Messianisme et guerre totale au pouvoir en Israël

Amichai Eliyahu, ministre du Patrimoine de Netanyahou, et sa déclaration à l'idéologie très claire : «Vous voulez la souveraineté alors il faut le crier haut et fort ! Nous voulons la Judée Samarie [le nom biblique donné par les suprémacistes juifs à la Cisjordanie] ! Nous voulons la Syrie ! Nous voulons le Liban ! Nous voulons Gaza !»

On ne peut comprendre l’escalade militaro-fasciste en cours au Moyen-Orient si l’on ne connaît pas l’idéologie du gouvernement israélien. Une idéologie obscurantiste, messianique, ultra-violente, très différente de ce que nous connaissons dans l’Europe contemporaine, mais partagée par la majorité de la population israélienne.

Jeudi 12 juin, un mouvement de jeunesse d’extrême droite israélien a organisé une conférence dans la ville de Sderot. Plusieurs ministres et députés de la majorité étaient présents.

Parmi les discours les plus remarqués, celui d’Amichai Eliyahu, ministre du Patrimoine de Netanyahou, et membre du parti Otzma Yehudit – «Force Juive», un parti suprémaciste qui veut chasser tous les palestiniens et imposer une théocratie basée sur l’Ancien Testament.

Il a déclaré devant la foule : «Vous voulez la souveraineté alors il faut le crier haut et fort ! Nous voulons la Judée Samarie [le nom biblique donné par les suprémacistes juifs à la Cisjordanie] ! Nous voulons la Syrie ! Nous voulons le Liban ! Nous voulons Gaza !» Chaque phrase était ponctuée d’acclamations. Ce ministre désire ouvertement une guerre mondiale pour annexer non seulement tout le territoire palestinien mais aussi les pays voisins. Ce projet de «Grand Israël» est l’interprétation fanatique de textes bibliques écrits il y a plus de 2.000 ans.

Il a poursuivi : «Qui veut gagner doit être connecté à nos ancêtres. Si vous vous voyez petit alors vous êtes des goy !» Il a également évoqué la reconnexion aux «racines du judaïsme» et à «l’Arche d’Alliance». Rien ne distingue une telle position, qui justifie la guerre et les massacres au nom d’un ordre divin, de celle de groupes terroristes religieux comme Daesh.

Ce ministre avait déjà déclaré en mai dernier : «Si la population de Gaza souffre, le Hamas souffrira. Il n’y a aucun problème à bombarder leurs réserves de nourriture et de carburant. Ils devraient mourir de faim». Cette idée est largement partagée en Israël et a été appliquée par l’armée qui a imposé un blocus humanitaire total à Gaza.

En janvier 2024, Amichai Eliyahu déclarait qu’Israël devait «trouver des moyens plus douloureux que la mort pour les Palestiniens». Dès novembre 2023, il se réjouissait de la destruction de Gaza : «Le nord de Gaza est plus beau que jamais. Tout faire exploser et tout aplatir est un régal pour les yeux. Nous allons distribuer des parcelles à tous ceux qui se sont battus pour Gaza, et aux expulsés de Gush Katif». Il avait affirmé peu après que larguer une bombe atomique sur Gaza était «une option», balayant le sort des otages.

Lors de la conférence du 12 juin, le ministre des Communications, Shlomo Karhi disait : «Ensemble, nous allons établir notre souveraineté de la Judée-Samarie à Gaza». Le ministre des Finances Bezalel Smotrich se prononçait lui aussi en faveur de l’annexion de ces territoires. L’objectif affiché est donc une épuration ethnique générale de toute la Palestine.

Le 29 mai, les autorités israéliennes annonçaient la construction de «l’État juif israélien» en Cisjordanie, avec la création de 22 nouvelles colonies sur ce territoire, en violation totale du droit international. «Il s’agit d’une décision historique […] qui change la face de la région et façonne l’avenir de l’implantation [israélienne en Cisjordanie] pour les années à venir» s’est félicité le ministre de la Défense, Israël Katz. Le mouvement des colons compte 500.000 membres qui s’approprient illégalement des maisons et des terres de Cisjordanie, et qui multiplient les massacres, les vols et les destructions depuis octobre 2023, réduisant chaque jour un peu plus ce qu’il reste de territoire aux palestiniens.

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