Au creux de l’été, l’histoire s’accélère et l’horreur s’approfondit en Palestine. Colonisation de Gaza sur fond de délire religieux, déplacement de population, collaboration des régimes arabes, tensions en Israël : on fait le point.

Annexion et déportation
Le 8 août 2025 est une date qui marquera l’histoire : le cabinet de sécurité israélien a approuvé le plan d’anéantissement total de la bande de Gaza. Netanyahou a en effet annoncé l’occupation complète de la bande de Gaza, et l’armée israélienne a dévoilé un plan d’annexion qui nécessitera entre 6 mois et 2 ans, mobilisant 4 divisions d’infanterie. La phase finale du génocide est actée officiellement : la colonisation sioniste du territoire palestinien et la disparition de tous ses habitants.
Pour parachever le nettoyage ethnique, Israël mène actuellement des discussions pour «relocaliser» les Palestiniens de Gaza en Afrique de l’est. La presse révèle ce mercredi 13 août que le gouvernement de Netanyahou envisage une déportation de tous les gazaouis survivants au Soudan du Sud. Dans un cynisme terrifiant, le dirigeant fasciste assume tout : «Nous ne les poussons pas dehors, nous leur permettons de partir».
Messianisme
Benjamin Netanyahou a déclaré qu’il était investi d’une «mission historique et spirituelle» et a affiché son «attachement» au projet de Grand Israël. Ce projet de fanatique prétend, en se basant sur la Torah, que le territoire hébreu doit s’étendre non seulement en Palestine mais aussi en Jordanie, Liban, Égypte, Syrie et Irak actuels. C’est un projet impérialiste militaire et obscurantiste, qui repose sur une guerre d’annexion de tout le Proche-Orient. Netanyahou confirme d’ailleurs qu’il est «en mission de plusieurs générations», sur la chaîne d’extrême droite I24. Qu’est-ce qui le différencie de groupes comme Daesh ?
Le ministre du Patrimoine Amichaï Eliyahu déclarait déjà : «Le gouvernement est engagé dans une course contre la montre pour anéantir Gaza. Gaza sera entièrement juive. Nous sommes en train d’éliminer ses habitants. Nous n’avons pas à nous de nous soucier de la faim à Gaza». Ces fascistes messianiques pensent que le «Grand Israël» va réaliser leurs prophéties.
Bezalel Smotrich, autre ministre, a dit qu’il voulait que l’État juif s’étende jusqu’à l’Arabie Saoudite. Dès le 25 octobre 2023, Netanyahou l’annonçait très clairement : «Nous sommes le peuple de la lumière, eux sont le peuple des ténèbres… nous réaliserons la prophétie d’Isaïe». Le Livre d’Isaïe est un texte de l’Ancien Testament qui évoque l’exil du peuple juif à Babylone et son retour en Judée pour reconstruire le Temple à Jérusalem. En termes religieux, cette prophétie est appelée «eschatologique», c’est-à-dire qu’elle renvoie à la fin du monde. Selon ces délires, les juifs doivent reconquérir un territoire fantasmé pour réaliser la victoire finale de Dieu, y compris au prix de génocides.
Massacre de journalistes
Le 10 août, Israël a assassiné toute une équipe de journalistes d’Al Jazeera dans la ville de Gaza. Anas al-Sharif, l’un des visages les plus connus parmi les correspondants à Gaza, Mohammad Qreiqeh, Ibrahim Zaher, Mohammad Noufal et Moamen Aliwa qui étaient derrière la caméra, ainsi que le photojournaliste Mohammed al-Khaldi ont été déchiquetés par des frappes ciblées. Il s’agit d’exterminer tous les témoins pouvant communiquer des images vers l’extérieur.
Israël prétend que ces 6 journalistes étaient des «terroristes», mais leurs morts s’ajoute à la liste des 230 autres tués à Gaza selon le Syndicat des journalistes palestiniens. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme a comptabilisé quant à lui au moins 242 journalistes palestiniens tués depuis le 7 Octobre 2023.
L’enclave est un cimetière de reporters, jamais les médias n’avaient connu autant de martyrs et une élimination aussi systématique. Israël a tué en moins de deux ans plus de journalistes que lors de tous les conflits précédents dans le monde !
Collaboration de l’Égypte
Pendant ce temps, l’Égypte et le groupe israélien NewMed Energy annoncent un gigantesque contrat de 35 milliards de dollars pour la fourniture de gaz à l’Égypte. Le combustible est extrait d’un champ situé en Méditerranée. Et justement, au large de Gaza, des ressources en gaz sous-marines sont convoitées par Israël…
Cette collaboration honteuse du régime égyptien avec Israël n’est pas nouvelle. Le Maréchal sanguinaire Al Sissi a écrasé le convoi pour Gaza qui tentait d’atteindre la frontière palestinienne, il refuse d’accueillir des réfugiés de Gaza et soutient de fait le génocide. Il en va de même pour les monarchies du Golfe ou le royaume marocain. Quant aux autres pays musulmans comme la Turquie ou l’Algérie, ils multiplient des condamnations, mais elles ne sont jamais suivies d’effet.
Comme l’a dit George Ibrahim Abdallah après sa libération : «Le peuple égyptien détient la clé pour mettre fin à la guerre d’extermination. Si seulement un million de ceux qui prient chaque jour se dirigeaient vers la frontière de Gaza, la bataille d’extermination prendrait fin. Regardez-vous dans un miroir. Regardez les corps squelettiques tremblants. Regardez ce que vous faites. Ces régimes sont traîtres, il n’y a pas à en débattre mais ce qui compte ce sont les masses».
Autoritarisme et contestation
En interne, Netanyahou est de plus en plus contesté, et c’est aussi ce qui explique sa fuite en avant. Il a besoin d’une guerre totale et illimitée pour se maintenir au pouvoir. Le 4 août, il a ordonné la destitution de la procureure générale d’Israël, qui enquêtait sur des faits de corruption le concernant. Cette décision a été immédiatement suspendue par la Cour suprême. Mais cette institution est justement dans le collimateur de Netanyahou, qui voulait la supprimer avant le 7 octobre.
Dans les rues israéliennes, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté suite à l’annonce de l’annexion de Gaza. Malheureusement, ce n’était pas le sort des palestiniens qui intéressait la majorité des contestataires : «Si vous envahissez certaines parties de Gaza et que les otages sont tués, nous vous poursuivrons sur les places publiques» a prévenu le proche d’un otage. Les familles d’otages ont appelé à la grève générale dimanche prochain.
Pour autant, cette montée de la colère fragilise le pouvoir en place. Et quelques voix se font entendre pour la justice. Le député communiste israélien Ofer Cassif réclame que la communauté internationale sanctionne Israël pour sauver les «centaines de milliers de Palestiniens affamés et massacrés» et «l’âme mourante de la société israélienne». Sera-t-il, lui aussi, traité d’antisémite ?
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