Nantes, 6 avril : nouvelle déferlante de colère


Pour cette 11ème journée de mobilisation contre Macron, le 49-3 et la casse des retraites, la détermination ne retombe pas à Nantes. Au contraire.


Après les blocages économiques et plusieurs lycées mobilisés dès l’aube, des dizaines de milliers de personnes se retrouvent pour le traditionnel rendez-vous au miroir d’eau. La foule met du temps à s’agréger, mais nous sommes à nouveau 50.000 en colère dans les rue de Nantes. Le mouvement ne s’essouffle pas, il s’approfondit. Il y a d’ailleurs de plus en plus de jeunes, et un cortège de tête qui semble chaque fois plus massif. Les rangs des personnes prêtes à résister dans la rue sont plus fournis. Malgré le temps gris, il y a aussi beaucoup de joie : une batucada rose, la zbeulinette qui propose de quoi se restaurer, une fanfare et même un bassiste. Bonne ambiance.

Cour des 50 Otages, la police est tenue en respect. Cette fois-ci, toute la largeur de l’avenue est occupée, pour empêcher le dispositif de suivre les flancs du cortège. Une compagnie finit par s’éloigner Place du Cirque. Premières lacrymogènes. Première tentative de couper le cortège. Les composantes du mouvement font bloc. La CRS8 tire sans sommation au LBD, et blesse notamment un militant CGT qui avait le tort de passer dans la ligne de mire.

Une barricade est allumée à la croisée des trams, pour la pause désormais habituelle de mi-parcours. Le commissariat, dont la façade est déjà largement colorée, prend encore un peu de peinture. Il y a toujours beaucoup de tags, les murs deviennent des livres racontant la révolte. Sur le parcours, il n’y a quasiment plus une vitrine d’enseigne capitaliste encore intacte. Un canapé est promené dans la manifestation, un tracteur arbore une écharpe du FC Nantes et des pancartes anticapitalistes en colère.

Nouveaux gaz à Gloriette, plusieurs barricades allumées. Le cortège hésite, fait mouvement vers le centre avant de s’engager sur le quai de la Fosse. Après une course pour remonter vers les beaux quartiers, repoussée par les gendarmes, d’importants affrontements ont lieu. La ligne de tram est dépavée, les forces de l’ordre doivent reculer. Plusieurs grenades explosives sont tirées.

La police finit par scinder le cortège, repoussant à grand coup de gaz l’avant sur le pont Anne de Bretagne, au-dessus de la Loire, et l’arrière vers le centre ville. Des grenades sont tirées sur le pont, puis un gros dispositif pousse et charge la foule au dessus du fleuve. Une manœuvre dangereuse. Un syndicaliste se retrouve sur le parapet. Une femme gît au sol, inconsciente après le passage des CRS. Plusieurs personnes sont arrêtées. L’Assemblée Générale qui était prévue sous les nefs de l’île de Nantes ne peut avoir lieu.

Pas question d’en rester là. Plusieurs cortèges spontanés et en colère vont déambuler, bloquer les rues, allumer des feux, et se rendre insaisissables, à la fois sur l’île de Nantes et dans le centre-ville. L’agitation va durer jusqu’à 17h.

Des mineurs ont subi des violences policières, dont un tir dans la nuque, et plusieurs sont arrêtés. Le mouvement est à une étape charnière. En plus des défilés dans la ville, amplifions les actions moins prévisibles de blocage économique.


Photos : James C., Estelle Ruiz, Julien Bakounine


Notre vidéo de la manifestation :

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