Israël : quand un ancien du Mossad dénonce l’apartheid


«Un territoire dans lequel deux peuples sont régis par deux systèmes juridiques séparés, c’est un état d’apartheid»


Ce ne sont pas les mots de collectifs anticolonialistes, mais ceux de Tamir Pardo, l’ancien chef du Mossad de 2011 à 2016. Le Mossad, c’est le puissant service de renseignement israélien. Tamir Pardo est donc un haut responsable de l’appareil de répression d’Israël.

Israël pratique un violent apartheid, c’est devenu incontestable. Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité intérieure et militant d’extrême droite, était interviewé par un journaliste arabe il y a quelques jours et affirmait : «je suis désolé Mohammed, mon droit, celui de ma femme et de mes enfants de circuler […] est plus important que le droit des Arabes à la liberté de circulation». La définition même de l’apartheid. Ben Gvir, qui vit dans une colonie volée à des palestiniens, avait aussi déclaré, entre autres choses, qu’il souhaitait «judaïser l’esplanade des mosquées» et insinue régulièrement ses souhaits de nettoyage ethnique.

Bezalel Smotrich, ministre des finances raciste et homophobe, estime qu’un promoteur immobilier ne doit pas avoir à vendre de maisons aux palestiniens. Il veut aussi séparer les arabes et les juifs dans les maternités – déclarant qu’il «est naturel que ma femme ne veuille pas s’allonger à côté de quelqu’un qui vient d’accoucher d’un bébé qui pourrait vouloir l’assassiner dans 20 ans». Apartheid revendiqué.

Des murs de séparation, des checkpoints armés pour contrôler les déplacements des palestiniens, des barbelés, des droits différents selon la nationalité, des villages rasés pour y construire des colonies remplaçant la population palestinienne qui y vivait, des meurtres, des maisons brûlées par des colons… Voilà la réalité quotidienne d’un régime d’apartheid qui sévit au Proche-Orient.

Pourtant en France, il suffit d’utiliser le mot «apartheid» à propos de la politique israélienne pour être accusé d’antisémitisme, voire réprimé par l’État. Le 4 mai, des députés de gauche proposaient une résolution à l’Assemblée pour dénoncer le gouvernement d’extrême droite en Israël, où figurait le terme d’apartheid. Le texte avait été rejeté et qualifié d’antisémite par la majorité.

Il y a quelques mois Aurore Bergé, porte-parole du gouvernement, appelait à «démanteler» l’ONG Amnesty International pour avoir parlé de l’apartheid en Israël. Peu après, plusieurs associations de soutien au peuple palestinien étaient visées par des procédures de dissolution. De même, la campagne BDS – Boycott Désinvestissement Sanction – qui consiste à ne pas acheter de produits israéliens ni soutenir de production culturelle de cet État ou de ses colonies était menacée par certains préfets.

À présent qu’un ancien du Mossad reconnaît l’évidence, les autorités françaises continueront-elles à s’enfermer dans le déni ? Dans le cas contraire, il faudra être cohérent : un État d’apartheid ça se combat et ça se boycotte, comme celui jadis d’Afrique du Sud.


Source : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/geopolitique/geopolitique-du-jeudi-07-septembre-2023-8660560

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