Assassinat, arrestations de masse et anti-terrorisme
Ces derniers jours, de nouvelles arrestations ont eu lieu à l’encontre des activistes qui s’opposent au projet de «Cop City» dans l’état de Géorgie, aux États-unis. Trois personnes ont été perquisitionnées et arrêtées par le SWAT, unité de police militarisée, pour avoir distribué des tracts où apparaissait le nom du policier qui a tué Manuel Terán, militant écologiste, en janvier 2023. Ils «encourent 20 ans d’emprisonnement» déclarent nos confrères de Lundi Matin.
Pour rappel, depuis 2021 une lutte s’est engagée à Atlanta contre le projet d’implantation d’un centre d’entraînement de la police que les opposant-e-s baptisent «Cop City», la ville des flics. Un projet qui détruira une importante partie de la South River Forest, «la plus grande forêt urbaine de la capitale de Georgie». Ce sont 34 hectares qui devraient être sacrifiés pour y installer ce centre policier gigantesque, un «complexe à 90 millions de dollars», soit 84 millions d’euros, et qui «abritera une mini-ville pour recréer des situations armées» explique Reporterre. Cette ville des flics servira de camp d’entraînement mais aussi de décor de cinéma. Une combinaison entre capitalisme, guerre, répression et Spectacle. Un concentré de ce que notre époque produit de pire.
Le 18 janvier, le jeune activiste environnemental Manuel Terán, surnommé «Tortuguita», a été lâchement assassiné par la police. Le rapport d’autopsie révèle que son corps a été criblé de 57 balles, selon Reporterre. La police affirmait au moment du meurtre qu’il aurait tiré en premier sur les forces de police. Théorie complètement réfutée par le rapport d’autopsie qui ne relève «aucun résidu de poudre sur les mains ou sur les vêtements de Paez Terán, qui levait les mains lorsqu’il a été tué». C’est une exécution sommaire, pure et simple.
Les militant-es anti-Cop city font face à une répression d’une extrême violence pour défendre le «poumon vert» d’Atlanta. 1000 membres de la garde nationale ont été mobilisés contre ces opposant-es. Selon Le Monde, plus de 40 personnes – dont un français – sont poursuivies pour des faits de «terrorisme intérieur», sous couvert d’une loi datant de 2006, promulguée par Georges W. Bush. Ils encourent entre 5 et 35 ans de prison explique Radio France. Les ONG de défense des droits s’indignent : «D’après les informations contenues dans les mandats d’arrêt, de nombreux individus accusés de terrorisme intérieur ne sont accusés que d’intrusion ou d’autres délits mineurs», dénonçant ainsi «une tactique d’intimidation».
Il faut dire que le projet est porté par d’importants lobbies, notamment «Atlanta Police Foundation (APF), un puissant acteur local qui compte à son conseil d’administration plusieurs dirigeants de prestigieuses entreprises : AT&T, UPS, JPMorgan ou encore Delta Air Lines». Comme bien souvent, pour justifier des violences et des meurtres policiers au service d’intérêts privés, la répression judiciaire et policière s’abat d’autant plus fermement sur celles et ceux qui les dénoncent.
Une répression extrême des militant-es écologistes qui traverse les frontières. Ces derniers jours, en France, une vague d’arrestation a sévit à l’encontre de militant-es écologistes, soupçonné-es d’avoir participé à l’action de désarmement de l’usine de ciment Lafarge. C’est partout dans le monde que les militant-es écologistes et anticapitalistes subissent une répression de plus en plus féroce. En 2021, on dénombrait 1733 personnes assassinées pour avoir lutté contre la déforestation et l’agro-industrie. Ce meurtre policier à Atlanta fait écho bien évidemment à celui de Rémi Fraisse, tué par un gendarme en 2014 alors qu’il militait contre le projet de barrage à Sivens. Et l’arsenal militaire et antiterroriste contre la lutte d’Atlanté rappelle les mots du gouvernement français qui parle d’éco-terrorisme.
Pour en savoir plus, suivez le compte Twitter du mouvement.
2 réflexions au sujet de « USA : acharnement répressif contre les opposant-es au projet «Cop City» à Atlanta »
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