Liban : extension du massacre colonial israélien


La popularité de Netanyahou, qui était au plus bas avant le 7 octobre, ne cesse de remonter depuis : plus la guerre dure et s’intensifie, plus le régime colonial se consolide.


Un bombardement israélien sur le Liban hier : un véritable massacre.

Israël est un État fasciste et messianique, animé par une pulsion de mort, seule à même de maintenir sa cohésion et de faire taire les oppositions internes. Ainsi, il n’a qu’une solution, la fuite en avant et l’extension de la guerre : Gaza, la Cisjordanie, puis le Liban.

Depuis lundi, les bombardements lancés par Israël contre le Liban ont fait plus de 700 morts, la plupart civils, dont 50 enfants. Cela représentera bientôt autant de victimes civiles en quelques jours que la précédente guerre du Liban, en 2006, qui avait duré plusieurs semaines. Israël est en train d’appliquer la même logique qu’à Gaza.

Au total en un an, plus de 1500 personnes ont été tuées au Liban par les tirs israéliens, selon les autorités. Le Liban connaît sa période «la plus meurtrière en une génération», a affirmé l’ONU, ajoutant que le système de santé y est «complètement débordé».

L’Organisation internationale pour les migrations évalue à plus 200.000 le nombre de déplacés au Liban depuis octobre 2023. Plus de 30.000 personnes, en grande majorité des Syriens, ont fui le Liban vers la Syrie au cours des dernières 72 heures, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations Unies. «Ils passent d’un pays en guerre à un pays plongé dans un conflit depuis 13 ans, un choix extrêmement difficile» explique le HCR. Par ailleurs, «30.000 personnes sont privées d’accès à l’eau potable» dans l’est et le sud du Liban. Une crise humanitaire majeure est déjà en cours.

À celles et ceux qui justifient l’attaque du Liban par les tirs contre Israël, rappelons que depuis un an, Israël a tiré 3 fois plus de bombes sur le Liban que le Hezbollah sur Israël. À la grosse différence qu’Israël possède un «dôme de fer» qui intercepte les projectiles, alors que le Liban n’est pas protégé des armes ultra-sophistiquées et beaucoup plus puissantes envoyées par Israël.

L’ambassade de France au Liban a annoncé la mort d’une française de 87, après «l’effondrement d’un immeuble suite à une forte explosion survenue à proximité» dans un village libanais. Une formulation alambiquée pour ne pas dire : «tuée par un bombardement israélien». La France réagira-t-elle à la mort d’une de ses ressortissantes ? Probablement pas. Pas plus qu’elle n’a réagi suite à la mort de français à Gaza, y compris un employé du consulat, ou suite aux bombardements contre ses bâtiments. Israël a tous les droits.

La doctrine exterminatrice israélienne a été inventée au Liban en 2006 : c’est la doctrine Dahiya. En «représailles» de tirs de roquettes, l’état-major israélien prônait l’usage disproportionné de la force en milieu urbain, sans aucune distinction entre cibles civiles et militaires dans un but de «dissuasion». Un quartier densément peuplé de la banlieue sud de Beyrouh en a fait les frais : Dahieh ou Dahiya. Il y a eu des centaines de morts.

En octobre 2008, le général israélien Gadi Eizenkot avait expliqué à l’agence Reuters : «Ce qui est arrivé au quartier Dahiya de Beyrouth en 2006 arrivera à tous les villages qui servent de base à des tirs contre Israël. […] Nous ferons un usage de la force disproportionné [sur ces zones] et y causerons de grands dommages et destructions. De notre point de vue, il ne s’agit pas de villages civils, mais de bases militaires. […] Il ne s’agit pas d’une recommandation, mais d’un plan, et il a été approuvé. […] S’en prendre à la population est le seul moyen de retenir le Hezbollah». 16 ans plus tard, c’est la même doctrine qui est toujours appliquée.

Les crimes contre l’humanité sont donc planifiés, assumés et théorisés depuis des années par l’armée israélienne. C’est dans cette même logique que Netanyahou déclare à présent, avec un cynisme infini dans un «message au peuple libanais», que le Hezbollah aurait caché «des roquettes dans vos salons et des missiles dans vos garages», et leur dit de quitter leurs domiciles sous peine d’être pulvérisés. Mais pour aller où ?

Le 27 septembre, Netanyahou a eu le culot d’aller faire un discours à l’ONU au moment même où son armée bombardait Beyrouth. Il a ainsi démontré que le droit international ne vaut plus rien aux yeux de ses dirigeants. Lors de cette allocution, une grande partie des représentants des pays des Nations Unis ont quitté la salle, montrant une nouvelle fois l’isolement de l’État colonial sur la scène internationale. Mais tant qu’il reste couvert par les USA, il peut continuer.

Enfin, le régime israélien envisage d’envahir le Liban par voie terrestre. Le chef d’état-major israélien a expliqué à ses troupes : «Vous entendez les jets au-dessus de votre tête ; nous avons frappé toute la journée. Il s’agit à la fois de préparer le terrain pour votre éventuelle entrée et de continuer à dégrader le Hezbollah». Bombarder puis envahir : la même stratégie qu’à Gaza.

«Nous essaierons de faire aussi court que possible» a déclaré un responsable militaire à des journalistes, sous couvert d’anonymat. «Je pense que nous nous y préparons tous les jours, et il est certain que nous disposons de ce moyen». Et Netanyahou a dit qu’il fallait «continuer d’utiliser la force».


L’Occident laissera-t-il encore l’État colonial semer la mort au delà de ses frontières, où s’opposera-t-il enfin à son gouvernement hors contrôle ?


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