Comment les médias se torchent avec un vote qui leur déplaît, mode d’emploi.
Nouvelle opération concertée des médias dominants : et si, en dépit des résultats des élections, Macron nommait un premier ministre de droite ou d’extrême droite ? Pourquoi pas, c’est ce que prétendent les sondages après tout. En d’autres termes, et si on se passait d’élections ?
Une étude d’opinion est massivement relayée depuis plusieurs jours : le quotidien Libération explique le 21 août qu’une «majorité relative de Français est favorable à ce que le Premier Ministre Gabriel Attal conserve son poste». Le journal poursuit : «Gabriel Attal arrive premier des 35 personnalités testées, avec 40 % d’opinions favorables.» La belle affaire.
Le Figaro reprend le même sondage, commandé par le média néolibéral Challenges: «Gabriel Attal se place en tête du classement, devant 34 autres personnalités testées par l’institut».
Europe 1, juste après les législatives, titrait déjà : «Selon notre sondage CSA pour Europe 1, CNews et Le Journal du Dimanche, le président du Rassemblement national Jordan Bardella se place comme la personnalité politique la plus citée pour être nommée en tant que Premier ministre.» Après avoir mené une campagne non dissimulée en faveur de l’extrême droite, les médias sont déçus du résultats, et tentent de faire comme s’il n’avait pas existé.
Maintenant que les mouvements sociaux ont été écrasés à coups de grenades, que les syndicats ne sont plus écoutés, que les associations ont été mises au pas, pourquoi s’embarrasser encore du vote des français ? Autant composer le gouvernement directement avec les éditorialistes et les milliardaires ! Dans le monde rêvé de nos dirigeants, il suffit de sondages bidons pour diriger le pays, c’est plus fiable qu’un peuple qui vote mal. Malgré tous les efforts pour le manipuler.
Ainsi, Gabriel Attal, héritier millionnaire biberonné aux grandes écoles privées, n’ayant jamais travaillé et dont le seul projet est d’humilier et de martyriser la population, serait adoré des français. Juste devant Jordan Bardella. Et étonnamment, aucune figure du Front Populaire, force politique pourtant arrivée en première position le 7 juillet dernier.
Rappelez-vous à quel point ces enquêtes d’opinion n’ont aucune valeur : avant cela, les sondages avaient vendu Dominique Strauss-Kahn comme «préféré des français» en 2011, pour tenter de le faire élire sans succès, puis Macron en 2016, avec succès cette fois-ci l’année suivante. Les mêmes instituts expliquaient que Fabien Roussel était la «personnalité préférée à gauche» il y a quelques mois, et avant lui le ministre d’extrême droite Manuel Valls, l’hyper-répressif Cazeneuve et autres chouchous des milliardaires. On a compris : les dominants désignent à la fois leurs favoris et sélectionnent leurs opposants.
Cela s’appelle la fabrique de l’opinion, et c’est désormais fait sans aucune subtilité. Les riches qui possèdent les médias commandent des études sur mesure pour installer l’idée qu’une dictature serait finalement une bonne idée.
Le 13 février 2024 par exemple, les médias annonçaient avec gourmandise que «23% des Français sont favorables à ce que la France soit dirigée par l’armée». Dans la foulée, une avalanche de sondages douteux destinés à préparer l’opinion à une guerre voire à un régime militaire était diffusés, par exemple que la majorité des français seraient «favorables au retour du service militaire» ou encore qu’«un jeune sur deux» serait prêt à partir sur le front ukrainien. Sur RTL, un chroniqueur se félicitait : «On est dans une situation, un contexte, où l’antimilitarisme, qui caractérisait des époques antérieures, a plutôt disparu».
Mais ce n’est pas tout. En mars dernier, une autre opération de manipulation était organisée par BFM qui titrait : «Alors que le gouvernement prépare une nouvelle réforme de l’assurance chômage, 32% des Français estiment qu’il faudrait tailler dans les allocations des chômeurs pour baisser les dépenses publiques». À l’écran, ce gros titre : «près d’un tiers des Français favorables à des coupes budgétaires sur les allocations chômage».
Il s’agissait, ici encore, de préparer les esprits à l’un des plus grands reculs sociaux des dernières années. Le mensonge était total, puisque le sondage disait en réalité que 36% des français veulent «baisser les dépenses sur les aides aux entreprises» pour faire des économie. C’était la réponse arrivée en tête, que BFM n’avait évidemment pas mise en avant, préférant promouvoir la réforme gouvernemental.
Autre exemple : «en cas de débordements après les élections, Emmanuel Macron pourrait activer l’article 16 de la Constitution» titrait le 19 juin au matin le média de Bolloré Europe 1. «Emmanuel Macron a discuté de cette hypothèse avec plusieurs proches». L’Article 16 est une mesure de la Cinquième République qui donne les pleins pouvoirs au président. Il instaure une dictature sensée être temporaire. Cet article exceptionnellement grave est en principe prévu en temps de guerre. Pourquoi sortir cela dans la presse ? En politique, on appelle cette méthode un «ballon d’essai». Un dirigeant fait une annonce extrêmement violente pour voir le résultat. Et s’il n’y a pas trop de réactions, il sait qu’il pourra l’appliquer plus tard.
Un autre refrain revient en boucle depuis deux ans : Macron voudrait modifier la Constitution pour faire un troisième mandat. Ce sont des «fuites» prononcées par différents proches du président aux médias depuis 2023. Il s’agit ici encore d’un ballon d’essai pour préparer les esprits à un éventuel coup de force.
Derrière toutes ces opérations, il y a le même fil rouge : un pouvoir autoritaire au service des riches qui ne veut pas lâcher le pouvoir, et des médias aux ordres qui font tout pour installer une dictature soft, pour la rendre acceptable. Nous sommes déjà la seule démocratie d’occident où un président ne reconnaît pas une élection, après avoir gouverné par procédures d’exception, le 49.3, en se passant du vote des députés depuis deux ans. Peu à peu, nous sommes entré dans une zones grise, dans un régime hybride, et il ne reste plus grand chose pour basculer. Il faut juste tordre les esprits suffisamment.
Rappelons pour finir qu’en 2019, un autre sondage avait été réalisé dans plusieurs pays européens sur des milliers de personnes et donnait un aperçu de la colère qui couve en France. Selon cette étude, quasiment 40% de la population française attendrait une révolution. Un record. Et surtout, un chiffre très loin au-dessus de tous les pays voisins. Les experts parlaient d’un «chiffre absolument spectaculaire» qui serait «la marque d’une radicalité très présente». Pas sûr que ce niveau ait diminué depuis, mais nos sondeurs se gardent bien de recommencer l’exercice, il ne faudrait surtout pas que la populace connaisse le niveau réel d’exaspération.
3 réflexions au sujet de « Fabrique du consentement : «Et si on se passait d’élections ?» »
Saccager une démocratie en PLS, voilà le programme d’un bloc bourgeois qui se sert du vote des électeur.trice s comme d’un paillasson servant à essuyer leurs grands sabots de fachos.
La consultaion des autres partis politiques qui va se faire dès aujourd’hui , c’est du bidon, Macron connaît leurs programmes et à déjà en tête le nom du futur premier ministre. Macron va parfaire son coup : :donner une appearance d’écoute tout en rejetant le résultat des urnes de la même façon qu’ il donne une apparence de démocratie ressentie (même si elle est en PLS) alors que nous sommes face à un réel régime autoritaire, ou qu’il donne l’apparence d’agir pour tout un peuple quand il n’est que le président d’un bloc bourgeois parasite, capitaliste, anti social et ecocidaire.