1936 : le général Franco organise un coup d’État contre la République espagnole. Il va renverser le gouvernement de gauche élu démocratiquement. En face, la résistance s’organise : les puissants syndicats anarchistes s’arment, protègent les villes des assauts franquistes. La militante communiste Dolores Ibárruri lance «No pasaran» : «les fascistes ne passeront pas». Lorsque les armées de Franco, aidées par Hitler et Mussolini finiront par prendre le pouvoir après avoir tué des centaines de milliers de personnes, elles crieront «¡Ya hemos pasado!», «Nous sommes passés !»
Ce slogan antifasciste, symbole de la révolution espagnole, s’est étendu au monde entier. «No Pasaran», c’est un cri repris dans tous les pays face à l’extrême droite.
Le 5 octobre, Macron a diffusé une vidéo d’une trentaine de secondes adressée aux chefs d’entreprise réunis à Paris pour l’événement Big 2023. Il s’est félicité des politiques néolibérales, vantant les «aventures entrepreneuriales» et «l’attractivité» de la France pour les capitalistes.
En rigolant, il conclut qu’il n’y aura pas de marche arrière : «On ne monte aucun impôt, on ne complique aucune procédure, on ne revient pas en arrière sur le droit du travail ¡ No pasarán !».
Macron est un pervers absolu. Après avoir voulu réhabiliter Pétain ou l’écrivain d’extrême droite Maurras, alors qu’il s’entoure de ministres et d’élus issus de l’extrême droite, qu’il réprime l’antifascisme et applique le programme du RN, il reprend le cri antifasciste des anarchistes et des communistes espagnols !
Plus grave, il inverse littéralement le sens de ce slogan. À qui s’adresse «No pasaran» ? Dans le contexte d’un discours patronal, il vise la gauche et les syndicats : ceux qui combattent les politiques néolibérales. Autrement dit, dans un exercice d’inversion absolue, il assimile les luttes sociales au fascisme, la gauche à l’extrême droite, et affirme à celles et ceux qui demandent le partage des richesses : «vous ne passerez pas».
Lorsque tous les repères ont été détruits, lorsque la confusion est totale, il devient impossible de penser, de résister, d’agir. C’est la stratégie du pouvoir.
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