Une meute qui hurle «Paris est nazi !», un homme tabassé au sol par un commando armé : ce sont les images captées le dimanche 16 février 2025 au soir, en plein Paris, où un syndicaliste a été poignardé.

La scène a eu lieu dans le 10ème arrondissement de la capitale, au cœur d’un quartier à forte population Kurde, dans les locaux de l’Association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie. Ce lieu accueillait une soirée cinéma organisée par le mouvement Young Struggle, une organisation de jeunesse internationaliste et antifasciste. Le film projeté par ce collectif était « Z », du réalisateur Costa-Gavras, sorti en 1969 et qui dénonçait la montée de la terreur fasciste en Grèce, avec le soutien de la police et de l’armée. Un sinistre écho de la situation actuelle.
Une trentaine de néo-nazis, dont certains portaient des casques de moto, ont donc attaqué cette soirée, ont tabassé les participant-es et poignardé un syndicaliste de la CGT, dont le pronostic vital a été temporairement engagé. Deux personnes ont été hospitalisées.
Le chef de meute néo-nazi a donné calmement le signal de départ, puis le groupe a crié «Paris est nazi, Lyon est nazi aussi». Un autocollant laissé sur place ressemble à une revendication : «KOB veille», avec un dessin de bulldog : la signature d’un groupe de hooligans d’extrême droite parisien. Le slogan évoque celui utilisé par l’OAS – organisation Armée Secrète – groupe terroriste pour l’Algérie française, qui a tué des milliers de personnes opposées au colonialisme, et qui revendiquait sur ses affiches «OAS veille».
Le mouvement Young Struggle dénonce «une attaque visant clairement à empêcher l’organisation des travailleurs immigrés et la lutte de la jeunesse anticapitaliste et antifasciste organisée». Une manifestation spontanée a eu lieu dimanche soir dans les rues de Paris, juste après les faits. Une enquête pour tentative d’homicide volontaire a été ouverte par le parquet de Paris. Le mode opératoire fait penser à de précédentes agressions commises à Lyon ces dernières années : des antifascistes avaient été poignardés en pleine rue par des militants néo-nazis, dans le but évident de tuer et de terroriser.
Cette attaque d’extrême droite intervient alors que la justice a définitivement annulé la procédure visant un commando néo-nazi qui avait préparé une attaque contre des supporters marocains fin 2022. Les faits étaient pourtant avérés et reconnus : le groupe avait été arrêté, lourdement armé, il était prêt à tuer des personnes maghrébines au cœur de Paris.
Parmi les personnes arrêtées à l’époque, un certain Marc Caqueray-Valmeunier, néo-nazi issu d’une famille de l’aristocratie, aujourd’hui embauché par Bolloré comme homme de main. La justice vient de décréter d’un vice de forme, et donc abandonne toutes poursuites, parce que la police n’avait pas correctement placé les armes saisies sous scellé. Un tel niveau d’incompétence relève de la complicité organisée, surtout dans un contexte hyper répressif et implacable à l’égard des mouvements sociaux, anti-racistes et écologistes.
Cette agression criminelle contre l’opposition turque et le mouvement kurde fait également écho à l’attentat d’extrême droite commis le 23 décembre 2022 dans le même quartier. Un criminel raciste de 69 ans, déjà condamné pour une attaque armée contre des exilés, ouvrait le feu sur le centre culturel Kurde de Paris et plusieurs commerces environnants appartenant à la communauté. Trois personnes étaient assassinées. Le mouvement kurde avait déjà pointé l’incurie des autorités françaises dans cette affaire.
C’est le mouvement internationaliste qui est à nouveau ciblé, la solidarité doit être totale, il faut rendre coup pour coup.
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