Au moment où des manifestants de Sainte-Soline passent en procès à Niort, le tribunal de Paris abandonne les poursuites contre des néo-nazis
Les faits remontent au 14 décembre dernier à Paris, le soir du match France-Maroc de la coupe du monde de football masculin. Une bande de plusieurs dizaines de militants d’extrême droite cagoulés était arrêtée en possession de sacs remplis d’armes. Leur projet ? Aller tabasser, voire tuer puisqu’ils avaient des armes blanche, des supporters marocains sur les Champs-Élysées. Ils ont sur eux des gazeuses, matraques, marteaux, protections… Ils disposent également d’une «carte de légionnaire et d’une carte de circulation militaire» selon Le Monde.
38 interpellations. Tous remis en liberté. Y compris le meneur, le rejeton d’une dynastie de nobles, Marc De Caqueray-Valeunier. Ce chef de meute est couvert de tatouages nazis, notamment le symbole de la SS sur une jambe, et multiplie les violences depuis des années. Il était en première ligne pour agresser des Gilets Jaunes, puis lors d’une attaque d’un bar antifasciste parisien ou pour le passage à tabac de militants de SOS Racisme à un meeting de Zemmour, entre autres. En 2020, il diffuse même une photo de lui kalachnikov à la main, treillis sur le dos et symbole SS sur son gilet. C’était en Arménie, où le conflit contre l’Azebaïdjan est vu comme une guerre sainte pour l’extrême droite. Il s’est aussi rendu en Ukraine auprès du bataillon néo-nazi Azov. Il était à la tête d’un groupe ultra-violent dissout : les Zouaves Paris.
Le centième d’un tel pedigree du côté anticapitaliste vous envoie immédiatement en prison sous régime anti-terroriste. On ne compte plus les manifestant-es qui purgent de lourdes peines pour se simples présomptions. Mais pas pour ce néo-nazi. Est-il indicateur de police ? Protégé par son statut de fils de noble ? La justice apprécie-t-elle à ce point les fascistes ? Un peu tout ça à la fois, sans doute.
Les autres profils sont du même type, de grands bourgeois : l’un d’eux est en école de commerce à presque 20.000€ l’année, un autre est agent immobilier dans l’arrondissement le plus cher de France, un troisième veut être préfet… Tout pour plaire à la justice de classe.
La police semble avoir préparé le terrain pour la défense des nazis : un sac appartenant à l’un des prévenus aurait ainsi contenu des matraques mais ce sac a été «perdu» au cours de la procédure. D’ailleurs 31 individus arrêtés avaient déjà bénéficié d’un classement sans suite ou d’alternatives aux poursuites.
Ainsi, le procès de cette équipée raciste semblait ce précipiter vers une relaxe. Il devait avoir lieu ce vendredi 8 septembre. Pourtant, il n’y a même pas eu de procès… ils n’ont tout simplement pas été jugés. Sept hommes comparaissaient au tribunal de Paris. Trois militants de Rouen et quatre du GUD, un groupe néo-nazi. Avant même de débattre des faits, les juges ont tout simplement annulé toute la procédure pour «irrégularités». Terminé, pas de débat. Le tribunal estime que les arrestations des prévenus dans un bar n’étaient «pas dans le périmètre d’action assigné aux policiers» ce soir-là. Ils sont donc tous libres et ne seront jamais jugés.
Les sept nazis étaient eux-mêmes surpris. Selon Le Monde, ils «se sont pris dans les bras et congratulés». «Je n’y croyais pas» se réjouit l’un d’eux.
Le journaliste de Street Press Christophe-C Garnier écrit : «c’est bien la première fois de ma vie que je vois ça, les nullités soulevées par les avocats de la défense sont acceptées par le tribunal» et ajoute : «la salle est relativement sur le cul, si je puis me permettre».
En effet, des centaines de personnes arrêtées après la mort de Nahel ont été envoyées derrière les barreaux pour avoir ramassé une canette dans un magasin ou s’être trouvée au mauvais endroit, malgré des procédures inexistantes et sans la moindre enquête ni élément tangible.
Et cette décision intervient alors que des écologistes passent en procès à Niort, dans une ville totalement quadrillée par la police, accusés d’avoir appelé à manifester à Sainte-Soline.
Au mois d’août, un autre commando de néo-nazis qui avaient commis des violences avec arme à Angers après la mort de Nahel avait aussi été relaxé, malgré des éléments accablants. Les attaquants avaient été filmés par plusieurs témoins. Mais le juge avait estimé qu’ils avaient agi «en état de nécessité». La nécessité d’aller cogner des manifestant-es de gauche et des jeunes de banlieue qui passaient près d’eux sans doute…
La justice ne fait même plus semblant de donner l’illusion de la justice
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