Les produits Lactalis et Avril sortis des rayons. Les produits frais donnés à des associations locales solidaires.
Les paysans et paysannes restent mobilisées pour la défense de leurs droits. Plusieurs actions continuent d’être menées en France par la Confédération Paysanne, notamment dans l’Ouest. Récit d’une matinée mouvementée à Saint-Nicolas-de-Redon, en Loire-Atlantique :
Samedi 9 mars, une mobilisation interdépartementale organisée par les Confédérations Paysannes de l’Ille-et-Vilaine, de Loire-Atlantique et du Morbihan a été menée au Leclerc de Saint-Nicolas-de-Redon, au nord de Nantes.
Environ 200 paysan-nes venu-es avec aussi une trentaine de tracteurs ont bloqué le Leclerc dès 11h. Une partie des produits des firmes Lactalis et Avril ont été ciblés lors de cette action coup de poing. Lactalis, c’est la multinationale du lait, qui fait des milliards de profits en baissant les prix d’achat au paysan-nes. Avril, c’est l’énorme entreprise du patron de la FNSEA. Arnaud Rousseau est aussi « agriculteur » que Gabriel Attal est ouvrier : il gère un business colossal, notamment dans le secteur de l’huile. Ces deux monstres de l’agro-industrie se gavent sur le dos des paysan-nes et des consommateur-ices.
Cette opération symbolique démontre que le niveau de colère reste élevé dans une profession méprisée des dirigeants. Même si cela ne fait plus la Une des médias, le monde agricole est loin d’être apaisé et les déclarations politiques, depuis un salon de l’agriculture qui n’a jamais été aussi mouvementé, ne suffiront pas à calmer la fronde.
Des échanges houleux ont eu lieu avec des salariés du Leclerc, qui ne comprennent pas la détresse du monde paysan et qui, lors de l’action, avaient peur de perdre leur emploi, ce qui en dit long sur les conditions de travail dans ces enseignes… Malgré cela, une casserolade générale et une opération d’étiquetage ont été menées directement dans les rayons du Leclerc. Des dizaines de caddies ont été remplis pour dénoncer les marges abusives de l’agro-business, et des produits d’importation ont été évacués des rayons. Après de vives négociations, rien n’est finalement sorti du centre Leclerc, mais tout ce qui n’a pu être remis en rayon sera distribué à des associations locales aidant les personnes dans le besoin.
À noter, dès le début de l’action, le déploiement de gendarmes armés devant et à l’intérieur du Leclerc, avec des lanceurs de balles de défense et tout l’équipement anti-émeute pour intimider le mouvement. Mais le courroux paysan sera toujours plus fort et la continuité des mobilisations s’est toujours inscrit et s’inscrira dans la désobéissance civile. L’opération a donc été une réussite.
Pour la Confédération, les demandes sont claires : un revenu juste pour rémunérer le travail effectué, la fin de la concurrence déloyale et une réponse aux enjeux environnementaux. La question de la ressource en eau, de son partage et des systèmes durables de production sont aussi au cœur des revendications. De plus, une véritable régulation des prix et du marché mondial, ainsi qu’une valorisation des efforts agro-environnementaux, permettent de penser l’agriculture de demain.
Paysannes et paysans savent bien que l’on emprunte juste la terre à nos enfants et que cette continuité doit prospérer au détriment des grosses fermes qui saccagent tout au fur et à mesure de leurs extensions. La Confédération Paysanne, ainsi que les non-syndiqué-es qui l’accompagnent, ne comptent pas s’arrêter là et d’autres actions de ce type seront menées jusqu’à application concrète par le gouvernement de mesures pour les petites et moyennes fermes, notamment biologiques.