
Macron le répète régulièrement depuis son élection en 2017 : il vise le «retour du plein emploi». Et pour y parvenir, tous les moyens sont bons, surtout les pires. Réforme du RSA, diminution de l’allocation chômage, cadeaux pharaoniques aux chefs d’entreprises… Les macronistes avaient promis que leurs recettes allaient «faire baisser le chômage» et «créer de l’emploi».
Selon le dogme de nos dirigeants, casser les droits des travailleurs et donner un maximum de subventions aux patrons allait magiquement les pousser à embaucher. En gros, le deal macroniste, c’était de faire souffrir les pauvres et d’être très gentil avec les riches, ce qui provoquerait magiquement la fin du chômage. Dans les faits, la souffrance augmente pour les pauvres, mais il n’empêche pas les licenciements de masse pour enrichir les plus riches.
L’information est tombée ce lundi 28 avril. Le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité – catégorie A – a augmenté de 8,7% au 1er trimestre 2025. Sur 1 an, l’augmentation est considérable : +12,8%. Et si l’on ajoute les demandeurs d’emploi des catégories B et C, cela représente plus de 5,7 millions de personnes contre 4,5 millions l’an dernier… Les médias s’empressent de nuancer ce bilan lamentable, en précisant que cette forte augmentation «résulte en partie d’une évolution des règles d’actualisation». Oui, mais sans cette évolution, il y aurait bien une augmentation quand même, seulement moins forte.
Pourtant, les chiffres du chômage sont déjà largement trafiqués pour invisibiliser les radiations, et de nombreux travailleurs et travailleuses précaires, à temps partiel contraint etc. En 2019, le durcissement des règles de Pôle Emploi avait permis des radiations massives : des personnes non inscrite mais réellement au chômage, des stagiaires, des personnes en temps partiel… À l’époque, la presse se félicitait d’un recul fictif.
Parmi les mesures pour «rétablir le plein emploi» donc, Macron a attaqué les règles de l’assurance chômage à plusieurs reprises. Par exemple, le 1er février 2023, la durée d’indemnisation des chômeurs a été réduite de 25% par décret. Il s’agissait là d’un vol pur et simple : tous les travailleurs sont taxés, la richesse qu’ils produisent est prélevée par l’État pour, ensuite, leur permettre de toucher cet argent en cas de perte d’emploi. L’indemnisation chômage n’est pas un «cadeau» : c’est une restitution, une sécurité. C’est du salaire différé. En baissant massivement – d’un quart ! – cette indemnisation sans aucune contrepartie, c’est tout simplement un braquage de l’argent des travailleurs et travailleuses.
Autre mesure : la réforme du RSA. 1,8 millions de personnes doivent justifier de 15h d’activité hebdomadaire ou perdre leur filet de sécurité de quelques centaines d’euros mensuels pour ne pas sombrer dans la pauvreté extrême. Cette réforme du RSA ne dégage quasiment pas d’économie, c’est juste une manière de punir toujours plus les précaires. Derrière cette réforme, il ne s’agissait pas, comme le patronat le prétend, d’accompagner un retour à l’emploi mais d’accentuer la mise en concurrence entre les travailleurs et les travailleuses afin de niveler vers le bas les salaires et les conditions de travail, et les forcer à accepter n’importe quel boulot même s’il ne correspond pas à leurs qualifications.
Enfin, l’État français verse 200 milliards d’euros par an d’aides publiques aux entreprises sans aucune contrepartie et n’a toujours pas rétabli l’ISF. Des subventions, allégements fiscaux et autres cadeaux sensés «inciter» les patrons à recruter. Après plusieurs années et des centaines de milliards dépensés, on connaît le résultat : masser le «renflement brun» – selon les mots du grand littéraire Bruno Le Maire – des plus riches ne les rend pas plus généreux.
Début novembre, la CGT recensait près de 200 «plans sociaux», c’est-à-dire des opérations de licenciements, et 150.000 emplois menacés par une «violente saignée industrielle». Un décompte réalisé à partir des remontées des militants du syndicat ouvrier. Par exemple 13.000 emplois directs supprimés ou menacés dans la métallurgie, 10.000 dans le commerce, 7.000 dans le public et l’associatif, 6.000 dans les banques et assurances, 5.000 emplois menacés dans la chimie. Et en effet, la firme ArcelorMittal annonçait la semaine dernière des centaines de licenciements, idem chez Auchan il y a quelques mois, ou chez Michelin, entre autres.
Une équipe de chercheurs a évalué le lien entre chômage et risques cardiovasculaires en France. Les résultats sont clairs, la condition sociale induite par le chômage accroît d’environ 30% la mortalité prématurée. Une autre étude estimait il y a déjà plusieurs années que 14.000 décès par an en France sont liés au chômage. Ces politiques tuent.
Nos dirigeants ont menti sur les comptes publics, tout pillé, tout dévasté, et en plus ils créent du chômage et du malheur. Cette grande escroquerie permettra-t-elle de poser les vraies questions : à quand l’abolition du salariat et l’attribution de moyens d’existence dignes pour tout le monde, sans aliénation ?
Car les chiffres du chômage ne sont pas les plus importants, ce sont ceux de la pauvreté qui comptent, et ils sont alarmants : augmentation des personnes sous le seuil de pauvreté, des enfants qui se privent de repas, de sans-abris. Quand ils parlent d’emploi, les néolibéraux promettent en réalité la pleine exploitation : tout le monde au travail, mais dans des jobs précaires, inutiles, destructeurs. Pas question.
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