
Le Rassemblement National prétend avoir plus de 100.000 adhérents et se revendique comme un parti de masse. Plus drôle encore, le RN affirme que, depuis la condamnation de Marine Le Pen et de sa garde rapprochée, 20.000 adhérents supplémentaires auraient rejoint ses rangs. Le RN annonçait une immense manifestation ce dimanche pour «défendre la démocratie», c’est-à-dire défendre des escrocs condamnés pour un vol de masse. Les médias se joignaient au concert d’attaques contre les juges et relayaient avec bienveillance l’appel à manifester. Bref, on allait voir ce qu’on allait voir. Sauf qu’il y a la propagande, et il y a le réel.
Dans la vraie vie, le RN est un parti sans militants, sans base populaire, sans ancrage, et il vient de le prouver à nouveau. Ce dimanche 6 avril, il a péniblement rassemblé quelques milliers de personnes à Paris, sur la place Vauban. Il avait pourtant affrété des cars de toute la France, mobilisé tous ses encartés et sympathisants, investi dans un écran géant et un podium. Et malgré une médiatisation ultra-complaisante, c’est un flop absolu.
Jordan Bardella a revendiqué la présence de 10.000 personnes, sans y croire lui même, devant une place quasi-vide. Mais même 10.000 participants, cela représenterait moins de 10% des adhérents que le parti revendique. Le Parisien révèle que des policiers estimaient la foule à 1.500 personnes au début des discours à 15h. Mais comme la police vole toujours au secours du RN, le chiffre final communiqué par la préfecture était de 7.000, un compte très généreux vu les images. Le Monde évaluait le rassemblement à 4.000 personnes. Un cadre du RN croisé par un journaliste de Libération aurait confié : «C’est chaud, heureusement les vidéos des télés donnent l’impression qu’il y a du monde, mais s’ils font un plan aérien, on est morts». Bref, c’est une manifestation groupusculaire.

En parallèle, à l’appel d’organisations de gauche, un rassemblement contre l’extrême droite lancé en dernière minute réunissait 15.000 personnes sur la Place de la République. Sur le boulevard des Invalides, qui mène au rassemblement du RN, des tags étaient inscrits sur les trottoirs : «Rends l’argent», «escrocs», «voleurs»…
Il y a deux semaines seulement, plus de 200.000 personnes manifestaient contre le racisme dans les rues française, malgré des campagnes de calomnies incessantes de tous les médias les jours précédents. Cela représentait 50 fois plus de personnes que de soutiens au RN ce dimanche, et les médias avaient pourtant parlé d’une mobilisation ratée.
Dans le spectacle grotesque du RN, Jordan Bardella a lancé : «Ce n’est pas seulement Marine Le Pen qui est injustement condamnée. C’est la démocratie française qui est exécutée». On le rappelle à nouveau : le RN a toujours dit qu’il était pour l’inéligibilité à vie des élus condamnés.
Marine Le Pen a déclaré : «Nous prendrons exemple sur Martin Luther King qui a défendu les droits civiques». Un crachat au visage de la lutte anti-raciste aux USA, où les africains-américains ont affronté la ségrégation raciale, les assassinats, les emprisonnements pour avoir réclamé l’égalité. Une égalité que le RN et ses alliés partout dans le monde, Trump au premier rang, s’acharnent à empêcher. Mais puisque l’époque est à l’inversion absolue des mots et des symboles, autant y aller à fond.
Le RN est un ballon de baudruche : incapable de réunir quelques milliers de personnes, incapable d’aligner quelques centaines de candidats qui ne soient pas nazis ou déficients, incapable de nommer un porte-parole capable de tenir un débat argumenté, incapable d’organiser des meetings populaires.
Pourtant, c’est aussi un parti crédité de près de 30% des intentions de vote. De fait, le RN est aussi l’assurance-vie du système. La faiblesse structurelle du parti ne l’empêche pas d’être soutenu de toutes leurs forces par les puissances de l’argent, bien décidées à imposer un gouvernement d’extrême droite en France.
Il n’y aura pas, dans l’immédiat, de grands défilés de chemises brunes, de cérémonies grandioses et de mobilisations fascistes de masse. Le RN n’en a pas les moyens. Par contre, il y a bien une petite caste politique et médiatique qui rêve d’un régime autoritaire pour conserver ses privilèges, et qui infuse dans les esprits un racisme de masse à travers ses chaînes de télévision. C’est là qu’il faut frapper.
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