Rassemblement National : bras armé du capital

Emmanuel Lechypre avouant que le Rassemblement National roule pour les patrons

«Ça fait deux ans que le Rassemblement National rencontre très régulièrement les patrons. Ils ont un petit appartement secret dans Paris, pour organiser ça. Je ne connais pas l’adresse malheureusement [rire] Appelez ça une garçonnière économique et financière, et le RN est très présent auprès des patrons pour les rassurer, pour les convaincre».

Voilà l’aveu lancé par Emmanuel Lechypre, le chroniqueur économique de BFM, en direct sur le plateau, le 17 juin 2024. Un petit boudoir où les fascistes et les patrons se voient discrètement pour se mettre d’accord.

Puisque l’extrême droite est en train de réussir son holp up politique avec une partie des voix des classes populaires, gavées par les médias qui ont alimenté toutes les thématiques du RN depuis 20 ans, rappelons-le encore et encore, tant qu’il le faudra : le fascisme est le bras armé du capital. Il n’a rien à offrir aux travailleurs et travailleuses, aux précaires, aux démuni-es.

Le Monde révélait dans un long article paru en décembre 2023 à propos de Marine Le Pen : «Depuis qu’elle a réussi à installer 89 députés à l’Assemblée nationale en juin 2022, elle multiplie ses gestes à l’égard des milieux économiques – ce petit monde des patrons et cadres dirigeants, financiers et grandes familles actionnaires».

Un mois plus tôt, le 28 novembre, Bardella avait «lancé une opération séduction auprès des patrons, en se rendant sur le campus de la prestigieuse école de commerce HEC, où il était invité pour la première fois, pour parler aux  »décideurs de demain »» rappelle le quotidien.

À la tête d’un mouvement de chefs d’entreprises, la grande bourgeoise Sophie de Menthon reconnaissait dans le même journal des échanges réguliers avec Marine Le Pen. Par exemple un déjeuner le 17 octobre, près de l’Assemblée nationale : «Elle a fait un sans-faute quand elle nous a approchés, je suis heureuse de la conseiller, car elle risque d’être un jour au pouvoir» disait-elle.

Dans le Figaro, la patronne au nom à particule déclarait déjà inviter Le Pen afin «d’échanger leurs vues sur l’entreprise». Sophie de Menthon est l’incarnation du capitalisme prédateur. En 2011, elle justifiait dans une émission le travail des enfants du Tiers-Monde : «il faut maintenir le travail des enfants dans les pays sous-développés, car ils font vivre leur famille». Aujourd’hui, cette femme se dit «charmée» par le parti d’extrême-droite : «Ils ne sont pas comme LFI qui veut la révolution et monter à Versailles». Concernant Le Pen, elle explique : «J’ai trouvé une femme libérée, souriante, à l’écoute».

Encore plus récemment, en décembre 2023, Marine Le Pen dînait dans un grand restaurant parisien avec Henri Proglio, l’ancien patron de Veolia et d’EDF, et L’Obs écrivait : «Les élites économiques se prépareraient-elles à une possible victoire de l’extrême droite ?» Le Monde ajoute enfin que l’ancien politicien ultra-libéral Alain Madelin donne désormais des conseils économiques au RN.

«En économie, on est des gens raisonnables» explique par exemple Bardella. «On n’a pas vocation à faire partir les patrons». Il déclarait d’ailleurs au Monde dîner avec des grands patrons «plusieurs fois par semaine» et que «Marine Le Pen et le député RN Sébastien Chenu en faisaient autant».

Il n’est donc pas étonnant que le programme du RN, faussement social, se dégonfle telle une baudruche. Mardi 11 juin, Jordan Bardella a rétro-pédalé sur la question des retraites. Il a esquivé la question, posée par la radio RTL, alors qu’un journaliste lui demandait si le RN abrogerait la réforme des retraites en cas de victoire. Le 17 juin, nouveau revirement : Bardella annonçait dans les colonnes du Parisien que la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité ne sera «pas immédiate» en cas de victoire.

Le programme du RN, c’est du Macron en plus raciste et plus autoritaire. Un État policier très violent, une chasse aux syndicalistes, aux immigré-es et aux minorités, et une économie au service du patronat.

L’extrême droite l’a déjà montré. En octobre 2022, pendant les débats sur le budget de l’État, le RN a voté contre un amendement visant à rétablir l’ISF. Le RN a aussi voté contre une taxe sur les jets privés et les yachts. En juillet 2022, juste après les élections législatives, le RN et le groupe macroniste ont travaillé main dans la main. Les Lepénistes avaient voté contre l’augmentation du Smic à 1500 euros proposée par la gauche lors du débat sur les «mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat».

«Aux yeux des milieux d’affaires, où le diable semble avoir changé de camp, le cauchemar serait plutôt celui d’une victoire de l’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon» ose enfin Le Monde, dans son enquête de décembre dernier. Il suffit d’allumer la télé pour le confirmer.


Vous l’aurez compris, la bourgeoisie fait bloc pour soutenir le RN. Derrière le fascisme, c’est le grand capital. Le Pen va poursuivre le processus néolibéral de Macron, mais sur un mode beaucoup plus violent, liberticide et ouvertement fasciste.


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2 réflexions au sujet de « Rassemblement National : bras armé du capital »

  1. Bonjour Contre Attaque, en offrant la victoire à l’extrême droite, Macron fait le plus beau cadeau aux intérêts des puissances économique et financières qui détruisent l’humanité, le monde du vivant en générale et la planète.

  2. Lechybre … il devrait ralentire sur les diners en ville : il rentre plus dans sa pokéball 🙂

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