⁨377.000 disparus à Gaza ?


Plus de 400 palestiniens tués en allant chercher de la nourriture


La bande de Gaza en ruines

Alors que tous les yeux sont rivés sur l’Iran depuis 12 jours, Israël continue en parallèle ses opérations génocidaires à Gaza mais aussi en Cisjordanie. Trois informations à retenir.


400 palestiniens assassinés en trois semaines en allant chercher de la nourriture à Gaza

Parmi les inventions les plus effroyables de notre temps : la fausse action humanitaire utilisée pour commettre de véritables massacres. Depuis le 27 mai, Israël organise avec les USA des pseudo-distributions de nourriture à Gaza, après avoir coupé l’approvisionnement pendant deux mois. Pas par générosité, mais pour éviter une accusation de génocide par la famine. Des images de Gazaouis affamés, entassés derrière des clôtures pour obtenir une miette d’aide ont été diffusées, rappelant des heures sombres. Lors de ces distributions, l’armée israélienne s’appuie sur une milice de gangsters affiliée à Daesh.

Ces distributions sont l’occasion, pour les soldats israéliens, de mitrailler régulièrement les palestiniens affamés. Le 17 juin, des drones et un blindé avaient par exemple tiré sur la foule, causant la mort de plus de 50 personnes. L’ONU vient de publier un communiqué officiel dénombrant 400 tués à proximité de ces points de distribution. Des hommes, des femmes et des enfants abattus par des obus et des rafales alors qu’ils cherchaient de la nourriture.

Ce piège est surnommé par les Gazaouis eux-mêmes «Hunger Games», les «jeux de la faim», le nom de la série de livres adaptés au cinéma, décrivant une société dystopique avec une population enclavée et affamée par un pouvoir totalitaire et cruel. La réalité dépasse la fiction.

377.000 disparus à Gaza ?

On le sait, il est impossible depuis longtemps d’avoir un bilan des pertes palestiniennes à Gaza : le système de santé est anéanti, la quasi-totalité du territoire est rasée, il n’y a plus d’administration ni de recensement possible de la population, de nombreux corps ont été abandonnés ou sont coincés sous les décombres, quand ils ne sont pas ensevelis dans des fosses communes ou broyés par des chars par l’armée israélienne qui tente de faire disparaître ses victimes.

Un rapport de 9 pages publié le 1er juin par le sociologue israélien Yaakov Garb a ouvert cette interrogation : où sont passés les 377.000 Palestiniens de Gaza «disparus» des chiffres de l’armée israélienne ?

Dans ce rapport qui, justement, traite des distributions de nourriture organisées par Israël et intitulé «The Israeli / American / GHF aid distribution compounds in Gaza», le chercheur se base sur les données de l’armée. Il conclut que ces nouveaux «centres d’aide» israélo-américains sont en réalité conçus selon une logique purement militaire de contrôle de la population gazaouie, violant les principes humanitaires les plus élémentaires.

Et il utilise le recensement donné par l’armée israélienne : selon les militaires, la population civile de Gaza est réunie dans trois «enclaves humanitaires» créées par Israël. Il y a Gaza-ville, évaluée à 1 million de personnes, le centre de Gaza, 350.000 survivants, et Mawasi, sur la côté sur de Gaza, avec 500.000 personnes. Soit au total, 1,85 million d’êtres humains.

Avant le 7 octobre 2023, Gaza comptait pourtant environ 2,227 millions d’habitants, selon les sources officielles. Il manquerait donc environ 377.000 personnes – sans compter les naissances qui ont eu lieu depuis plus d’un an et demi – qui n’apparaissent dans aucune des trois zones des données israéliennes. Ce n’est pas Yaakov Garb qui donne ce chiffre, il découle d’une soustraction à partir de son rapport.

Ces chiffres sont évidemment inexacts, car soustraire une estimation « à la louche » d’un chiffre précis n’a que peu de sens. Mais cela a le mérite de mettre en évidence un phénomène : le nombre de personnes tuées à Gaza par l’État colonial est largement sous-estimé. Au moins 55.637 sont décédées selon le ministère de la Santé et l’ONU, autour de 100.000 ont réussi à fuir Gaza depuis octobre 2023 selon Reuters et l’UNRWA, mais cela laisse au minimum 160.000 personnes. Sont-elles décédées ? Se trouvent-elles hors des trois enclaves où Israël a regroupé les survivants ? Sont-elles non comptabilisées ?

S’il est impossible de déterminer un nombre exact de victimes, c’est aussi à cause de l’opacité entretenue par Israël, qui interdit à la presse étrangère d’entrer à Gaza et qui massacre les humanitaires. Cela pose la question du nombre réel de victimes. 377.000 disparus, cela représenterait quasiment 20% de la population de Gaza.

Le 1er janvier dernier, Al jazeera titrait déjà : «La population de Gaza a diminué d’environ 160.000 Palestiniens depuis le début de la guerre d’Israël contre l’enclave, selon l’agence officielle palestinienne des statistiques».

The Lancet, l’une des revues médicales les plus importantes du monde, expliquait dans une étude parue le 5 juillet 2024, il y a donc presque un an, que le nombre de morts dans la bande de Gaza pourrait s’élever en réalité à 186.000 personnes depuis octobre 2023. «Lors des conflits récents, le nombre de décès indirects est de trois à 15 fois supérieur au nombre de décès directs» estimaient les spécialistes. À Gaza, ils choisissent «une estimation prudente de quatre décès indirects pour un décès direct». Ainsi, «sur les 37.396 décès signalés» communiqués à l’époque, «il n’est pas invraisemblable d’estimer que jusqu’à 186.000, voire plus, pourraient être imputables au conflit actuel à Gaza». C’était l’an dernier. Le chiffre de 377.000 décès se trouve donc dans cette fourchette d’estimation.

Blocus en Cisjordanie

Depuis octobre 2023, Israël a accéléré sa politique de colonisation des territoires palestiniens en Cisjordanie, multipliant les attaques de villages, vols de terres et de maisons, raids et bombardements. La Cisjordanie n’a pourtant rien à voir avec l’attaque du 7 octobre. Le but est donc de détruire Gaza et de morceler la Cisjordanie pour qu’elle soit inhabitable.

Israël a profité de son attaque de l’Iran pour accentuer encore la pression sur la Cisjordanie. Alors que son armée bombardait l’Iran, Netanyahou annonçait un blocus total sur toutes les villes palestiniennes en Cisjordanie, «jusqu’à nouvel ordre».

Le lancement de cette opération de confinement total «fait suite à une évaluation sécuritaire» selon un journal israélien qui rappelait que «c’est la première fois depuis le 7 octobre qu’une telle décision est annoncée».

Vendredi 13 juin, les soldats israéliens fermaient les entrées de villes palestiniennes telles que Jericho. La Cisjordanie subit donc un blocus totalement illégal et complet depuis bientôt deux semaines, et la population commence à manquer de carburant, de gaz et de certaines denrées, dans l’indifférence absolue de la communauté internationale.⁩

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