1er mars 1921 en Russie : l’insurrection des marins de Kronstadt


Un soulèvement contre les Tsars et les Partis


Il y a 103 ans, le 1er Mars 1921, à Kronstadt en Russie : les marins, fers de lance de la Révolution de 1905 et 1917 et considérés comme de véritables héros, appellent de leurs vœux le peuple russe à se soulever et à commencer «la troisième révolution russe» pour en finir avec la tyrannie bolchevique.

À la fin février 1921, à Petrograd – actuelle Saint-Pétersbourg – où les habitants subissent de plein fouet des famines successives, de grandes grèves ouvrières ont lieu. Des meetings spontanés sont organisés contre le pouvoir central. La révolution de 1917 promettait de remettre le prolétariat aux commandes. Il n’en est rien, les bolcheviques ont trahi et s’accaparent le pouvoir.

Le parti communiste dirige et décide de tout, applique son programme politique, économique et social sans aucune consultation de la base, loin de la démocratie directe revendiquée par les soviets – des conseils d’ouvriers, de paysans ou de soldats, base de la nouvelle société – que Lénine qualifiait de «cents fois plus à gauche que les bolchéviques» dès juillet 1917. À Kronstadt et ailleurs en Russie, les masses populaires se rendent compte que la révolution a été confisquée par une nouvelle petite élite de bureaucrates au sein du Parti.

C’est dans ce contexte d’agitation sociale que débute, le 1er mars 1921 à l’approche du printemps, la révolte des marins de Kronstadt. Les insurgés exigent des élections libres de soviets, la liberté de la presse et de réunion pour tous les courants socialistes, la fin de la dictature des commissaires bolcheviques. Un slogan résonne partout dans la ville et dans le port : «Tout le pouvoir aux soviets, non aux partis».

Plus de 15.000 soldats, marins et ouvriers adoptent la résolution en 15 points du manifeste et programme de la Commune de Kronstadt. La ville devient, temporairement, un territoire autonome avec des assemblées libres.

Dans un extrait des journaux révolutionnaires, «les Izvestias», publiés lors de l’insurrection, le 5 mars 1921, on retrouve la ferveur d’un peuple libéré de ses entraves : «Voilà trois jours que Kronstadt s’est débarrassé du pouvoir cauchemardesque des communistes, de même, qu’elle s’était débarrassé il y a quatre ans du pouvoir du tsar. Voilà trois jours que les citoyens de Kronstadt respirent, libres, délivrés de la dictature du parti».

Isolés et diffamés par Moscou, le soulèvement est réprimé dans un bain de sang par l’armée rouge sur ordre de Léon Trotski. Le commissaire du peuple – l’équivalent de ministre des Armées – décide d’éliminer la résistance des marins en «les tirant comme des perdrix» et en les qualifiant de «bandits». Après des bombardements aériens incessants et une attaque terrestre de milliers de militaires, Kronstadt finit par être vaincue au bout de longues journées de batailles, le 17 mars. Dans les combats, plus de 1000 insurgés sont tués. Des milliers d’autres sont arrêtés et exécutés par la police politique.

Ironie du sort et indécence du nouveau pouvoir, les Bolchéviques organisent le lendemain une fête officielle pour les 50 ans de la proclamation de la Commune de Paris, un autre soulèvement réprimé dans le sang. Le formidable espoir international de la Révolution russe de 1917 finissait d’expirer ce funeste 18 mars 1921. Ce fut la dernière tentative de rendre le pouvoir aux soviets et d’empêcher le totalitarisme…

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