Sur cette photo, on pourrait croire qu’une bande de copains prend la pose, heureux d’être ensemble. Sauf qu’il s’agit de communication politique : des gendarmes mobiles, en tenue de maintien de l’ordre, qui entourent un député et lui mettent même gentiment la main sur l’épaule. L’élu est Antoine Villedieu, député du Rassemblement National. Le contexte, c’est Paris, le soir du 16 mars : après le 49-3 de Macron, les forces de l’ordre venaient de réprimer la colère légitime en arrêtant des centaines de personnes.
«Cette nuit je me suis rendu à la rencontre des Gendarmes et Policiers rue des Capucines. 240 interpellations d’individus d’ultra gauche qui brûlaient et cassaient tout sur leur passage. Bravo aux CI [compagnies d’intervention, très violentes] et gendarmes» a tweeté le député d’extrême droite avec cette photo. L’extrême droite sera toujours du côté de l’ordre et de la répression, et contre les mobilisations populaires. Le fascisme a toujours été le bras armé du pouvoir capitaliste, et le démontre ici encore.
Antoine Villedieu était un ancien champion de MMA – arts martiaux mixtes –, avant de devenir policier en Seine-Saint-Denis. Dans les brigades du 93, réputées pour leur brutalité envers les habitant-es des quartiers, il devient porte-parole d’un petit syndicat policier : la FPIP. La Fédération Professionnelle Indépendante de Police, un syndicat à droite de l’extrême droite, encore plus radical qu’Alliance, et jadis proche du néo-nazisme.
Dans les années 1980, plusieurs cadres du FPIP ont commis des attentats à Nice et Paris, d’autres ont profané des tombes juives à Carpentras en 1990, avant que le syndicat ne se rapproche du Front National dans les années 1990.
Villedieu est muté comme policier à Besançon et va fréquenter les identitaires de Franche-Comté. Il lance sa carrière politique comme conseiller municipal de Vesoul sur la liste de droite du maire sortant Alain Chrétien. Proche de l’extrême droite, il est propulsé par le RN lors des législatives de 2022, et élu député de Haute-Saône, face à une macroniste.
Un élu RN et des agents qui ricanent sur les arrestations massives, le soir même du coup de force de Macron. Voilà, l’alliance incarnée entre le fascisme, le capital et la violence d’État.