Macron, président ou lobbyiste des ventes d’armes ?


À l’approche de la fin de son mandat, Macron essaie-t-il déjà de se reconvertir en vendeur d’armes ? C’est ce que laisse penser le tweet qu’il a publié ce vendredi 20 juin sur son compte officiel, lors de sa visite au Salon du Bourget.


Le tweet de Macron faisant de la pub pour le Rafale : un lobbyiste de la vente d'armes.

Sur le tweet de Macron on voit le Rafale, l’avion de guerre de la firme Dassault, au décollage, dans un montage suggérant qu’un appel est en cours pour proposer de «sécuriser l’Europe». En légende, le Président écrit en anglais : «Amis européens, vous avez un appel». Une sorte de démarchage marketing à l’échelle d’un continent entier, pour vendre une machine à tuer, de la part d’un chef d’État. Le mélange des genres et le conflit d’intérêt sont flagrants. En 2022, la fortune de la famille Dassault était estimée à 30 milliards d’euros. Ce clan militaro-industriel qui a aussi un pied dans le monde politique n’avait pas besoin d’une telle publicité.

De fait, les ministres français, et en particulier celui de la Défense, sont des VRP des ventes d’armes. Leur mission consiste essentiellement à sillonner le monde pour faciliter les contrats entre les fabricants d’armes français et les dirigeants étrangers. Lorsque Macron et ses ministres se rendent dans les pays du Golfe, c’est toujours avec le but non avoué de refourguer quelques missiles ou avions de guerre aux richissimes pétromonarchies.

Nos gouvernements ont transformé les signatures de contrats d’armements à diverses dictatures en feuilletons médiatiques glorieux. Le 30 avril 2015, François Hollande, qui venait de livrer 24 avions de guerre au Qatar, saluait «ce nouveau succès à l’exportation», ajoutant : «C’est une fierté pour le pays», alors que plusieurs journaux évoquaient la «victoire» du gouvernement. Quelle victoire ? Quelle fierté ?

En 2020, le gouvernement s’opposait à un contrôle parlementaire sur les ventes d’armes. En août 2024 la Serbie, alliée de la Russie, signait l’achat de douze Rafales pour 2,7 milliards d’euros. Et pour payer, la Serbie empruntait 1,9 milliard d’euros à des banques françaises. Doublement gagnant.

Chaque Rafale coûte 120.000.000 (120 millions) d’euros l’unité, plus ou moins, selon les modèles et les options. Mais ce n’est pas tout : dans un contrat d’armement, les surcoûts sont colossaux. La maintenance du Rafale est facturée environ 10% du coût initial de l’appareil chaque année. En 10 ans, un Rafale est donc payé deux fois par son acheteur. Enfin, une heure de vol d’un Rafale coûte entre 14.000 et 16.000 euros, et brûle des quantités colossales de kérosène. Tout ça pour aller tuer des gens à l’autre bout du monde.

Le Rafale a mené des bombardements en Afghanistan entre 2001 et 2021, au Mali – où un village avait été décimé par une frappe en janvier 2021 – ainsi qu’en Irak et en Syrie. Il est aussi intervenu en Libye en 2011. Chacune de ces missions est ensuite «valorisée» sur le marché international : un bombardement est une vitrine pour montrer que le Rafale marche bien.

Depuis 2001, 323 exemplaires du Rafale ont été commandés dans le monde. Parmi les plus gros clients figurent les Émirats Arabes Unis, avec un achat record de 80 avions en 2021. Derrière une commande aussi énorme, il y a des enjeux géopolitiques considérables : il n’est pas question de critiquer le dirigeant d’une puissance qui représente une telle manne financière. En se payant des Rafales, certains dirigeants achètent le silence et le soutien de la France.

En janvier 2024, le gouvernement français achetait 42 Rafales supplémentaires pour compléter sa flotte, alors que la même semaine, un rapport révélait que près de 2000 enfants dormaient à la rue en plein milieu en l’hiver. Quand leurs bombes frappent le sol, leurs profits décollent.

AIDEZ CONTRE ATTAQUE

Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.

Faites un don à Contre Attaque, chaque euro compte.