Médias : comment justifier le pire

Ces derniers jours, tous les pires cauchemars des palestiniens et de celles et ceux qui les soutiennent se confirment : le gouvernement fasciste israélien annonce, alors qu’il massacre des dizaines de milliers de civils à Gaza, qu’il compte vider ce territoire de sa population pour l’annexer. Dans le même temps, des massacres ont également lieu en Cisjordanie, où la colonisation illégale s’accélère.

Il y a encore quelques semaines, parler de «nettoyage ethnique» était qualifié de complotiste et d’antisémite dans les médias français, voire même «d’apologie du terrorisme». Aujourd’hui, le projet de nettoyage ethnique de Gaza et les délires messianiques du gouvernement israélien visant à éliminer le peuple palestinien sont des réalités assumées publiquement par Netanyahou et ses complices.

Les médias français, après avoir diffamé systématiquement les rares voix qui dénonçaient les crimes coloniaux, changent de stratégie. Il s’agit d’euphémiser au maximum ce qu’il se passe, de décrire les projets génocidaires comme s’ils étaient normaux. Ainsi, BFM parle de «l’émigration de palestiniens» et d’un projet «controversé». Tranquillou, on pourrait croire qu’il s’agit d’un petit détail. On se demande ce qu’aurait titré BFM pendant la guerre, si cette chaîne avait existé.

France Info, le service public, se demande même si «l’émigration volontaire de palestiniens» serait «réaliste». Un titre sidérant, comment parler d’émigration «volontaire» pour un déplacement de population forcé, sous un déluge de bombes, sur une terre dévastée ? Et comment peut-on poser la question du «réalisme» d’une telle opération ? Se demandait-on si les massacres de masse au Rwanda, en Yougoslavie, en Arménie ou en Europe de l’Est étaient «réalistes» ?

On rappelle que BFM est une chaîne de l’empire médiatique du milliardaire Patrick Drahi. Fervent soutien du gouvernement israélien, il possède aussi la chaîne I24, qui diffuse une propagande brutale, raciste et génocidaire. C’est sur I24 qu’on entend depuis trois mois des appels à «raser Gaza», des propos haineux de sionistes radicaux et des fake news en faveur d’Israël. En particulier l’affaire des «40 bébés décapités», inventés par un journaliste d’I24 et qui ont fait le tour du monde, entre autres gros mensonges de guerre.

Quant à France Info, ce média est sous la direction d’une patronne macroniste, et s’est démarqué par un article particulièrement abject le 31 décembre : «Les Israéliens se préparent à un réveillon morose», avec un reportage expliquant qu’«à Tel-Aviv, l’esprit n’est pas à la fête pour ce passage à l’année 2024», et que «Katy, patronne de restaurant», n’aurait pas de DJ dans son établissement ce soir, ou que Ofir, commerçant, allait perdre du chiffre d’affaire au réveillon. Nous sommes sommés de compatir avec des restaurateurs israéliens pendant qu’un peuple meurt.

Ce sont les mêmes médias, ceux qui euphémisent et invisibilisent aujourd’hui l’horreur absolue, qui exhortaient à qualifier de «terrorisme» les crimes de guerre du Hamas, pour justifier l’attaque indiscriminée et sanguinaire qui a lieu depuis le 7 octobre. Souvenez-vous qu’en octobre appeler à un simple «cessez-le-feu» et faire le moindre rappel historique sur les massacres réguliers commis contre les Palestiniens depuis 1948 était comparé à du terrorisme !

Ce sont aussi ces médias qui utilisent «reconduite à la frontière» pour dire expulsion, «déséquilibré» pour dire terroriste d’extrême-droite, «influenceuse» lorsqu’ils invitent une néo-nazie sur leur plateau, «polémique» pour dire raciste, «prise d’otage» pour une grève… Derrière une fausse neutralité, la manipulation et la perversité est quotidienne pour influencer les esprits.


Les mots sont importants, aucun crime d’État ne peut avoir lieu sans une fabrique du consentement. Les médias occidentaux ont une responsabilité considérable dans la barbarie actuelle et la fascisation générale.


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