Terreur fasciste : à Lyon, l’extrême droite donne des coups de poignard


Les médias feront-ils leurs Unes sur ces coups de couteau pendant des semaines ? Parleront-ils d’ensauvagement voire de «terrorisme» comme ils l’ont fait à propos de la rixe de Crépol ? Assurément pas. Pourtant, à Lyon, l’extrême droite a pris pour habitude de poignarder ceux qui n’ont pas la bonne couleur ou les bonnes idées.


Au cœur de Lyon, dans la nuit de jeudi à vendredi, une bande de néo-nazis a lancé une altercation dans une boite de nuit. Les victimes, non-blanches, ont été agressées devant l’établissement par 5 individus qui les ont tabassées et poignardées, à quelques mètres du commissariat du 1er arrondissement de la ville.

Les trois ont été blessés, deux d’entre-eux garderont des séquelles et ont de graves entailles et blessures au visage. L’une des victimes a failli mourir, et a dû être opérée en urgence. L’un des agresseurs a été arrêté et se nomme Sinisha Milinov, et c’est le chef d’un groupuscule d’extrême droite nommé Les Remparts Lyon. Il a aussi été responsable de la Cocarde Lyon, une associations étudiante proche du Rassemblement National, et s’est présenté sur une liste du RN en 2020.

Un complice, arrêté également, est lui aussi militant identitaire. Les deux sont poursuivis pour des chefs de «port d’arme, violences aggravées par trois circonstances (avec usage ou menace d’une arme, en réunion, et à raison de l’appartenance ou la non-appartenance de la victime à une ethnie, nation, race ou religion)». Pour une fois, le motif raciste est donc retenu.

À Lyon, les néo-nazis prospèrent en toute impunité et ont même pignon sur rue, avec plusieurs locaux, y compris un lieu ouvertement destiné à s’entraîner au combat, en plein cœur de Lyon.

Ces lieux servent à faire du lien entre les milices néo-nazies violentes et les cadres des grands partis d’extrême droite. Le local des Remparts a notamment accueilli le sénateur Reconquête Stéphane Ravier ou l’idéologue zemmourien Jean-Yves Le Gallou. Les Remparts est une énième vitrine de l’extrême droite locale après la dissolution du Bastion Social, et organise des manifestations racistes et des descentes violentes depuis des années.

Le poignardage et le passage à tabac destiné à tuer ou à mutiler gravement est devenu une pratique courante de ces néo-nazis. Dimanche 17 décembre 2023 au petit matin, devant un bar lyonnais, une dizaine d’individus d’extrême droite a lynché deux personnes d’origine maghrébine en leur criant «Sales bougnoules, bientôt, il n’y aura plus de Musulmans en France». Même pas la peine de maquiller le projet politique.

Le 22 décembre à Lyon, des militants antifascistes de la Jeune Garde ont été visés par «des coups de lames lors d’une confrontation avec 3 militants d’extrême-droite. L’un d’entre eux, a rapidement sorti une lame et asséné de nombreux coups avec, notamment en visant le ventre, le torse et le visage de nos camarades» rapporte Raphaël Arnault, porte-parole de ce collectif, qui a diffusé la photo d’un jeune homme au visage lacéré.

En juin 2022, un militant identitaire nommé Adrien Lasalle s’était rendu dans un quartier réputé «de gauche» et avait attaqué deux jeunes hommes de 18 et 23 ans. Le néonazi a sorti un couteau avant de les poignarder en visant des parties vitales. Heureusement, l’homme touché au niveau du cou a réussi à faire une esquive, sinon il serait probablement mort. L’autre a une entaille profonde sur le bras. Les victimes collaient des affiches antifascistes.

Le 28 juin 2021, lors d’un match France – Suisse, Adrien Lasalle et sa bande avaient chargé des supporters en hurlant des slogans racistes, provoquant un grand mouvement de foule. Avec une trentaine d’individus armés, ils avaient blessé de nombreuses personnes, dont certains à coups de couteau, déjà. Les fascistes avaient bénéficié d’une totale impunité, la préfecture avait même dédramatisé les faits dans les médias le lendemain. Adrien Lassalle est également mis en cause pour viol par une étudiante de «l’école» privée d’extrême droite créée par Marion Maréchal Le Pen, l’ISSEP.

En janvier 2022, une autre agression raciste d’un commerçant lyonnais au cri de «sale bougnoule» avait été étouffée : l’agresseur avait des liens avec la police municipale lyonnaise, qui l’avait couvert. L’homme passé à tabac, un quinquagénaire, avait notamment eu le nez cassé et une lèvre déchirée.

Samedi 24 avril 2021, une cinquantaine de fascistes attaquaient une manifestation de personnes Queer. La milice néo-nazie était partie du local «la Traboule» en meute. Certains témoins avaient parlé de menace au couteau.

Si l’on remonte plus loin, des jeunes antifascistes avaient déjà dénoncé des agressions au couteau il y a plusieurs années à Lyon. Rien que dans cette ville, on ne compte donc plus les crimes d’extrême droite, mais on se souvient aussi du jardinier franco-algérien qu’un retraité raciste avait tenté d’égorger au cutter le 17 novembre dernier en région parisienne. L’ensauvagement fasciste est bien réel,

Les dissolutions ou l’appel à plus de répression contre ces néo-nazis, bras armés du système, sont à la fois inutiles et dangereuses. Organisons notre auto-défense.


Une source : https://www.liberation.fr/politique/lyon-un-militant-dextreme-droite-interpelle-pour-une-agression-au-couteau-20240205_H2ZVL5QGNJF6HMRGRHOC4UGKYM

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