d’origine nord-africaine». En fait, Tonny F. aurait presque tiré par erreur, à en croire ce procureur…
Quelques jours plus tôt, les autorités insinuaient que l’auteur de l’attaque contre les Kurdes était un «déséquilibré» qui n’était «pas fiché», alors qu’il avait déjà attaqué des exilés à coups de sabre ! En France, les institutions pénales sont profondément imprégnées par l’extrême droite. Et les racistes bénéficient d’une impunité déroutante.
Si un attentat contre des Kurdes n’est pas considéré comme raciste, si les tirs commis à Evry ne le sont pas non plus, alors que faut-il pour qu’un acte soit qualifié de raciste ? Veulent-ils minimiser les statistiques sur l’augmentation de la violence d’extrême droite en France ?
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