Désintox : 10 chiffres et infos autour de la mort de Charlie Kirk

Charlie Kirk vociférant dans un micro avant d'être assassiné.

Il y a une semaine, le 10 septembre, l’influenceur d’extrême droite Charlie Kirk était assassiné par un tireur embusqué, lors d’une conférence sur un campus de l’Utah. La scène, choquante, filmée et diffusée en direct, a fait le tour du monde. Depuis, Charlie Kirk connaît un véritable culte de la personnalité, certains adeptes prient pour sa résurrection, et sa mort est utilisée par le clan Trump pour durcir encore son pouvoir et lancer une chasse aux sorcières contre la gauche.

Le 17 septembre, Donald Trump a dit qu’il envisageait «de classer la mouvance antifa comme organisation terroriste intérieure», ce qui permettrait une répression totale de celles et ceux qui critiquent l’extrême droite. Un de ses conseillers affirme : «Nous allons diriger toute la colère que nous ressentons pour déraciner et démanteler ces réseaux terroristes». Le vice-président J.D Vance et toute la galaxie qui l’entoure lancent de violents discours contre l’opposition.

Des trumpistes ont créé une base de donnée de personnes accusées de s’être «réjouies» de la mort de Charlie Kirk : plus de 50.000 noms y sont répertoriés. Et les partisans de Trump vont dénoncer ces personnes à leurs employeurs. Des dizaines de personnes ont déjà été licenciées, par exemple pour avoir refusé d’imprimer des affiches en hommage à Kirk, ou pour avoir déclaré ne pas ressentir de compassion. En clair, la mort de Kirk est l’occasion pour Trump d’accélérer son agenda autoritaire. Et cette offensive est évidemment relayée en France, par l’extrême droite locale.

Soyons clairs : personne ne peut s’enthousiasmer d’une exécution publique, et nous n’avons rien à gagner à la militarisation du débat politique. Ni aux USA, ni en France. À commencer parce que ce sont nos ennemis qui ont les armes et l’appareil militaro-étatique avec eux. Nous ne sommes pas comme nos ennemis et ne serons jamais comme eux, nous sommes du côté de la vie et de la justice. Face à ce nouveau grand bond en avant du trumpisme, nous vous proposons 10 chiffres et informations clés pour y voir plus clair sur cette affaire.

93% des meurtres politiques sont commis par l’extrême droite

Selon Libération, aux USA depuis 2005, 93% des meurtres terroristes sont commis par l’extrême droite, soit 347 crimes. C’est très loin devant les islamistes (15 sur 371 depuis 2005). Parmi les 347 tueur fascistes, 262 étaient des suprémacistes blancs. L’extrême gauche au sens large, ne compte que 9 meurtriers sur la même période.

Il en va de même en France où, malgré la rhétorique médiatique visant à diaboliser les luttes sociales et environnementales, seule l’extrême droite tue. En 2002, un groupe néo-nazi tentait de tuer Chirac. Plus récemment, des militaires ont été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à assassiner plusieurs personnalités, dont Jean-Luc Mélenchon et Médine. Plusieurs fois par an, des cellules néo-nazies sont démantelées en possession d’armes lourdes. Rien que cette année, plusieurs tentatives de meurtres fascistes ont eu lieu, notamment à Paris où un militant CGT a été poignardé, et des assassinats racistes ont eu lieu dans une indifférence glaçante.

Un tueur issu d’une famille trumpiste

Le tireur, qui maîtrisait très bien son arme et a été très précis, s’appelle Tyler Robinson. Il vient d’une famille blanche religieuse et conservatrice, mormone, qui adore les armes à feu. Elle incarne l’idéal du trumpisme et du vieil imaginaire WASP des États-Unis. Cette famille a appris dès l’enfance au jeune Tyler à utiliser des armes à feu, comme le montrent plusieurs photos, où il tient un fusil dès le plus jeune âge. En réalité, le tueur a reçu exactement l’éducation réclamée par les trumpistes, et il s’en est servi.

Des attaques meurtrières contre des démocrates

En octobre 2022, le démocrate Paul Pelosi, mari de la politique démocrate Nancy Pelosi, a été grièvement blessé chez lui à coups de marteau par un militant pro-Trump. À l’époque, Charlie Kirk s’était réjoui, et avait demandé qu’on paye la caution de l’agresseur. Le 14 juin, à Minneapolis, un homme nommé Vance Boelter a débarqué armé chez un couple de responsables démocrates, les tuant sur le coup, et a criblé de balles un autre couple du même parti, qui ont survécu. Le tueur en série était un militant néofasciste, possédant une société de sécurité, et ayant travaillé dans le secteur militaire pour le compte d’Israël. Ces assassinats politiques n’ont pas provoqué de grand émoi aux USA.

Plus d’armes que d’habitants, plusieurs dizaines de milliers de morts par balle chaque année

Les USA sont un pays gravement malade de son lobby des armes. On estime qu’il existe 393 millions d’armes à feu détenues par des civils aux États-Unis, sur une population de 340 millions de personnes. Il y a plus d’armes que d’êtres humains sur le territoire de la première puissance mondiale, et le pays compte le taux d’homicide le plus élevé des pays industrialisés. En 2022 plus de 48.000 Américains ont perdu la vie à cause des armes à feu, soit une moyenne de 132 morts par jour. Sur une décennie, ce sont les chiffres d’une guerre. Malheureusement pour lui, Charlie Kirk n’est qu’une goutte d’eau, dans cette société ultra-violente.

Deux tueries de masse par jour, une fusillade dans une école par semaine

Le nombre de tueries de masse – celles qui font au moins 3 ou 4 victimes – aux USA est très élevé depuis 20 ans, mais il explose ces dernières années. Selon les chiffres officiels, il y a eu deux tueries de masse par jour en 2023, soit 650 ! En septembre 2025, il y avait 286 tueries de masse recensées depuis le début de l’année.

Encore plus choquant, il y a également eu 47 fusillade dans des établissements scolaires depuis le début de l’année – toutes n’ont pas été mortelles. 24 fusillades ont eu lieu sur des campus universitaires et 23 sur des terrains d’écoles. Des centaines de milliers d’enfants et de jeunes adultes sont confrontés à la violence armées lors de leurs études, et certaines écoles sont équipées de portes blindées. Dans un contexte aussi militarisé, la mort de Charlie Kirk, aussi spectaculaire soit-elle, n’est qu’un épiphénomène.

Un tueur aux motivations floues

Les médias des deux côtés de l’Atlantique répètent que le tueur, Tyler Robinson, «vivait avec une personne trans», ce qui suffirait à le classer à gauche. En réalité, le profil du tireur est confus. Nous l’avons dit, il était issu d’une famille trumpiste, mais il aurait aussi, selon certains proches, déclaré que Charlie Kirk propageait «la haine». En même temps, Tyler Robinson a gravé des messages contradictoires sur ses balles, par exemple «hey fascist catch» qui semble être un message antifasciste, mais en même temps : «si tu lis ça, tu es gay». Pas vraiment un message « woke». Ou encore la formule «Notices Bulge / OwO What’s This ?» issue de la culture troll d’internet.

Il avait aussi manifesté en ligne de sa proximité avec les Groypers, un groupe d’extrême droite mené par Nick Fuentes, un influenceur néo-nazi encore plus radical que Charlie Krik, et qui détestait ce dernier pour son soutien à Israël – Nick Fuentes est un antisémite maladif. Il est difficile de tirer une conclusion de cela, à part qu’il s’agissait d’un jeune paumé et confus, fréquentant les forums de type 4chan, nihiliste, et dont l’accès aux armes à feu à facilité le passage à l’acte.

Charlie Kirk défendait le port d’armes généralisé

Le défunt déclarait notamment que «les morts par armes à feu sont un coût acceptable pour préserver le droit de porter des armes, tel que garanti par le deuxième amendement». Il est donc décédé des conséquences de sa propre idéologie. Il déclarait aussi que «l’empathie est un concept inventé de toutes pièces, un peu à la mode “new age”, et fait beaucoup de dégâts». Étonnamment, aujourd’hui, l’intégralité de la population est forcée par le gouvernement de faire preuve d’empathie à son égard.

Adorateur de la violence politique

L’organisation de Charlie Kirk, Turning Point USA, dressait des listes d’opposants à éliminer. Il s’agissait d’une «liste de surveillance des professeurs» afro-américains ou accusés d’être trop antiracistes ou queer, afin de les harceler. L’universitaire Stacey Patton explique qu’elle figurait sur cette «liste noire» et raconte : «Pendant des semaines, ma boîte mail et ma messagerie vocale ont été inondées. La plupart du temps, des hommes blancs crachaient leur venin au téléphone : ‘salope’, ‘pute’, ‘n*gr*ss*’. Ils proféraient toutes sortes de menaces violentes. Ils ont submergé les lignes téléphoniques du service des relations publiques de l’université et le bureau du président d’appels exigeant mon licenciement».

Charlie Kirk appelait aussi à l’arrestation et la mort de ses opposants politiques, par exemple : «Biden est un tyran corrompu qui devrait être mis en prison et condamné à mort». Lorsqu’on crée un climat de violence politique généralisée et que l’on glorifie la mort de ses adversaires, il ne faut pas s’étonner que cette violence se manifeste.

Raciste, antisémite et pro-génocide

Les médias mondiaux présentent Charlie Kirk comme une victime de la «liberté d’expression», un homme qui ne faisait «que débattre». C’est une vision très libérale. Certaines idées et paroles ont des conséquences très concrètes. Par exemple, le polémiste d’extrême droite déclarait que «les femmes noires n’ont pas la capacité de traitement cérébral nécessaire pour être prises au sérieux» pour dénoncer la discrimination positive. Il disait aussi que «L’islam est l’épée que la gauche utilise pour trancher la gorge de l’Amérique».

Il estimait que «les Juifs ne contrôlent pas seulement les universités, mais aussi les organisations à but non-lucratif, le cinéma, Hollywood, tout ça. Les donateurs juifs sont le principal mécanisme de financement des politiques radicales, néolibérales, quasi-marxistes et favorables à l’ouverture des frontières» ou encore «le fondement philosophique du racisme anti-blanc a été largement financé par des donateurs juifs dans le pays». Et en même temps, Kirk était un féroce soutien d’Israël, dont il justifiait les crimes à Gaza très régulièrement, se moquant ouvertement des dizaines de milliers de victimes palestiniennes.

Misogyne et anti-IVG

Voilà comment Charlie Kirk félicitait l’artiste Taylor Swift pour son mariage en aout dernier : «Rejetez le féminisme. Soumettez-vous à votre mari, Taylor. Ce n’est pas vous qui décidez». Il disait aussi : «La contraception rend les jeunes femmes en colère et amères» en avril 2024, ou «les femmes à partir de la trentaine ne sont plus attirantes».

Beaucoup rappellent que Kirk était père de famille. Voilà ce qu’il répondait lorsqu’on l’interrogeait à propos de sa fille, sur le fait qu’il soutiendrait son avortement si elle tombait ensuite suite à un viol : «Le bébé doit être mis au monde». Il avait aussi comparé comparé l’avortement à «l’Holocauste».

Les propos que nous venons d’énumérer ont des conséquences réelles. Aux USA, des femmes meurent suite à des IVG clandestins, des personnes noires sont tuées par la police, les discriminations détruisent des vies, les armes sont un problème de sécurité majeur, les inégalités raciales et sociales sont un fléau de masse. Pour Kirk, il ne s’agissait pas seulement de «débattre», mais de justifier une société violente et de couvrir par avance des actes criminels. Un néofascisme souriant et médiatisé, qui propose d’échanger de simples points de vue, comme s’ils n’avaient aucune conséquence dans le réel. C’est la même «liberté d’expression» qui a donné la parole à Zemmour pendant 10 ans en prime time sur France 2 mais qui envoie l’antiterrorisme contre les soutiens de la Palestine : une hypocrisie au service d’un ordre injuste et violent.⁩

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