Recrudescence d’attaques d’extrême droite en Bretagne. Si vous n’êtes pas antifasciste, vous êtes complice.
Dans la nuit du 14 au 15 juillet, des néo-nazis ont attaqué le mémorial de Ploeuc l’Hermitage, dans les Côtes-d’Armor, en Bretagne. Il est dédié près de la forêt de la Perche, où 55 résistants et résistantes ont été assassinées par les nazis et leurs collaborateurs en 1944. La date n’a pas été choisie au hasard : le 79ème anniversaire du massacre avait lieu le 14 juillet. Parmi les assassins, ont trouvait les collaborationnistes de la Bezen Perrot, une brigade nazie bretonne enrôlée dans la SS pendant la guerre. Ces tags antisémites s’inscrivent dans un contexte de recrudescence de l’activisme fasciste en Bretagne, territoire largement épargné jusque récemment :
- À Saint-Brieuc, non loin de Ploeuc l’Hermitage, le 1er juillet, des dizaines de néo-nazis cagoulés et armés avaient attaqué le festival pour une Bretagne solidaire. Du jamais vu dans cette ville.
- À Guingamp, fin juin, le local de la CGT a été recouvert de symboles fascistes. Ce n’était pas la première fois.
- À Rennes le 16 juin, une banderole fasciste et LGBTphobe était déployée sur une grue lors de la marche des fiertés.
- Le 13 juillet, à Brest, les façades du Parti communiste français et de la Maison du Peuple étaient vandalisées par des fascistes.
- Le 5 juin à Rennes, des colleurs d’affiches de La France insoumise étaient tabassés à coups de batte de baseball.
- À Saint-Brevin-les-Pins le 9 juin, l’extrême-droite a perturbé la prise de fonction de la nouvelle mairie. Elle a déjà déposé plusieurs plaintes suite à des intimidations fascistes, quelques semaines seulement après la démission du maire qui avait subi un attentat d’extrême-droite contre sa maison et des menaces. Impunité totale, et même complicité des autorités qui ont sciemment laissé les néo-nazis semer la terreur dans la commune, y compris en protéger leurs rassemblements racistes.
- Dans la nuit du 20 au 21 mai, un kebab, le local de la CGT et celui du Secours Populaire de Rostrenen était couverts de tags racistes et fascistes.
- Le 13 mai à Carnac, dans le Morbihan, une trentaine de fascistes empêchaient un concert dans une église.
- En janvier 2023, la municipalité de Callac dans les Côtes-d’Armor reculait face à la campagne de terreur de l’extrême-droite contre un centre d’accueil. Une adjointe avait reproché au maire d’avoir renoncé. En mai, c’est cette adjointe qui était démise de ses fonctions. L’extrême-droite violente, qui avait multiplié les attaques, menaces et alertes à la bombe, n’a jamais été inquiétée.
Et tout cela en quelques semaines seulement rien qu’en Bretagne. Revenons au mémorial de Ploeuc l’Hermitage. Parmi les tags réalisés sur les stèles, en plus des symboles nazis, une inscription «fuck afa», c’est à dire contre les antifas. Les nostalgiques d’Hitler qui ont profané ce mémorial ont parfaitement compris que l’antifascisme actuel était héritier de la Résistance. Contrairement au discours médiatique dominant, qui a transformé le mot «antifa» en quasi-insulte. Les médias transforment l’antifasciste en synonyme de radicalité, de danger, de violence et de marginalité. Une méthode insidieuse pour isoler les combats contre l’extrême-droite et dédiaboliser le fascisme.
Soyons clairs : en 2023, si vous n’êtes pas clairement antifasciste, si vous ne combattez pas l’extrême-droite, alors vous êtes complices. L’histoire jugera.