C’est confirmé : Macron voulait gouverner avec le RN en lançant une dissolution


Nous l’écrivons depuis le début de l’été 2024 : Macron veut terminer son mandat en cohabitation avec l’extrême droite, ce qui lui permettrait de militariser le régime et d’imposer des mesures dictatoriales en se réfugiant derrière son allié du RN. C’était son plan lorsqu’il a annoncé une dissolution surprise de l’Assemblée Nationale.


Emmanuel Macron jongle avec deux téléphones pour contacter le RN

Un petit rafraîchissement. Au début du mois de juin 2024, Macron créait un chaos politique inattendu : juste avant l’été, au soir d’élections européennes qui avaient vu triompher l’extrême droite, il prononçait une dissolution de l’Assemblée et des élections en urgence. Absolument toutes les conditions étaient réunies : le RN était plus haut que jamais, renforcé par son score aux Européennes, la gauche divisée et défaite, le camp macroniste détesté, les médias en ordre de bataille pour faire campagne en faveur de l’extrême droite et contre la gauche. Tout était prêt, jamais la situation n’avait été aussi favorable au RN.

Le 14 juin 2024, Le Monde révélait cet échange de Macron avec un «grand patron, familier de l’Élysée» qui lui avait demandé à propos de la dissolution : «Pas trop dures, ces journées ?» Réponse de Macron, amusé : «Mais pas du tout ! Je prépare ça depuis des semaines, et je suis ravi. Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent…» En juillet, la presse révélait même l’existence de dîners secrets entre des macronistes et le Rassemblement National avant la dissolution et les élections, manifestement pour se préparer ensemble à gouverner le pays après la dissolution.

À présent, même le journal de droite Le Figaro confirme cette hypothèse dans un article paru le 23 septembre. Un journaliste politique de ce quotidien, Wally Bordas, sort un livre intitulé : «Palais Bourbier, chroniques d’une France ingouvernable» consacré à cette épisode. Il révèle qu’entre les deux tours du scrutin, Emmanuel Macron a secrètement tenté de faire échouer le «front républicain». Il a décroché son téléphone pour appeler directement des candidats du bloc central engagés dans des triangulaires contre le RN et le NFP, et leur demander «de se maintenir» pour faire gagner l’extrême droite. «Emmanuel Macron voulait une majorité RN. Il a été surpris par l’ampleur du front républicain», confirme un proche du Président cité dans l’ouvrage.

Souvenez-vous encore : pendant les trois semaines de campagne législative, les macronistes avaient cogné de toutes leurs forces contre la gauche, accusée de tous les maux. Le président avait lui-même dénoncé «l’immigrationnisme» du Front Populaire, reprenant ainsi les mots et les idées de l’extrême droite. Édouard Philippe affirmait par exemple que «aucune voix ne doit se porter sur les candidats de la France insoumise» et répétait que la gauche était le vrai danger. Le Monde révélait que Darmanin aurait validé ces élections organisées en plein été : «Les blédards seront partis et ne voteront pas LFI».

Cette opération pour faire gagner l’extrême droite avait déjà été démontrée par Le Point – pas vraiment un journal subversif. La journaliste Nathalie Schuck y avait expliqué comment le chef de l’État confiait à plusieurs membres de son entourage son intention de nommer Jordan Bardella Premier ministre à partir de 260 députés RN, alors que la majorité absolue est à 289. Autrement dit, même sans majorité, le RN aurait obtenu les clés du pouvoir des mains de Macron.

Mais le plan a échoué : le 7 juillet 2024, le Nouveau Front Populaire avait remporté les législatives. Et pour le coup, il était hors de question de laisser la moindre responsabilité à la gauche, même la plus modérée. Tout s’était arrêté. Il n’était plus question d’urgence, plus question de nommer un Premier Ministre dans la foulée des élections, plus question d’un nouveau gouvernement. Non, Macron appelait à une «trêve olympique», qui a duré presque trois mois. Du jamais vu dans l’histoire de la Cinquième République : un président qui refusait de se soumettre au résultat d’élections qu’il avait lui-même convoquées. Depuis ce coup d’État électoral, trois Premiers ministres de droite radicale ont été nommés et tentent d’imposer des plans d’austérité, la répression est à son maximum, et la France est en crise de régime.

Aujourd’hui, la propagande pro-RN bat toujours son plein. Les instituts de sondage, contrôlés par les mêmes milliardaires que les médias dominants continuent de marteler que l’extrême droite est en tête. Comme l’an dernier, la classe médiatique est déjà en train d’organiser la victoire du RN, de la présenter comme inéluctable.

C’est la nouvelle version de la démocratie. Le camp néolibéral autoritaire orientera les élections et fera voter autant de fois qu’il le faudra pour obtenir un verdict «conforme» à ses attente. C’est-à-dire le fascisme, qui pourra protéger ses intérêts et mettre au pas la population.

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