Mafia génocidaire : Trump fait fermer la boite mail du procureur de la CPI et lance des sanctions contre les magistrats

Le magistrat britannique Karim Khan, procureur de la Cour Pénale Internationale, a lancé en mai 2024 des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et son ancien ministre de la défense Yoav Gallant, pour «crimes contre l’humanité», pour «homicide intentionnel» et «extermination et/ou meurtre». C’est la première fois que des dirigeants d’un pays appartenant à ce que l’Occident appelle le «camp démocratique» et «civilisé» étaient visés par une telle procédure. À l’époque, un sénateur républicain des USA s’inquiétait : «S’ils le font à Israël, nous sommes les prochains».
Depuis, les USA font tout pour détruire la vie des magistrats de la Cour Pénale Internationale. Autrement dit, la première puissance mondiale est en guerre contre la justice internationale. C’est gravissime.
Dernières représailles en date : Microsoft a suspendu à la fin du mois de mai le compte du procureur de la CPI. Cela comprend le blocage de la boîte mail Outlook de Karim Khan, et donc une impossibilité concrète de travailler, de recevoir des informations, et de consulter ses archives. Il a dû migrer vers une messagerie sécurisée basée en Suisse. C’est une étape supplémentaire dans le harcèlement que subit le magistrat par les gouvernants étasuniens et israéliens.
Cette affaire nous montre l’urgence de rompre tout lien avec les USA et Israël, en matière économique, stratégique mais aussi numérique… La plupart des administrations françaises fonctionnent avec des logiciels et moteurs de recherche basés aux USA, liés à Google, Microsoft et autres. Ce qui rend la France et les autres pays vulnérables au moindre coup de pression : nous sommes dépendants numériquement. Savez-vous que la sécurité des centrales nucléaires françaises avait été confiée à Amazon ? L’une des meilleures choses qui pourrait arriver dans notre période est un affaiblissement de ce pouvoir de nuisance de l’impérialisme étasunien, désormais ouvertement fascisant.
Le 13 février, Donald Trump lançait une première salve de sanctions contre Karim Khan. Il avait notamment signé un décret contre la CPI et accusait cette cour d’avoir «engagé des actions illégales et sans fondement contre l’Amérique et [son] proche allié Israël». Karim Khan mais aussi «le personnel de la CPI et leur famille, ainsi que quiconque considéré comme ayant contribué à ses travaux d’enquête» sur le génocide à Gaza est interdit d’entrée sur le territoire des USA. Le Trésor Public a annoncé le gel de tous leurs avoirs dans le pays.
Cette décision est vertigineuse : les USA n’ont jamais émis la moindre sanction contre Israël pour ses actes génocidaires mais frappent les magistrats chargés de faire respecter le droit international. Les USA agissent à la manière d’une mafia qui menacerait un magistrat gênant. Les comptes bancaires de Karim Khan ont aussi été gelés au Royaume-Uni.
Jeudi 5 juin, quatre magistrates de la Cour pénale internationale étaient visées par des sanctions des USA, le gouvernement Trump estimant que procédures concernant des soldats américains ou l’exécutif israélien étaient «illégitimes» et «politisées». Le département d’État précisait : «Nous n’avons pas pris cette décision à la légère. Cela reflète la menace sérieuse que représentent la politisation et l’abus de pouvoir de la CPI». Deux magistrates visées par les sanctions sont à l’origine d’enquêtes sur des actes de soldats américains soupçonnés de crimes de guerre en Afghanistan.
Netanyahou, aux anges, a déclaré : «Merci au président Trump et au secrétaire d’État Rubio d’avoir imposé des sanctions contre les juges politisés de la CPI. Vous avez défendu à juste titre le droit d’Israël, des États-Unis et de toutes les démocraties à se défendre contre le terrorisme sauvage». En parallèle, les États-Unis ont une nouvelle fois mis leur veto, mercredi 4 juin, à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU réclamant un cessez-le-feu immédiat et permanent et l’accès de l’aide humanitaire à Gaza.
Karim Khan, qu’on imagine probablement éreinté par ces attaques, s’est mis en retrait de sa fonction. Il a fait état de pressions et des menaces, y compris concernant sa vie privée, dont il avait été l’objet afin de le dissuader de poursuivre sa procédure contre Israël.
Malgré ses crimes avérés, Netanyahou peut quant à lui se rendre tranquillement aux USA sans jamais être inquiété. En juillet dernier, alors qu’il était déjà visé par un mandat d’arrêt international, celui-ci était allé se faire applaudir devant le Congrès des USA. Il avait notamment osé affirmer : «Pratiquement aucun civil n’a été tué à Gaza par l’armée israélienne». Cette phrase scandaleuse avait été massivement applaudie par les élus de la première puissance mondiale. Il avait aussi asséné que «les soldats de l’armée israélienne devraient être félicités», et avait été acclamé plus de 50 fois pendant son discours. Lundi 3 février 2025, il était de nouveau reçu en grande pompe à Washington : il était le premier dirigeant invité par Donald Trump depuis son retour au pouvoir.
Il faut bien se rendre compte de la gravité du moment. L’ONU n’a plus aucun pouvoir et est discréditée. L’Occident arme sans aucun complexe un génocide. La justice internationale, qui régulait tant bien que mal les conflits dans le monde, est broyée par la plus grande puissance militaire. Il ne reste quasiment plus d’État occidental à faire encore semblant de respecter les règles les plus élémentaires qui fondaient l’ordre mondial depuis 1945. Nous entrons dans une nouvelle ère de barbarie dont Gaza est l’épicentre.
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