Dans la grande inversion du réel et la grande destruction du sens des mots qui caractérise notre époque, il y a aussi les injonctions contradictoires, au point d’en être scandaleuses. Leur objectif ? Détruire tous les repères et que plus personne ne croie en rien.
Un exemple le 11 novembre 2024, dans le cadre des commémorations de la fin de la Première Guerre Mondiale. Le Premier Ministre Michel Barnier s’est adressé à la jeunesse française :
«Devant les difficultés personnelles, mais aussi face aux grands défis du monde, on peut avoir la tentation de se résigner à un sentiment d’impuissance. Mais il y a une autre voie, qui consiste à faire face, à relever la tête et à agir. Engagez-vous ! Engagez-vous pour le climat, contre la pauvreté, la précarité, l’isolement, engagez-vous pour la transmission de notre patrimoine, notre histoire, notre culture».
Michel Barnier a ajouté : « si vous ne vous occupez pas de politique, c’est la politique qui s’occupe de vous », mais aussi appelé à un « sursaut collectif » pour faire face aux menaces, comme le « poison insupportable de l’antisémitisme et du racisme » et « pour faire respecter partout les valeurs de solidarité » et « l’esprit de fraternité ».
L’homme qui déclame cet appel à s’engager pour le climat, contre l’extrême droite et l’injustice sociale est le chef du gouvernement le plus anti-social et le plus anti-écologique depuis des décennies.
Il a été imposé par un coup de force suite à une défaite électorale du macronisme, dans le cadre d’une alliance avec le Rassemblement National.
Celui qui appelle les jeunes à s’engager «pour le climat et contre la précarité» est littéralement celui qui déchaine une répression féroce contre ceux et celles qui luttent pour défendre l’écosystème et obtenir des droits sociaux. Le gouvernement Barnier compte littéralement des lobbyistes du pétrole et impose des mégabassines, des travaux d’autoroute et autres projets destructeurs.
Celui qui appelle à s’opposer à la «précarité» est en train d’imposer des mesures qui vont jeter dans la précarité des millions de personnes, et il prépare le plan d’austérité le plus violent depuis la seconde guerre mondiale.
Michel Barnier est un homme qui a consacré sa vie à augmenter la pauvreté, à détruire les services publics et à assurer les intérêts des plus riches. Âgé de 73 ans, il n’a jamais vraiment travaillé puisqu’il a commencé sa carrière politique il y a plus de 50 ans, sous le président Pompidou, quand la majorité des français-es n’étaient même pas né-es.
Il a enchaîné les postes de conseiller et les mandats grassement rémunérés, en France mais aussi auprès de l’Union Européenne. Des fonctions planquées et prestigieuses dans les palais dorés du pouvoir, sans fatigue physique et agrémentées de privilèges indécents. Selon le calcul de l’hebdomadaire Marianne, Michel Barnier peut d’ors et déjà percevoir une retraite de 28.270 euros par mois. Il aura au moins réussi à lutter contre sa propre précarité.
En 2021, Michel Barnier trouvait que Macron n’allait pas assez loin en matière de néolibéralisme et appelait à «diminuer un peu plus les impôts» pour les entreprises, en faisant un cadeau de 20 milliards d’euros aux patrons, et à augmenter la TVA, un impôt régressif qui pénalise les plus pauvres. Il proposait aussi de repousser l’âge de la retraite à 65 ans, d’augmenter le temps de travail, de couper les allocations chômage après deux offres d’emploi refusées… Il a voté contre la dépénalisation de l’homosexualité en 1981 et contre le remboursement de l’IVG en 1982, au début de sa longue carrière politique.
Sur le plan répressif, il annonçait en 2021 son souhait de construire 20.000 places de prison supplémentaires, c’est à dire aller toujours plus vers la solution du tout carcéral, alors qu’il n’y a jamais eu autant de détenus en France : presque 80.000.
Sur l’immigration, Michel Barnier est sur une ligne xénophobe entièrement compatible avec le RN. Il appelait à un «double électrochoc sur la sécurité et l’immigration», avec notamment la fin de l’Aide Médicale d’État, c’est-à-dire la suppression de l’accès aux soins pour les étrangers.
En clair, Barnier demande à la jeunesse de s’engager contre l’intégralité de son héritage politique.
Ce n’est pas la première fois que nos dirigeants s’amusent à nous provoquer avec des discours diamétralement opposés à leurs choix politiques réels. Macron a répété que l’écologie et la cause des femmes seraient les priorités de ses derniers mandats, ou qu’il n’y aurait plus de sans-abris avant la fin de l’année 2017. Il avait aussi repris la formule « Nos vies valent plus que leurs profits » : littéralement un slogan de campagne du NPA, parti trotskiste et anticapitaliste. Enfin, paroxysme du foutage de gueule, Macron avait « conseillé aux jeunes » de lire Karl Marx, avant de réhabiliter Pétain et d’appliquer le programme du RN.
À plusieurs reprises ces dernières années, Macron avait aussi publiquement insisté sur le fait que reculer l’âge de départ en retraite est “injuste” et “hypocrite”. Il s’est même engagé, plusieurs fois, à ne pas toucher aux retraites. Avant d’imposer en 2023 une réforme violente et injuste par 49.3, contre l’avis de l’écrasante majorité des français et face au plus grand mouvement social depuis 1968.
Enfin, en 2019 à Genève, Macron avait fait une envolée lyrique contre le “capitalisme devenu fou”, ajoutant que “quand le peuple ne trouve plus sa part de progrès, il ne peut plus adhérer à un régime politique”. Oui, il a osé le dire, c’est réel, vous pouvez vérifier sur n’importe quel moteur de recherche.
2 réflexions au sujet de « Il a osé le dire : «Engagez-vous pour le climat» »
La bourgeoisie à concience de la saloperie qu’elle représente pour l’humanité et le monde du vivant en générale
745 millions en moins pour l’écologie dans le budget 2025 et cet raclure de Barnier ose dire engagez vous pour le climat. J’espère qu’il prendra en pleine tronche les effets d’une tempête sociale et environnementale qui mettra tout ce ramassis de la bourgeoisie dans le trou