Acharnement judiciaire contre une Gilet Jaune mutilée : 6 ans plus tard, l’État refuse d’indemniser Vanessa


Le calvaire sans fin des «gueules cassées» du mouvement des Gilets Jaunes


Acharnement judiciaire contre une Gilet Jaune mutilée : 6 ans plus tard, l’État refuse d'indemniser Vanessa

Vanessa Langard a été mutilée au visage par un tir de LBD le 15 décembre 2018, lors de l’acte V de la mobilisation des Gilets jaunes à Paris. Trente minutes seulement après son arrivée aux Champ-Élysée, elle est grièvement blessée au visage par une balle en caoutchouc tirée à seulement 5 mètres de son visage par un policier, hors de tout cadre légal, sans aucune raison.

«La manifestation venait juste de commencer, l’ambiance était bon enfant, il ne se passait rien. À un moment, nous avons vu une rangée de CRS. Nous étions quatre, nous nous sommes donné la main en nous disant : “Éloignons-nous, on ne sait jamais, s’ils gazent…» raconte-t-elle dans une lettre publiée par Télérama.

Elle est visée, sans s’y attendre, par un tir d’une violence inouïe. Un acte criminel aurait pu lui coûter la vie, provoquant une hémorragie interne dans sa boite crânienne. Elle a du subir de lourdes opérations, et souffre encore de multiples séquelles : en plus de la mutilation de son œil gauche, le tir a provoqué une nécrose cérébrale définitive, ainsi que toute une série de symptômes, tels que de l’épilepsie, des douleurs, des troubles de la concentration, de l’odorat…. Des soins quotidiens sont encore nécessaires.

Des années après, Vanessa Langard doit encore se battre, également pour faire reconnaître son statut de victime encore honteusement nié par l’État, face à un acte de barbarie lui ayant causé une mutilation et infirmité permanente. Six ans plus tard, elle continue de devoir recevoir des soins de rééducation, des traitements médicamenteux… Un préjudice physique, et moral qui la plonge aussi dans la précarité. En effet, Vanessa survit aujourd’hui avec l’allocation aux adultes handicapés, moins de 1000 euros par mois. Sans oublier le traumatisme qu’une telle violence, impunie, banalisée, peut engendrer… Une violence d’un État indigne où la police règne en maîtresse absolue, protégée par toutes les institutions. Le 4 avril dernier, elle apprend que l’État refuse de l’indemniser. Une nouvelle violence.

Elle avait engagé une procédure judiciaire dès janvier 2019, déposant plainte pour «violences volontaires commises par une personne dépositaire de l’autorité publique». La justice laisse traîner comme à son habitude maintenant, les victimes des crimes policiers dans l’incertitude et la précarité. Après des mois d’attente, sans qu’aucun procès ne soit encore en perspective, la CIVI – Commission d’indemnisation des victimes d’infractions – demande en juin 2022, après maintes relances et l’appui de son avocate Chloé Chalot, de verser une indemnité provisoire s’élevant à 30.000 euros. Une somme qui reste modeste au vu des préjudices démontrés par la partie civile. L’avocate, expertises à l’appui, chiffre en effet les dommages à 108.195 euros.

Mais sans attendre, l’État s’y oppose et interjette appel. Le 15 février 2024, la Cour d’appel de Paris doit trancher. Le FGTI – Fonds de Garantie des Victimes – refuse de donner l’avance sous prétexte que : «Rien ne permet d’établir que le tir de LBD par un membre des FDP (…) constitue une infraction». Le fond de garantie rappelle néanmoins que «la légitimité ou non du tir de LBD» ne peut être établie tant que l’instruction reste en cours. Une instruction qui peut encore durer des années, et finir par un non lieu.

Le rapport d’expertise balistique ne laisse pourtant aucun doute sur le fait que «le tir de LBD était parfaitement injustifié et illégitime» rapporte StreetPress. La décision de la cour d’appel tombe ce 4 avril : aucune somme ne sera versée en attendant l’issue définitive de la procédure pénale en cours. L’avance de 30.000 euros initialement versée doit être rendue. Vanessa devra même rembourser les 1000 euros qu’elle avait retiré pour survivre…

Près de 6 ans après les faits, aucune date de procès, ni certitude de poursuite de la procédure n’est garantie. On le sait, l’État est prêt à tout pour protéger ses chiens de garde. Il ne s’agit pas d’une bavure, mais bien d’une stratégie de terreur à grande échelle contre toutes celles et ceux qui remettent en question l’ordre établi et dénonce la violence étatique.

Une cagnotte a été lancée pour aider Vanessa à rembourser sa dette et participer aux frais de ses soins médicaux absolument nécessaires mais non pris en charge par la sécurité sociale.


Soutien à Vanessa et à ses proches, et à toutes les victimes des violences de l’État. La honte est de leur côté.


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