Jeux Olympiques : le gouvernement veut déporter en masse les personnes sans abris loin de Paris


Le gouvernement souhaite «débarrasser» la capitale de ses populations les plus précaires en les envoyant dans des «sas régionaux», afin de privilégier la clientèle riche des Jeux Olympiques.


Depuis le mois de mars, les préfets sont sollicités par le gouvernement pour créer des «sas d’accueil temporaires régionaux» afin de «désengorger les centres d’hébergements» d’Île-de-France. En clair, éloigner les sans-abris de la capitale. Comme si le nombre d’hébergements d’urgence était suffisant dans le reste de la France… Combien de personnes, à Nantes ou ailleurs, passent déjà leur journée en attente sur la ligne téléphonique du 115 dans l’espoir de trouver un toit pour la nuit ?

En Île-de-France, ce sont 55.845 personnes en moyenne qui sont hébergées à l’hôtel via le 115. Et qui vivent dans la peur constante de voir leur hébergement prendre fin du jour au lendemain. En France, 330.000 personnes se trouvent sans domicile en 2023. Une augmentation de 130% depuis 2012 selon la fondation Abbé Pierre.

En plus du manque évident de places d’hébergement d’urgence et des conditions indignes dans lesquelles se trouvent, partout en France, des milliers de personnes sans abris, ces procédures rappellent tristement des techniques de déportations et de nettoyage social.

En prévision de l’afflux de touristes venu-es du monde entier pour les jeux Olympiques durant l’été 2024, le gouvernement se prépare à mettre fin aux partenariats de nombreux hôtels comme hébergements d’urgence. En effet, des conventions avait été signées entre des établissements hôteliers et l’État pour accueillir des familles mises à l’abri par le 115, pendant la période du Covid. Des conventions qui ont également permis à des nombreux-ses hôtelier-es de maintenir leur activité grâce aux aides financières de l’État.

Maintenant que le tourisme a repris, les places d’hébergement d’urgences disparaissent dans les hôtels. 5000 chambres destinées à l’hébergement d’urgence ont ainsi été perdues note la députée Maud Gatel. Et à défaut de structures d’accueil pérennes et dignes, des milliers de personnes se retrouvent chaque jour à la rue.

Environ 15 millions de touristes sont attendu-es pour les Jeux Olympiques 2024, un événement dont on sait déjà qu’il est une aberration tant sociale qu’écologique. Mais toujours plus loin dans le mépris des droits humains, le gouvernement veut déplacer de force 500 personnes par mois en région, en évacuant campements, squats et hôtels sociaux. Des milliers de personnes, déjà en situation de grande précarité et d’isolement, vont ainsi être contraintes d’être déplacées, sans leur consentement. Rappelons tout de même que la liberté de circulation est un droit fondamental garanti par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, dont la France est signataire…

Aucun moyen n’est mis par l’État pour l’accueil digne et décent des personnes sans domicile. Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, rappelle qu’il «s’agit de mettre des gens dans les bus» et de ne plus s’en occuper ensuite, «c’est de la dispersion, pas de l’accueil». Un programme de déportation massive déjà enclenché, qui coïncide avec le début de Jeux Olympiques à Paris. Ainsi, le squat Unibéton sur l’Île-Saint-Denis, à quelques pas du futur village Olympique, qui hébergeait plus de 400 personnes migrantes, a été expulsé le 26 avril dernier, avant que des personnels de la préfecture ne fassent monter ces personnes expulsées dans des bus vers Toulouse et l’Île-de-France, sans parfois même en informer les personnes concernées, qui se savent pas où elles vont être emmenées ! Selon les autorités, le dispositif prévoit cinquante places par région dans dix régions différentes. 500 places donc. Pour les 55.845 personnes à la rue en Île-de-France ?

Les grands événements sportifs sont toujours l’occasion pour les gouvernements autoritaires de pratiquer des politiques d’exclusion d’une violence extrême. Avant les Jeux Olympiques de 2016 à Rio, au Brésil, la police nettoie les rues. Les sans-abris disparaissent dans des camps à l’écart de la ville. Une favela qui empiète sur le futur parc olympique est entièrement rasée. 450 familles doivent quitter les lieux. Au total, plus de 25.000 familles sont déplacées vers les périphéries de la ville. Et les violences policières explosent.

Une vague d’assassinats de personnes sans domicile avait déjà lieu juste avant la Coupe du Monde de 2014 dans une volonté de «nettoyage social», comme le dénonçait le Centre National de Défense des Droits de l’Homme à l’époque.

Avant les Jeux Olympiques de Pékin, en 2008, les autorités chinoises avaient expulsé des quartiers historiques et populaires de la ville, avant de raser tous les logements au nom de «l’embellissement». Au total, plus d’un million de Pékinois-es auraient perdu leurs logements lors des travaux de rénovation de la ville.

Racisme, violence de classe et grand Spectacle sportif au service du capitalisme triomphant : les Jeux Olympiques de Paris s’annoncent comme un concentré du régime néolibéral autoritaire.


Sources :

https://www.nouvelobs.com/societe/20230523.OBS73691/bruz-besancon-le-transfert-de-sans-abri-de-paris-vers-plusieurs-villes-de-france-avant-les-jo-inquiete.html

https://www.bondyblog.fr/societe/a-un-an-des-jo-letat-envoie-des-migrants-dile-de-france-vers-des-sas-regionaux/

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