Stanislas : subventions publiques, bénéfices privés


Valérie Pécresse arrose le lycée Stanislas d’argent public pendant que les établissements publics d’Île-de-France manquent de tout


Stanislas est un établissement scolaire d’extrême droite,de la maternelle au bac, réservé à la grande bourgeoisie parisienne. On en entend beaucoup parler ces derniers jours car la nouvelle Ministre de l’Éducation a eu le bon goût d’y scolariser ses rejetons. Mais derrière cette affaire il y a un vrai scandale d’État sur le financement extravagant de ces écoles privées qui réalisent de gros bénéfices pendant que le public agonise par manque de moyens.

Stanislas, c’est «une ville dans la ville», explique le site internet de l’établissement. On y trouve 7 gymnases et deux piscines, 21 laboratoires, 3 amphis, 2 murs d’escalade, une cantine haut de gamme, le tout sur 3 hectares dans un beau quartier parisien. Un confort sans commune mesure avec les collèges et lycées défavorisés.

Stanislas, c’est aussi 22 millions de chiffres d’affaires en 2022, dont 3 millions d’excédent brut d’exploitation, un indice qui mesure la rentabilité. L’établissement dispose d’une page Wikipedia très intéressante, allez y jeter un coup d’œil, on y trouve la liste des célébrités qui y ont été scolarisées : aristocrates, acteurs célèbres, grands patrons, élus… Tout un petit monde consanguin qui dirige la France, tout un entre-soi persuadé d’avoir «mérité» sa carrière au cinéma, en politique ou dans la finance. Stanislas n’est pas une école, c’est un lieu de réseaux. Un endroit réservé aux enfants de riches qui grandissent ensemble et apprennent la solidarité de classe et le séparatisme dès le plus jeune âge.

Stanislas est donc une entreprise prospère, assurant un service de luxe aux enfants de la grande bourgeoisie. Pourtant, l’établissement croule sous les aides publiques dont il n’a pas besoin. Comme souvent, on découvre que les vrais assistés en France, ce sont les riches.

La devise de Stanislas laisse peu de place au doute sur l’idéologie qui y règne : «Français sans peur, chrétien sans reproche». Suite à des révélations d’homophobie, de sexisme et de mauvais traitement, une enquête a été menée par le Ministère de l’Éducation l’été dernier. Le rapport a été caché par le gouvernement et vient d’être révélé par Médiapart : il parle de mise en danger de la santé des élèves à cause du «parti pris de certains professeurs de SVT de ne pas parler des IST» ou «des propos tenus lors de conférences d’éducation à la sexualité sur les dangers de la contraception». Des intégristes religieux y donnent des cours, des membres de la Manif pour Tous sont dans les équipes, on y apprend aux femmes à rester à leur place et à «cacher leur corps». Il existait même des «thérapies de conversion» pour obliger les personnes homosexuelles à renier leurs orientations, une pratique désormais illégale.

Le rapport souligne que «la pédagogie de Stanislas est violente» et que le «but est que les élèves donnent le meilleur d’eux-mêmes, non pas en les encourageant, mais en les rabaissant», avec des insultes, des pressions sur les victimes, des discours culpabilisants… Stanislas ne respecte pas la liberté de confession et force les élèves qui ne sont pas catholiques à suivre une formation religieuse.

Précisons enfin que l’ancien directeur, obsédé par la sexualité des élèves, avait d’ailleurs été mis en cause dans une agression sexuelle, et l’abbé Guillaume Seguin, responsable de l’aumônerie de Stanislas jusqu’en 2009, condamné pour des agressions sexuelles dans le collège.

Récapitulons : intégrisme religieux, sexisme et violences sexuelles, homophobie, alerte des inspecteurs de l’éducation, mauvais traitement… S’il s’agissait d’une école privée musulmane, elle serait immédiatement fermée, sa direction poursuivie et fichée S pour radicalisation et séparatisme. Les chaînes en continu nous abreuveraient en boucle sur les dangers du communautarisme et les atteintes à la laïcité.

Chez Stanislas, c’est tout l’inverse. L’établissement est généreusement financé et une Ministre y place ses enfants. On apprend par exemple que Valérie Pécresse, qui gère la région Île-de-France et donc le budget des lycées, a décidé de donner des sommes colossales à Stanislas. En juillet 2022, déjà alertée sur les dérives de Stanislas, Valérie Pécresse avait refusé de suspendre ses subventions.

Pire, la somme versée par la région va bien au-delà des «obligations légales», indiquent les élus communistes dans une lettre adressée à la ministre de l’Éducation. La région Île-de-France a versé près de 1,8 million d’euros en 2023 au collège-lycée. En plus des «dotations de fonctionnement» de 1,3 million d’euros, la région est allée «au-delà des obligations légales» avec 487.000 euros supplémentaires de «subventions d’investissement» en juillet 2023 ! Et tout cela «en pleine connaissance des témoignages et de l’enquête en cours». Des élus PCF de la région s’interrogent sur la légalité de ces cadeaux, alors que le Code de l’Éducation stipule qu’elles «ne peuvent excéder le dixième des dépenses annuelles de l’établissement».

Dans le même temps, en juillet 2023, Pécresse décidait de débaptiser un lycée nommé Angela Davis en Île-de-France car ce nom était, selon elle, «contraire aux lois de la République». Pire, cette même Valérie Pécresse ignorait les appels à l’aide de nombreux collèges et lycées de région parisienne qui dénoncent depuis des années l’absence de remplacement, des locaux vétustes, ou encore le manque de chauffage dû à l’absence de financement suffisant. Ce qui poussait des collégiens à faire cours en manteau, dans un froid glacial ! Parmi ces cas scandaleux, celui du lycée Paul Éluard à Saint-Denis, qui prend l’eau à cause du manque de moyens. De l’argent pour Stanislas qui a déjà tout, mais moins que le minimum pour les enfants du 93. La violence de la bourgeoisie.

La «République» en 2023, c’est financer une école ultra-privilégiée d’extrême droite catholique au cœur de Paris et laisser mourir l’école publique tout en débaptisant les établissement qui portent le nom d’une militante anti-raciste.

L’affaire Stanislas ressemble de plus en plus à une affaire d’État, elle révèle le séparatisme des puissants, qui financent les écoles privées d’extrême droite de leurs enfants avec l’argent public. Et piétinent ainsi allègrement la Laïcité, la République et autres grands principes utilisés pour stigmatiser les pauvres et les minorités.

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