Darmanin prépare un régime de terreur


Dissolutions, cellule anti-ZAD, «terrorisme intellectuel» : Darmanin, l’escalade sans fin


Gérald Darmanin en Une du JDD : "Je refuse de céder au terrorisme intellectuel"

Des milliers d’interpellations et de blessé-es. Des images de tabassages en règle, des enregistrements d’insultes racistes, des cortèges syndicaux noyées dans les gaz lacrymogènes. Des accusations d’agressions sexuelles commises par la police. À Sainte-Soline, 5000 grenades tirées en 1h30 sur une foule en rase campagne, 200 blessé-es, 40 gravement, et deux personnes dans le coma. Des mensonges éhontés du Ministre de l’Intérieur, démontrés par des vidéos, des enregistrements et des témoignages. Et tout cela, en moins de deux semaines, en France, contre un mouvement social ! Un bilan unique dans le monde occidental. Ce dimanche, Gérald Darmanin donne une interview fleuve au Journal du Dimanche, organe officiel du Macronisme. Et il choisit l’escalade sans fin vers la dictature. Résumé :

Terrorisme

«Je refuse de céder au terrorisme intellectuel de l’extrême gauche» commence le ministre. Invité à préciser sa pensée ce matin sur Cnews, il explique que la «terreur intellectuelle, c’est désarmer la police, dire qu’elle tue». Voilà : toute mise en cause, même timide, de la répression militarisée, est assimilable à du terrorisme. Et que fait-on des «terroristes» ? On les tue, on les neutralise.

Répression

Darmanin n’a pas un seul mot pour le syndicaliste cheminot éborgné par une grenade, ni pour l’enseignante avec un doigt arraché par un tir policier, ni évidemment pour Serge, encore dans le coma après avoir reçu une grenade explosive. Il assume tout : «quand la police utilise la force légitime, ça peut évidemment être musclé». Et justifie : «1093 policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers blessés». Jusqu’à présent, les blessés les plus graves annoncés côté police étant des entorses, des «traumatismes sonores» et des hématomes. Qu’en est-il des autres ?

BRAV

La dissolution de cette unité para-militaire qui sème la terreur dans les rues parisiennes est réclamée par 240.000 personnes qui ont signé une pétition officielle sur le site de l’Assemblée Nationale. Réponse de Darmanin : «c’est une pétition politisée relayée par la France Insoumise qui déteste la police». Bref, autant pisser dans un violon.

Sainte-Soline

«Mon devoir est de protéger ceux qui nous protègent. Je prends des coups pour eux» assène le ministre dans le JDD. Esprit de clan. «À Sainte-Soline, les gendarmes ont protégé l’outil des agriculteurs et ont empêché la constitution d’une ZAD. Nous ne voulions pas d’un nouveau Notre-Dame-des-Landes» ajoute-t-il sur Cnews. Darmanin sait parfaitement qu’aucune ZAD ne comptait s’installer dans un trou en terre battue totalement inhospitalier et loin de tout. À travers le mot ZAD, il utilise un épouvantail pour justifier l’écrasement sanguinaire de toutes les luttes écologistes.

Cellule anti-ZAD

«Les hommes politiques ont manqué de fermeté face à l’extrême gauche, mais c’est fini. Plus aucune ZAD ne s’installera dans notre pays. Ni à Sainte-Soline, ni ailleurs. Nous créerons au ministère de l’Intérieur une cellule anti-ZAD avec des juristes spécialisés». Ici encore, il ne s’agit pas de lutter contre les ZAD, mais de créer un nouvel outil contre toutes les actions écologistes, qu’il s’agisse d’occupations, de manifestations, de désarmement… Cette structure complétera la cellule Demeter, créée au sein de la gendarmerie pour lutter spécifiquement contre les luttes écolos. Ce gouvernement est le plus violemment anti-écologiste qui ait été au pouvoir en France.

Dissolutions

Alors que la dissolution du mouvement des «Soulèvements de la Terre» est enclenchée, d’autres cibles sont annoncées : «nous avons identifié à Rennes un mouvement nommé Defco qui appelle au soulèvement. Nous allons lancer sa dissolution». La Défense Collective prodigue des conseils juridiques et pratiques pour faire face à la répression à Rennes. Elle est visée, après d’autres médias, structures et associations s’opposant au monde tel qu’il est. Alors que la procédure de dissolution est une mesure d’exception attentatoire aux libertés, prévue pour des contextes très particuliers, le pouvoir macroniste n’en a jamais utilisé autant. D’autres suivront.

Fichés S

Il y aurait «2200 fichés S d’ultra-gauche», «c’est une nébuleuse extrêmement violente et dangereuse» dit Darmanin, composée de gens qui veulent «renverser la démocratie» et qui «ont leurs entrées à l’Assemblée Nationale». Rappelons qu’il suffit de perturber un événement avec le collectif Extinction Rebellion pour être fiché S.

Gauche

Darmanin ne se limite pas à «l’ultra-gauche» : Mélenchon est décrit comme un adepte de la «terreur» et de Robespierre, «il a un projet : la révolution». Le ministre ajoute que LFI est «sur la pente de l’ultra-gauche des années 1970». Il assimile donc un grand parti social-démocrate qui a fait 20% aux dernières élections aux groupes armés léninistes des années de plomb. Aussi grotesque qu’inquiétant. Demain, dissolution de tous les partis d’opposition, assimilés à du «terrorisme» ?

Alliance avec l’extrême droite

Interrogé sur le RN, Darmanin répond : «en affirmant l’autorité comme le fait le président, en faisant preuve de fermeté, en soutenant les forces de l’ordre, nous montrons que l’alternative à l’extrême gauchisme n’est pas Mme Le Pen. Nous apportons une réponse concrète à la demande d’autorité des français». Bref, en appliquant une politique d’extrême droite, le Macronisme prétend concurrencer l’extrême droite. Darmanin ajoute : «Les LR doivent devenir nos partenaires».


À travers cette interview, le pouvoir en place confirme ce qu’il est : le Parti de l’Ordre. C’est-à-dire la force politique qui a toujours écrasé les révoltes et fait régner une terreur bourgeoise contre les exploité-es de ce pays, depuis Adolphe Thiers jusqu’à Pétain. C’est bien dans cette filiation que s’inscrit le macronisme : une forme de néo-pétainisme ubérisé.


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