Sport français : il vaut mieux commettre des agressions racistes que défendre Gaza

Bastien Chalureau est un rugbyman de 31 ans mesurant 2 mètres et pesant 120 kilos. C’est aussi une brute raciste. À Toulouse le 31 janvier 2019, le joueur avait agressé un SDF avant d’attaquer des joueurs de rugby racisés : Yannick Larguet et Nassim Arif. L’un d’eux raconte : «J’ai entendu une personne qui criait : “Ça va les bougnoules ?” Je me suis retourné et j’ai aperçu un gars costaud.» Sous une pluie d’insultes racistes, il reçoit un coup de poing envoyé «de toutes ses forces dans la mâchoire». Sonné, le joueur voit son ami roué de coups. Il raconte que l’agresseur «était hystérique, enragé». Il a même cogné ses propres amis qui tentaient de l’arrêter. Résultat : dents cassées, commotion cérébrale, une lèvre ouverte… Le rugbyman raciste sera condamné à une peine avec sursis. Le joueur Raphaël Poulain expliquait à l’époque que Chalureau est un récidiviste : «Ce n’est pas le premier fait d’arme. C’est l’homme en lui même qui est profondément raciste».

Il a pourtant été appelé à jouer dans l’équipe de France de rugby pour la coupe du monde qui a eu lieu à l’automne 2023. Les autorités sportives ont prétendu qu’elles ne pouvaient pas le sanctionner, malgré sa condamnation. Chalureau a fait appel, rejugé en novembre, il s’est confondu en justifications absurdes tout en reconnaissant qu’il n’avait jamais présenté ses excuses aux victimes. L’avocat des deux hommes agressé a rappelé : «Mes clients ont entendu des injures à caractère raciste et ensuite ils ont été agressés. Ce n’est pas une bagarre. C’est une agression gratuite». L’avocat général a réclamé une peine plus lourde qu’en première instance.

Émilie Gomis est une ancienne basketteuse de l’équipe de France, elle compte pas moins de 194 sélections à son actif. Elle est membre de la commission des athlètes du comité olympique français, en vue des JO 2024 de l’été prochain.

En octobre, la sportive a dénoncé le nettoyage ethnique à Gaza, en publiant un post contenant des cartes de la France en 1947, 1967 puis 2023 progressivement recouvertes par un drapeau israélien, et demandant quelle serait notre réaction dans une telle situation.

Un parallèle évident avec la disparition progressive du territoire palestinien, qui continue avec la plus grande violence actuellement, puisque les colons veulent vider Gaza de sa population pour y installer leurs colonies, et grignotent aussi la Cisjordanie en toute illégalité et en multipliant les meurtres. La basketteuse avait rapidement supprimé sa publication et s’était même excusée, mais cela n’a pas suffit.

Pour cette publication éphémère, Émilie Gomis est virée de son poste, sans avertissement ni possibilité d’appel. Un comité opaque juge qu’elle aurait porté une «atteinte avérée aux principes éthiques». Elle pourrait aussi être évincée de son rôle d’ambassadrice de la compétition.

Cette inquiétante affaire s’inscrit dans une chasse aux sorcières de grande envergure en France : censure de toute voix critique d’Israël dans les médias de masse, diffusion en flux continu des éléments de langage de l’armée coloniale, arrestations de syndicalistes pour «apologie du terrorisme», diffamations très violentes et systématiques contre la France Insoumise ou le NPA, dessin animé «Wardi» racontant la vie d’une fillette de Gaza retiré des projets scolaires par le rectorat de Paris, pressions au sein du monde de la recherche pour ne pas parler de la question palestinienne. Et pour couronner le tout : interdiction et répression de toute expression collective pour la Palestine.

En France, en 2023, il vaut mieux être néo-nazi, commettre des agressions racistes ou tenir des propos islamophobes en direct à la télévision que dénoncer des crimes contre l’humanité sur sa page Instagram. Les premiers sont même récompensés, les autres réprimés.


Les sanctions scandaleuses contre Émilie Gomis le rappellent douloureusement


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