7 tirs, dont deux balles dans le dos et une dans la tête. Aucune chance de survie. Puis le tireur a pris des photos du cadavre. Cette scène d’exécution sommaire macabre s’est passée le 29 juin au petit matin. Le tueur qui s’est acharné sur un homme en fuite est un policier.
Nous en savons un peu plus sur la mort d’un homme à Bobigny, en Seine-Saint-Denis par un policier hors service. Ce matin là, l’agent est appelé par sa grand-mère qui avait «entendu du bruit» chez elle. L’agent n’est pas en tenue et hors service, mais débarque avec son arme à feu. Selon la presse, ce n’est pas la maison de la vieille dame qui a été visitée, mais un garage, une dépendance située hors de sa maison. Aucun danger pour la grand-mère, aucun risque de squat de sa maison.
Pourtant, le policier décide d’agir seul à 6h30. Il prévient ses collègues par téléphone, mais entre dans le garage, et découvre sur place, Amar, un Algérien sans abris de 32 ans qui dort sur un lit de fortune qu’il avait installé.
À 6h38 très précisément, il les rappelle et leur explique avoir tué cet homme avec son arme administrative. Sa version ? Le sans-abris serait devenu «agressif» et l’aurait «menacé avec un objet». Il aurait alors «riposté» avec son arme à feu.
Pourtant, les impacts ne laissent aucun doute : c’est un véritable acharnement. 6 impacts, dont deux balles dans le dos. Ce qui indique que la victime était en fuite, et ne faisait pas face au policier. Une balle dans la tête, à la manière des tueurs qui exécutent froidement leurs cibles à leur merci. Et ces deux photos du cadavre, prises avec son téléphone portable juste après les tirs : un trophée ? Ces clichés pris avec sang froid démontrent que le policier n’était pas choqué ou apeuré de ce qu’il venait de faire.
Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille du défunt «privilégie l’hypothèse d’un crime raciste, notamment compte tenu des termes qu’il a employés pour qualifier la victime durant ses auditions devant les enquêteurs». Il déclare : «Sept tirs pour maîtriser un homme qui n’était pas armé, c’est un acharnement. Qu’est-ce qui peut expliquer une haine à ce point ?»
Lors de l’état d’urgence en 2015, le gouvernement a autorisé les policiers à garder leurs armes chez eux hors du temps de service. Puis deux ans plus tard, il a étendu l’usage des armes à feu en dehors du cadre de la légitime défense. En 2020, La «Loi de sécurité globale» permettait aux policiers de se promener armés dans les établissements publics. Ces mesures successives ont contribué à rendre possible une exécution comme celle de Bobigny. Sans ces autorisations, ce policier n’aurait pas pu aller tirer, seul, 7 balles sur un homme, au petit matin.
Ce drame intervient dans un contexte électoral extrêmement tendu, avec une extrême droite au plus haut, une parole raciste décomplexée dans les médias de masse, et alors que la profession de policier vote ultra-majoritairement pour le RN.
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