Le gouvernement macroniste est un champion dans l’art d’inverser le réel, de détruire le sens des mots. Un exemple ce dimanche 7 janvier 2024. À 200 jours du lancement des Jeux olympiques de Paris, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, intervenait à la radio. Très satisfaite d’elle même, elle a estimé que «ce seront des Jeux iconiques» mais surtout que «ces Jeux seront les plus sociaux de l’Histoire».
Hasard du calendrier, le journal L’Express révélait le 6 janvier qu’une piscine hors de prix à Saint-Denis, prévue pour les JO, sera inutilisable. Estimée à l’origine à 68 millions d’euros, cette piscine construite par la multinationale Bouygues a vu son prix augmenter massivement : 174 millions. Une légère hausse de 300% du budget. Mais ça n’est pas grave, c’est l’État qui paie, on peut se faire plaisir.
Et le pire, c’est que la capacité d’accueil de cette piscine au coût pharaonique est jugée trop petite pour la fédération de natation. Résultat : les épreuves de natation en ligne n’y auront pas lieu, mais dans un stade de rugby réaménagé en piscine à La Défense ! Avec un tel gaspillage d’argent public et une telle incompétence, on peut se demander si ces Jeux ne sont pas directement organisés par le cabinet Mac Kinsey.
Mais revenons à la déclaration de notre Ministre des Sports. Un événement écologique et social, vraiment ?
Dès septembre 2021, des chantiers pour les Jeux Olympiques détruisaient des terres préservés et des espaces verts. Le projet de ligne de métro «Grand Paris Express» a artificialisé des terres agricoles du plateau de Saclay pour relier les aéroports de la capitale, et les vieux jardins ouvriers situés à Aubervilliers, qui résistaient à l’urbanisation depuis des décennies et offraient aux habitants une respiration végétale, ont été en partie détruits pour une piscine olympique.
En janvier 2022, la construction d’un échangeur autoroutier autour d’une école à Saint-Denis pour s’adapter au futur «village olympique» provoque la polémique. 700 élèves de maternelle et de primaire vont étudier au bord d’une route à quatre voies.
En mars 2023, les sans abris et migrant-es sont «invité-es» à quitter Paris pour les JO, et les autorités organisent depuis des expulsions vers les autres villes de France pour «nettoyer» socialement la capitale avant la compétition. En parallèle, 3000 étudiant-es seront expulsé-es de leurs logements CROUS pour y loger le personnel des Jeux Olympiques. Une décision scandaleuse, car à Paris, les logements vacants se comptent par centaines de milliers, et il n’y a aucun besoin de déloger les étudiant-es précaires. En échange, les étudiant-es recevront un dédommagement de 100 euros et deux billets pour assister à une épreuve des JO. Sympa !
En septembre la ministre des Sports posait en photo avec le vice-président de Coca-Cola France et publiait sur les réseaux sociaux un long message élogieux à l’égard de Coca-Cola, l’un des sponsors majeurs des Jeux olympiques de Paris 2024. Elle était alors accusée de publicité dissimulée pour la multinationale, mais dans la République des lobbys, cela n’a pas semblé poser problème.
En revanche, l’entreprise Coca-Cola est considérée comme «le pire pollueur plastique au monde». C’est aussi un gros fraudeur fiscal, puisque le Ministère de l’économie réclame 720 millions d’euros à Coca-Cola. Pour les JO écologiques et sociaux, on repassera.
Enfin, alors que le prix pour assister à la plupart des épreuves est tellement élevé qu’il est inaccessible aux portefeuilles non fortunés, le gouvernement a aussi prévu une augmentation massive des tarifs des transports en île de France pendant les Jeux. Dans le dossier de candidature, la Région Île-de-France avait pourtant promis la gratuité des transports le temps de la compétition…
Ces JO sont donc non seulement anti-sociaux et anti-écologiques mais aussi hautement liberticides. Le gouvernement a déjà acté l’autorisation «expérimentale» d’une surveillance algorithmique, extrêmement invasive, pendant et après les Jeux, avec un recours à l’Intelligence Artificielle pour les images de caméras de surveillance et de drones. En décembre 2023, il annonçait même la restriction de l’accès à certains quartiers de Paris, sauf présentation d’un QR code. Les déplacements seront scannés comme pendant l’état d’urgence sanitaire. Ces jeux seront un laboratoire de la surveillance la plus inquiétante.
Emmanuel Macron dit vouloir faire de ces Jeux Olympiques le cœur de son quinquennat, «le climax de son mandat», «un événement qui va placer le pays au centre du monde pendant deux mois», «les plus beaux Jeux de l’Histoire», «un évènement digne de l’Exposition Universelle de 1889», ont expliqué ses conseillers à L’Express. Pour l’instant, c’est surtout une compétition de foutage de gueule.
5 réflexions au sujet de « Jeux Olympiques du foutage de gueule »
Bonjour vos texte sont super , bravo, connaissez vous les livres de Mathieu RIGOUSTE ? Cordialement c wittmann
Vous pouvez trouver ici la chronique de son dernier livre : https://contre-attaque.net/2022/03/05/lecture-la-police-du-futur/
Et ici l’appel à soutien pour le financement de son film : https://contre-attaque.net/2024/01/06/soutenez-le-financement-du-film-nous-sommes-des-champs-de-bataille/