Macron reprend le lexique de l’extrême droite : après « l’ensauvagement », la « décivilisation »

Emmanuel Macron parle de "décivilisation", reprenant encore un concept de l'extrême droite

Les mots ont un sens, et Macron le sait parfaitement. Il a repris mercredi 24 mai, en conseil des Ministres, le terme de «décivilisation» pour qualifier la prétendue «montée de la violence» dans la société. Historiquement, le «civilisé», c’est celui qui s’oppose au «barbare», au «sauvage». Les colonialistes du 19ème siècle prétendaient d’ailleurs «civiliser» les peuples dits primitifs. «Décivilisation», c’est aussi un terme qui renvoie au «choc des civilisations», théorie forgée par la droite des USA pour justifier les conflits contre les sociétés non-occidentales.

Le mot utilisé par Macron est directement emprunté à l’extrême droite. C’est d’ailleurs le titre d’un ouvrage de l’idéologue raciste Renaud Camus : «Décivilisation», publié aux éditions Fayard en 2011. La même année, l’auteur avait publié l’ouvrage «Le Grand Remplacement», dans lequel il développait une thèse raciste et complotiste. Les écrits de Renaud Camus ont inspiré plusieurs attentats fascistes à travers le monde ces dernières années.

Cette expression n’est ni un hasard, ni un choix isolé. Macron reprend à son compte depuis des années les mots, les idées et les pratiques de l’extrême droite. Nous avons aussi vu Gérald Darmanin trouver Le Pen «trop molle» à propos des musulmans. Entendu les élus macronistes parler «d’ensauvagement», autre concept créé par l’extrême droite radicale. Nous avons vu le président rendre hommage au Maréchal Pétain et à Charles Maurras. Ou téléphoner pendant une heure au chroniqueur fasciste Zemmour condamné pour «provocation à la haine raciale» afin de lui «apporter son soutien». Nous avons vu ce président organiser une interview «exclusive» au journal d’extrême droite Valeurs Actuelles, et ses conseillers déjeuner avec des responsables néofascistes.

Nous avons vu des ministres organiser une chasse aux sorcières dans le monde des idées, contre les antiracistes, en matraquant le concept forgé par l’extrême droite d’«islamogauchisme», en dénonçant des recherches universitaires sur le colonialisme. Nous avons vu les ministres de Macron parler de «wokisme», anglicisme destiné à dénigrer les idées de gauche. Nous avons vu la loi sur le «séparatisme», dictée par l’extrême droite, utilisée immédiatement pour dissoudre des associations musulmanes et anti-racistes. Et bien d’autres choses abjectes.

Macron adore pervertir le sens des mots. Ethnologiquement, le mot «civilisation» renvoie à la citoyenneté, à la politesse, au mode de vie urbain et à ses codes. Autrement dit, à une vie en société non-violente. Par ses politique néolibérale, par son mépris, par sa répression brutale, par la destructions des liens sociaux, par ses provocation, Macron incarne à lui tout seul un régime «décivilisé». Les «barbares» seraient-ils au pouvoir ?


Sur la destruction de la langue et le dévoiement du sens des mots, nous avons récemment publié cet article coup de gueule d’un de nos lecteurs.


Et si par malheur un-e droitard-e vous répond que le terme de « décivilisation » est en réalité un concept forgé par le sociologue Norbert Elias, vous pouvez vous inspirer de la réponse faite par Edwy Plenel sur Twitter…

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