France : plus de 2000 enfants dorment à la rue, un quart d’entre-eux ont moins de 3 ans


«Nous qui avons vécu pendant plus de deux semaines dans un pays où on a eu le sentiment que l’air était plus léger (…) On n’a pas envie que la vie reprenne ses droits» a déclaré Emmanuel Macron le 12 août dernier après la clôture des JO de Paris, lors d’une réception dans les jardins de l’Élysée.


Des enfants à la rue arborent des autocollant du DAL, l'association pour le droit au logement.

Il est probable que ce ne soit pas un sentiment partagé par les centaines de familles qui dormaient pendant ce temps-là dans les rues de Paris, des grandes métropoles, ou en campagne. La vie, la vraie, ce n’est pas le luxe ou les dîners fastueux dans les palais, ni la mise en spectacle grotesque de grandes compétitions sportives. Sur 4,2 millions de mal-logés en France, 300.000 personnes dorment à la rue. Parmi elles, plusieurs milliers d’enfants. Aucun air de légèreté ne plane sur ces familles en grande précarité.

Ce jeudi 29 août, UNICEF France et la FAS – Fédération des Acteurs de la Solidarité – publiaient leur sixième baromètre des «enfants à la rue» . Cette étude annuelle est une analyse des demandes d’hébergement du 115 pour le jour du 19 août 2024. Le 115 est le numéro d’appel national d’urgence social, service géré par le SIAO – Service Intégré d’Accueil et d’Orientation – à l’échelle des départements, dispositif mis en place par l’État et complètement piloté par les services de la préfecture.

Cette année, ce baromètre révèle encore «une augmentation alarmante du nombre d’enfants sans abri, malgré les alertes répétées et les recommandations formulées». Une semaine après la fin des JO de Paris 2024, il y avait en France plus de 2.000 enfants sans solution d’hébergement, dont 467 de moins de 3 ans ! Un chiffre en hausse de 120% par rapport à 2020.

Et encore, l’étude précise que de nombreuses personnes n’arrivent pas à contacter le 115, dont les services sont complètement saturés dans certains départements. Il faut parfois plusieurs dizaines de tentatives pour arriver à joindre un·e répondant·e, et renouveler ces efforts quotidiennement pour espérer obtenir un hébergement, même provisoire. Sur ces chiffres absolument scandaleux, le rapport rappelle que «les mineurs non accompagnés sans-abri et les familles vivant en squats ou en bidonvilles ne sont pas comptabilisés». C’est donc une estimation à minima que révèle cette étude.

Macron mène une guerre sociale totale : lui et sa clique ont participé activement à promulguer des lois anti-pauvres qui criminalisent les occupations de logements vides, à durcir les conditions d’accès aux droits sociaux comme l’accès au RSA , à discriminer les personnes sans-papiers en limitant l’accès aux aides sociales. Avant l’été, les autorités expulsaient les personnes en situation d’extrême précarité qui vivaient dans les squats et autres campements de la région parisienne, afin de pouvoir présenter la capitale sous son meilleur jour !

Pendant que certains célébraient les exploits des athlètes et étaient grisés de sentir le rayonnement de Paris et la France à l’international, embrigadés par la «ferveur» imposée quotidiennement par toute la presse mainstream, des centaines de familles dormaient dans nos rues, nos garages, nos halls d’immeuble et nos parkings. Des femmes qui sortaient de maternité quelques jours après avoir accouché, des nourrissons de quelques mois nourris au biberon, des enfants portant encore des couches, avec toute la logistique que cela implique… Des enfants et leurs parents soumis à de multiples formes de privation, exposés aux violences de la rue, au stress et à l’anxiété.

À 2 jours de la rentrée scolaire, pouvons-nous imaginer dans quelle situation et avec quel état d’esprit ces enfants s’apprêtent-ils à aller à l’école ? Comment se fait-il qu’une telle situation soit possible dans la 7ème puissance économique mondiale?

À quel moment avons-nous perdu notre humanité au point de s’habituer à (ré)entendre ces mêmes chiffres chaque année ? Une société qui ne prend pas soin de ses enfants est une société malade et décadente.

Les personnes sans-logements sont les conséquences directes de politiques néo-libérales et racistes promus par le gouvernement en place et les précédents. Dans la logique libérale, ces milliers d’enfants sans solution d’hébergement n’est pas un échec, c’est un aboutissement. L’aboutissement d’un système qui met en concurrence les humain·e·s, exclut celles et ceux jugés «indésirables», puis les discrimine et les marginalise.

En décembre 2017, Macron déclarait quelques mois après son élection : “La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus d’ici la fin de l’année avoir des femmes, des hommes, dans les rues, dans les bois ou perdu. C’est une question de dignité, une question d’humanité”.


C’est le fameux en même temps macroniste. Le mensonge dans la parole publique, la violence dans les actes.


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Une réflexion au sujet de « France : plus de 2000 enfants dorment à la rue, un quart d’entre-eux ont moins de 3 ans »

  1. Il faut en finir avec la propriété privée lucrative, comme il faut en finir avec cette société capitaliste absurde et ses Airbnb.

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