Le 18 novembre 1984 : Éloi Machoro brisait une urne en Kanaky


Pour cette date anniversaire, un collage lui rend hommage dans les rues de Nantes


Il y a précisément 40 ans, le 18 Novembre 1984, Éloi Machoro – un des responsables du FLKNS, Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste, qui venait alors d’être créé – une coalition de différents mouvements indépendantistes Kanak et non-Kanak, marque l’histoire avec un geste qui deviendra le symbole du boycott actif des élections territoriales de 1984.

Le scrutin est alors une tentative de l’État colonial français de maintenir son contrôle sur le territoire de Kanaky et de renforcer la domination des loyalistes sur les indépendantistes. Notamment par un mode de scrutin électoral qui sur-représentante le seul pôle urbain de l’archipel – Nouméa, où vivent en grande majorité les populations de colons non-kanak, limitant ainsi le poids électoral des populations Kanak vivant dans tout le reste du pays.

Ce 18 Novembre 1984 donc, dans un contexte tendu, Éloi Machoro se rend dans le bureau de vote de sa commune d’origine, Canala. Devant les membres du personnel électoral, Éloi Machoro brandit alors une hache avec laquelle il vient briser l’urne, symbole de toute l’injustice et de l’hypocrisie du système colonial français. La presse est présente et une photo est prise : désormais ce geste et son auteur deviendront un exemple de résistance face à l’oppression et la violence structurelle du colonialisme.

Éloi Machoro, que la propagande gouvernementale décrit comme un « leader radical et dangereux », devient dès lors une cible à abattre pour l’État colonial français. Son geste marque aussi le début de la révolte Kanak : des barrages routiers sont construits, tenus jours et nuits par des militant-es, et de larges zones du territoire sont contrôlées par les indépendantistes, suscitant tensions et affrontements avec l’armée coloniale française et les milices loyalistes.

Quelques semaines plus tard, le 12 janvier 1985, Éloi Machoro sera assassiné par le GIGN lors de l’attaque de la maison dans laquelle il s’était retranché avec un camarade.

Sa popularité est toujours célébrée en Kanaky et sa mémoire inspire aujourd’hui toute une partie de la jeunesse Kanak, bien consciente du rôle de la lutte populaire et radicale face aux oppressions de l’État colonial français. Ce geste résonne avec force, alors que la question d’un référendum faisant la part belle aux colons et dépossédant les Kanak a été relancée par Macron et à rallumé l’incendie en Kanaky depuis plusieurs mois.

Des anonymes solidaires du peuple Kanak ont souhaité marquer ce quarantième anniversaire en placardant des dizaines d’affiches de cette fameuse scène, créées pour l’occasion, dans les rues de Nantes. Comme une invitation à réfléchir à ces actes de résistance, dont nous manquons parfois de nous inspirer…

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Une réflexion au sujet de « Le 18 novembre 1984 : Éloi Machoro brisait une urne en Kanaky »

  1. Qui était aux manettes de l’État français alors ? 🤔 J’ai un trou… j’ai la mémoire qui flanche, jme souviens plus très bien…

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