À la tête de la France, un gouvernement autoritaire proche de l’extrême droite, selon un grand journal allemand
«Aussi agressif que Le Pen». C’est le titre choisi par le grand hebdomadaire allemand Die Zeit, qui tire à 500.000 exemplaires par numéro, dans un portrait du ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin. Die Zeit est un journal modéré et libéral. Il dresse une description de la France aussi réaliste que cauchemardesque.
Darmanin y est décrit comme l’architecte de l’escalade violente du gouvernement, et un ministre aussi à droite que Le Pen. Di Zeit écrit : «Macron n’est apparemment pas gêné par le fait que Darmanin ressemble désormais de plus en plus au Rassemblement national d’extrême droite».
Le journal explique : «Le ministre français de l’Intérieur est responsable d’opérations policières agressives lors de manifestations. L’objectif de Gérald Darmanin : monter à l’Élysée en intransigeant […] Combien y aura-t-il encore de policiers et de manifestants blessés aujourd’hui ? C’est une question courante en France lors des nombreuses journées de protestation» avant de dresser le bilan de la répression en France, avec ses mutilations et ses arrestations de masse, difficilement imaginables en Allemagne.
Die Zeit rappelle à ses lecteurs que la police française utilise «des grenades, des balles en caoutchouc et des gaz», et que des gendarmes ont tiré sur des écologistes depuis des quads. Surréaliste vu d’Allemagne.
Die Zeit fait ce constat accablant : «désormais plus de la moitié des Français déclarent avoir peur des violences physiques lorsqu’ils sortent manifester» et ajoute : «un homme est responsable de cette escalade : le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin», qualifié d’homme «le plus radical d’Emmanuel Macron» qui n’a «qu’un objectif : succéder au président.»
«Les militants écologistes sont qualifiés de ”terroristes” et les manifestants contre les réformes des retraites sont qualifiés de ”foule violente”», des lois anti-réfugiées sont programmées et la gauche traitée de «terroriste intellectuel». Une escalade verbale et répressive qui choque même au sein de la droite conservatrice. «En revanche, Darmanin ne dénonce pas Marine Le Pen» rappelle Die Zeit : «C’est elle, la nationaliste française qui a tant gagné en force lors de la récente élection présidentielle, qu’il a un jour qualifiée de “trop molle”.»
Die Zeit conclut : «l’extrême droite est la seule gagnante de la situation politique agressive en France.»
Le journal allemand n’est pas le seul à constater que la France ressemble à un régime autoritaire d’extrême droite. La commissaire européenne aux droits de l’homme, Dunja Mijatović, a dénoncé la répression en France, un commissaire indépendant aux droits de l’homme auprès de l’ONU a appelé la police française à respecter leurs «règles déontologiques», la Maison Blanche a elle-même fait part de sa préoccupation. Et des ONG comme Amnesty International dénoncent régulièrement la militarisation et la brutalisation de la police française. Die Zeit rapporte d’ailleurs les menaces de Darmanin contre la Ligue des Droits de l’Homme, organisation «plus que centenaire et reconnue pour les droits fondamentaux».
Il y a deux ans, Die Zeit qualifiait la France de Macron «d’Absurdistan autoritaire» à propos de la gestion délirante du Covid : «La gestion sanitaire de Macron est presque monarchique. Les décisions majeures concernant un confinement ou un couvre-feu sont prises dans un ‘conseil de défense’.»
En 2021, le journal allemand Handelsblatt, un quotidien «économique» de centre-droit, estimait que le gouvernement Macron avait choisi de régner à l’extrême droite, décrivait la radicalisation de la police et s’alarmait de la situation française : «L’Allemagne doit désormais s’inquiéter […] Les Européens négligent l’orage qui menace la pointe ouest du continent : les extrémistes de droite sont plus près que jamais de prendre le pouvoir en France […] la situation politique de la France ressemble plus à la République de Weimar finissante qu’à la France moderne que l’on connaissait. Macron aurait pu, dans ce chaos, être la voix de la Raison. Aujourd’hui, rien ne suggère qu’il souhaite l’être. Demain, il sera peut-être trop tard.»