Nécropolitique en Méditerranée
Jeudi 15 août dans la matinée, un appel de détresse a été passé au large de la Corse. Un yacht de 26 mètres était en train de couler après avoir percuté un rocher. L’équipage, composé de 11 italiens, a été rapidement secouru par les Sauveteurs en Mer, qui ont expliqué aux médias : «En arrivant, on voit des radeaux de survie à bord desquels se trouvent des naufragés entassés. Ils ont rapidement été pris en charge».
Pour secourir le plus efficacement possible les passagers européens de ce navire de luxe, pas moins de quatre bateaux, trois plongeurs et un infirmier ont été dépêchés. Tous les occupants du yacht ont été ramenés indemnes, le jour même, en Sardaigne. Les services de secours ont été d’un professionnalisme et d’une rapidité irréprochable.
Trois jours plus tôt seulement, au large de Lampedusa, en Italie, un double naufrage d’embarcations transportant des exilés faisait au moins onze morts et soixante disparus. Dans la même mer, quelques kilomètres plus au sud. L’ONG allemande ResQship n’a réussi à secourir que 51 naufragés.
En juin 2023, 79 corps étaient repêchés et des centaines de personnes étaient portées disparues au large de la Grèce. Parmi elles, une dizaine d’enfants. L’embarcation avait dérivé plusieurs jours en mer, après une panne. Un avion de Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières, l’avait repéré deux jours plus tôt, mais les autorités Grecques et Européennes avaient refusé de lui porter assistance.
Entre janvier et mai de l’année 2024, 5504 personnes sont mortes sur les routes de l’exil, soit près de 33 décès par jour, ou un migrant toutes les 45 minutes, en tentant de rejoindre l’Espagne par la mer Méditerranée, selon l’ONG espagnole «Caminando Fronteras».
Entre 2014 et 2023, plus de 63.000 personnes ont péri ou disparu sur les routes migratoires à travers le monde, dont 60 % par noyade. L’Organisation internationale pour les migrations explique dans un rapport que la majorité des décès et des disparitions – 28.854 – ont eu lieu en Méditerranée. Cette mer qui sépare l’Afrique du Nord de l’Europe est un immense cimetière, une étendue d’eau peuplée de fantômes.
Dans l’immense majorité des cas, ces vies humaines n’ont pas été secourues par les autorités qui en ont pourtant les moyens. Pire, l’agence Frontex et ses garde-côtes sont accusés de graves violations des droits humains, avec la pratique du «push back», qui consiste à refouler illégalement des personnes exilées, notamment en faisant chavirer des embarcations chargées d’êtres humains.
Cette agence européenne était dirigée jusqu’en 2022 par un français : Fabrice Leggeri. Il s’est depuis présenté aux élections sous l’étiquette du Rassemblement National, et a été élu député européen.
Une réflexion au sujet de « Sauver les passagers d’un yacht, laisser mourir les exilés »
Laisser mourrir les pauvres. pour sauver les riches c’est une politique extrémiste Européenne et mondiale que l’ensemble de la bourgeoisie appelle humanisme.