Cette date reste gravée dans les esprits des dizaines de milliers de personnes qui étaient sur place : le 25 mars 2023, une grande manifestation contre les mégabassines avait réuni une foule immense dans les Deux-Sèvres. Souvenez-vous, à cette époque, la rage s’emparait du pays après l’usage du 49.3 pour imposer la réforme des retraites. En plein mouvement social massif et explosif, le gouvernement avait choisi ce 25 mars 2023 et la campagne de Sainte-Soline pour frapper les corps et terrifier les esprits.
Sur un terrain parfaitement maîtrisé, et malgré un immense courage des manifestant-es, les gendarmes lourdement armés et épaulés par des drones et des hélicoptères avaient eu la consigne de briser les forces de vives du mouvement social et écologiste. L’État avait transformé la zone en camp retranché. Une véritable zone de guerre selon toutes les organisations présentes. 5.000 grenades tirées deux deux heures, 3.200 gendarmes mobilisés pour protéger un trou dans la terre, des dizaines de milliers de personnes traumatisées, des cratères dans les champs provoqués par l’explosion des munitions répressives…
Plus de 200 personnes avaient été blessées dans cette manifestation contre l’accaparement de l’eau, dont plusieurs gravement mutilées. Et deux hommes plongés dans le coma, entre la vie et la mort.
Que s’est-il passé depuis ?
Le gouvernement a tenté de dissoudre les Soulèvements de la terre, sans succès, et a lancé d’importantes poursuites judiciaires contre les manifestant-es, en mobilisant parfois des moyens anti-terroristes, sans grands résultats. La mégabassine de Sainte-Soline et plusieurs autres ont été déclarées illégales par la justice. Les financements publics des bassines sont gelés, en attendant des études complémentaires.
À l’initiative du collectif Bassines Non Merci, 1.312 plaintes ont été déposées au printemps 2024 contre Gérald Darmanin, pour faux témoignage. Ce dernier avait en effet accumulé les mensonges : il avait affirmé à la télévision qu’aucune arme de guerre n’avait été utilisée par les forces de l’ordre ou que les gendarmes n’avaient pas tiré au LBD depuis les quads… Autant d’éléments factuellement faux, preuves à l’appui. La justice ignore délibérément les centaines de victimes de Sainte-Soline. Deux ans après la terrible répression, une seule une enquête pénale a été ouverte et aucune issue judiciaire ne semble se dessiner.
De nombreuses autres actions pour la défense de l’eau et du vivant ont eu lieu, souvent réussies, notamment des convois de l’eau et des désarmements. La répression n’a pas entravé la mobilisation.
Le 25 mars 2024, un an après, des dizaines de «méga-boums» avaient été organisées en souvenir de cette journée et pour les victimes de la violence d’État. Il ne s’agissait pas d’une démonstration de tristesse, mais au contraire de puissance. Devant la préfecture de Nantes, des camions de gendarmerie en papier mâchés avaient été incendiés devant une foule amusée.
Ce 25 mars 2025, à nouveau, des actions ont eu lieu partout en France, recense le collectif Bassines Non Merci. À Nantes, une banderole a été déployée sur le périphérique : « Souviens-toi de Ste-Soline ». À Rennes, à Poitiers et à Melle, les «méga-boums» ont rencontré un véritable succès, réunissant des centaines de personnes.
À Melle, un cortège a déambulé bruyamment jusqu’à la gendarmerie. Face aux sinistres agents armés, des banderoles ont été déployées, de la musique a retenti et 200 bougies ont été allumées et disposées aux pieds des gendarmes, formant le mot « NO BASSARAN ». Ce soir là, les détonations de feux d’artifices ont remplacé celles de grenades.
À Poitiers, la mère de Serge, miraculé après avoir reçu un tir en pleine tête et subi des semaines de coma, a livré son témoignage, des images de Sainte-Soline ont été projetées et une caserne militaire a été encerclée par 400 manifestant-es. Une réplique de lance-grenades multi-coups – une nouvelle arme de terreur utilisée par les gendarmes en Kanaky ces derniers mois – réalisée en papier mâché a été mise à feu.
Bassine Non Merci le rappelle : «La lutte est loin d’être terminée. Le gouvernement cherche toujours à imposer ce modèle néfaste ici et ailleurs. Des dérogations pourraient être accordées pour relancer les projets». La lutte continue donc, avec joie et détermination.
Retrouvez plus d’informations sur : www.bassinesnonmerci.fr et @soulevements.de.la.terre
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