Contre Attaque vous propose une série de 5 articles pour mieux comprendre l’intelligence artificielle. Quelle est son histoire et son état à l’heure actuelle, ses pratiques dans le domaine militaire, son impact sur l’environnement et que faire des ses “exploits” ? Le domaine de l’intelligence artificielle est gigantesque et les investissements dans ce domaine augmentent de 30% chaque année. Chaque jour des nouveautés apparaissent, cette série d’articles ne prétend pas être exhaustive mais donne des clés de lecture pour une techno-critique de l’IA qui s’impose dans nos sociétés.
L’effet rebond, ou quand la consommation augmente avec l’efficacité énergétique
La rengaine est toujours la même : l’IA va faire gagner en efficacité et donc réduire les émissions de CO2. Sauf que c’est entièrement faux. Selon le principe de l’effet rebond, une technologie censée résoudre un problème écologique par le gain d’efficacité va finalement engendrer plus de consommation. En effet, les limitations économiques liées à la rentabilité d’un projet vont être levées par l’apport de cette nouvelle technologie, résultant d’un usage plus important de la technologie que la précédente. Les gains écologiques sont perdus dans le sur-usage de cette technologie.
Microsoft, Google… tous font volte-face sur leurs engagements écologiques. Google a par exemple annoncé en 2024 une augmentation de ses émissions de CO2 de 13% en un an et de 48% sur 5 ans. En 2020, si le numérique était un pays, il aurait été le 6ème plus gros émetteur de gaz à effet de serre du monde. Et c’était avant la mise à disposition des IA génératives comme ChatGPT qui, pour une seule requête, consomme 4 à 5 fois plus d’énergie qu’une recherche Google.
Rien que le coût électrique de l’entraînement de ChatGPT-3 serait équivalent à 205 allers-retours Paris – New York, soit 502 tonnes de CO2. Pour rappel, les engagements pris en 2015 lors de la COP21, largement méprisés par l’ensemble des gouvernements occidentaux, sont fixés à 2 tonnes de CO2eq par habitant et par an. 2 tonnes d’équivalent CO2 c’est un aller-retour Paris – New York en avion.
Une autre manière de résumer cette consommation énergétique passe par une comparaison humaine. En moyenne un humain peut produire avec ses jambes environ 200Wh pendant une heure. ChatGPT a nécessité 1287Mwh pour être entraîné. Soit l’équivalent de 6,435 millions d’humain qui pédalent. Vertigineux. Et ceci n’est que pour entraîner ChatGPT-3. À cela doit s’ajouter la consommation annuelle pour répondre aux requêtes des utilisateurs.
Il est à noter que ChatGPT-3 est déjà obsolète : 2 ans après sa sortie, ChatGPT-4 voyait le jour en mai 2024. Cette IA de dernière génération est capable de générer du texte de manière encore plus précise, mais aussi de générer une voix humaine. À l’heure d’écrire cet article ChatGPT-5 est déjà dans les tuyaux, et ceci n’est que pour OpenAI. Bien entendu il s’agit d’une course dans laquelle Google, Amazon, Microsoft, Apple ou encore Twitter / X développent aussi leurs propres intelligences artificielles.
Un désastre écologique sur tous les plans
Le bilan carbone désastreux n’est qu’une des multiples facettes de la participation de l’intelligence artificielle au désastre écologique en cours. En effet l’intelligence artificielle nécessite la mise en place de «DataCenter», des centres de données prenant la forme de bâtiments gigantesques climatisés, ce qui accroît l’artificialisation des sols.
Dans ces centres de données se trouvent des serveurs, des machines qui entraînent l’IA et les rendent accessibles partout dans le monde. Ces serveurs sont aussi composés de disques durs afin de stocker la quantité astronomique de données nécessaire. Et afin de ne pas risquer de perdre ces données, celles-ci sont dupliquées plusieurs fois pour permettre une sauvegarde robuste. Ces composants doivent être refroidit et ce sont essentiellement des technologies consommatrices en eau qui sont utilisées. En 2022, Microsoft reconnaissait avoir consommé 6,4 millions de m3 d’eau. Cela représente 10 mégabassines comme celle de Sainte-Soline, que l’État a défendu par une répression inouïe.
La construction de serveurs nécessite des métaux rares, comme le cobalt, le lithium, l’indium, le tungstène ou encore le zirconium. Ces métaux ne sont pas si rares que cela sur la planète, mais ils doivent ce nom à leur dilution dans l’écorce terrestre. C’est-à-dire qu’il faut extraire beaucoup de matière pour en récolter un peu. Par exemple le fer, très présent sur terre, contient un métal rare : le néodyme. Pour un 1kg de fer on peut extraire en moyenne 1g de ce métal.
Cette dilution explique pourquoi l’extraction des métaux rares est un désastre écologique : il s’agit d’extraire des quantités astronomiques de roches pour les raffiner et en extraire ces sous-produits. Les sites d’extraction se situent notamment en Chine et dans certains pays d’Afrique, où les normes environnementales sont très minimes. Des produits toxiques sont rejetés massivement dans les terres et empoisonnent les populations locales. À cela s’ajoute l’exploitation des enfants et les effets d’un capitalisme colonial grandissant.
Les centres de données ne sont pas connectés entre eux et avec les ordinateurs par la voix des airs, mais par des câbles déposés dans les océans entre 30 mètres et plusieurs kilomètres de fonds. Aujourd’hui 98% des données numériques mondiales circulent par ces câbles. Avec une durée de vie de 20 à 25 ans, il faut régulièrement les remplacer. Mais parfois ces câbles sont arrachés par un chalutier, nécessitant d’être réparés ou remplacés prématurément. C’est par exemple le cas au large d’Ostende, en Belgique, où un câble a été réparé plus de 91 fois. Ce sont donc, comme l’ensemble des infrastructures du numérique et donc de l’IA, des consommables qui doivent être constamment renouvelés, épuisant toujours plus les ressources planétaires.
Ces câbles sont relativement récents : jusqu’à la fin des année 1980 c’était des satellites qui transmettaient les données. Mais l’arrivée de la fibre a modifié les infrastructures pour s’orienter davantage vers des câbles. Aujourd’hui cette connexion par câble ne suffit plus et Elon Musk, à travers le projet Starlink, déploie des satellites dans le ciel pour délivrer une connexion internet. Ces satellites s’ajoutent donc aux câbles mais aussi aux satellites préexistants. Starlink s’était fait remarquer car des trains de satellites générant de la pollution lumineuse avaient colonisé le ciel à son déploiement.
Si certaines de ces infrastructures sont mutualisées avec d’autre usages du numérique et que l’entièreté de l’impact environnemental ne peut être attribuée à l’IA, la croissance exponentielle de celle-ci implique toujours plus d’infrastructures pour toujours plus de désastre. Pourtant l’ensemble des exemple précédents montre déjà largement l’impact à tous les niveaux du numérique. La dégradation de l’environnement par l’intelligence artificielle est donc multifactorielle et exponentielle : aucun progrès technique ne peut permettre de réduire cet impact. La seule réduction de son empreinte environnementale passe par une réduction de l’usage de ces machines et des infrastructures associées.
Prochain et dernier épisode : Les exploits de l’Intelligence Artificielle
Les épisodes précédents sont ici :
Une réflexion au sujet de « IA #04 : L’intelligence artificielle et la poursuite du saccage environnemental »
Il faut mettre toute la bourgeoisie et ses groupes facsistes et néo-nazies sous OQTL : OBLIGATION DE QUITTER LE POUVOIR et empecher qu’une internationale brune puisse continuer à massacrer impunément des pans entiers de l’humanité ou que plus de la moitié de la planète ne devienne inhabitable. L’IA détruit l’environnement et couplé à la connerie humaine ça ne va pas fait pas bon ménage.