Scandale écologique près de Nantes : 1700 litres de pesticides déversés dans la Sèvre

Une anguille morte flotte dans les eaux de la Sèvre

Le 21 avril, un agriculteur au volant d’un tracteur auquel était arrimé une cuve pleine de pesticides l’a renversé en prenant un simple rond-point. Les 1700 litres de pesticides que contenait la citerne se sont ainsi déversés sur la voie, rejoignant rapidement le caniveau, tout droit vers le ruisseau du Ligneau, qui rejoint directement la sèvre nantaise, malgré l’intervention des pompiers démunis face à une telle situation de contamination aux produits chimiques.

Dès le 22 avril, le maire de Getigné émet un arrêté municipal interdisant la pêche dans la commune mais également dans les huit autres avoisinantes, traversées par la Sèvre nantaise. Quelques heures seulement après l’accident des dizaines de poissons morts remontent à la surface. Près de 200 à 300 kg de poissons morts sont ainsi retrouvés, dont des anguilles, espèces en voie de disparition. Des anguilles qui vivent pourtant dans les profondeurs de l’eau, ce qui donne une idée de la gravité de la contamination du cours d’eau. Ignorant l’interdiction, un jeune garçon étant allé pêcher le dimanche, a souffert d’une éruption cutanée qui l’a conduit au centre anti-poison, révèle Ouest France.

En juillet 2020, un camion citerne transportant 36.000 litres d’hydrocarbure s’était déjà renversé au sud de Nantes, déversant son contenu dans le ruisseau de l’Orcerie aux Sorinières. Les espèce vivantes ont été décimées et la commune avait pris un arrêté qui interdisait l’usage de l’eau provenant du ruisseau.

Une information gravissime largement invisibilisée dans les médias. Aucune information n’est transmise non plus sur la contamination de l’eau et les risques sanitaires qu’elle fait peser sur la santé de la population locale. Le préfet de Loire-Atlantique n’a prononcé qu’un arrêté pour interdire la pêche sur une partie de la sèvre nantaise, et ce jusqu’au 3 mai… dans un déni généralisé des conséquences gravissime des pesticides sur l’eau, la flore, la faune et l’ensemble du vivant !

Joseph Braud, président de la société de pêche, exprime son inquiétude : «on ne connaît pas véritablement la potentielle toxicité de ce produit». L’agriculteur lui-même l’ignore, ce qui ne l’empêche pas de le déverser sur ses champs de blé sans aucune considération pour les êtres vivants qui le consommeront, mais également pour toute la biodiversité environnante et les nappes phréatiques que ces produits mortels contaminent continuellement.

Le fait de déverser dans l’eau des «substances dont l’action ou les réactions entraînent des effets nuisibles graves et durables sur la santé, la flore, la faune (…) ou des modifications graves du régime normal d’alimentation en eau» constitue l’infraction d’écocide et est puni de cinq ans d’emprisonnement et d’un million d’euros d’amende (article L232-1 code de l’environnement). Mais pour que cette infraction soit reconnue elle doit prouver son caractère intentionnel… une limite a l’application de cette loi pour les agriculteur-ices utilisateur-ices de pesticides et les fabriquant-es de ces produits mortifères.

Un rapport de l’ANSES révélait cette année la contamination de l’eau à grande échelle par les métabolites du chlorothalonil (R471811), un pesticide cancérogène utilisé depuis 1970 et dont l’utilisation s’est vue interdite en 2019 en Europe. 34% de toute l’eau du robinet en France est concernée. En Loire-Atlantique, «90% de la population desservie reçoit une eau dont la teneur en R471811 est deux à six fois au-dessus de la norme de qualité» !

L’utilisation de pesticides devrait être considérée comme un crime, quelque soit l’ignorance des personnes inconscientes qui continuent de l’utiliser malgré les recherches scientifiques prouvant leur dangerosité .

Deux plaintes ont récemment été déposées par la mairie de Gétigné et l’association de pêche l’Union des deux rives. L’Office français de la biodiversité a été appelé pour procéder à des analyses.

L’urgence est là.

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5 réflexions au sujet de « Scandale écologique près de Nantes : 1700 litres de pesticides déversés dans la Sèvre »

  1. Ces gens ne sont pas des « cultivateurs  » mais des épandeurs de produits toxiques engraissent volontairement les actionnaires du lobby de la chimie.
    Ils détruisent et empoisonnent volontairement nos terres,nos sols !!!
    En tout cas les plus c… de l’histoire sont les abrutis qui achètent des fruits, légumes et céréales empoisonnés !!!
    C’est d’ailleurs eux qui ont par le choix de leurs consommations, ont choisi ce système !

    1. Intentionnel ou pas , cet agriculteur doit être sévèrement punit!!!!
      Et doit payer tous les dégâts !!!!
      C est une honte

  2. De véritables criminels ces « agriculteurs « drogués dépendants accrocs aux phytosanitaires de Monsanto bayer et Cie…
    Bravo à la mairie de getigne pr sa plainte il faut de solides avocats et obtenir une condamnation lourde et des millions d’euros pour réparer partiellement ces immenses dégâts à l environnement

  3. Si on arrêtait enfin lusage des pesticides, ceci ne pourrait jamais arriver ! Les pesticides tuent la vie, la nature, l’Homme, quand tourneront nous enfin la page ?!

  4. Même non intentionnel pour ce qui est de l’ accident, est ce que les conséquences ne pourraient pas s’ appeler  » écoterrorisme  » ? Est-ce que l’agriculteur avait conscience de transporter une telle bombe meurtrière pour la biodiversité? Un pas de plus vers le déni…

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