Soirée pour la sortie du dernier numéro de Nantes Révoltée


Déjà 5 numéros ! On se retrouve ce soir au Café de la Ribine pour présenter la nouvelle revue, et pour discuter autour d’un apéro ! C’est à partir de 19H, le bar est situé rue Adolphe Moitié, près du Quai de Versailles.
À tout à l’heure !



En exclu, l’édito de la revue d’automne :


“Début septembre, le vaste Musée national de Rio de Janeiro, le plus ancien du Brésil, était dévasté par les flammes. Une perte inestimable, qui aurait été évitée sans les coupes budgétaires qui frappent la culture. Signe des temps, un mois plus tard, le candidat d’extrême droite aux élections brésiliennes, un nostalgique de la dictature militaire, raciste et homophobe, arrivait très largement en tête du scrutin. Partout dans le monde, sur les décombres des partis politiques classiques et des espoirs déçus, les tendances autoritaires triomphent. En Italie, le ministre de l’intérieur impose un « couvre feu ethnique ». Aux Philippines, le sanguinaire président Rodrigo Duterte gouverne avec un programme sécuritaire meurtrier. En Allemagne, des émeutes de néo-nazis resurgissent. En Turquie comme en Russie, les autocrates consolident leur pouvoir en écrasant ce qui reste d’opposition. La brutalisation de la situation politique est mondiale.

« On se trompe chaque fois que l’on veut expliquer quelque chose en opposant la mafia à l’État : ils ne sont jamais en rivalité. […] La mafia n’est pas étrangère dans ce monde ; elle y est parfaitement chez elle » écrivait Guy Debord il y a trente ans. La série de scandales d’État qui secoue le gouvernement français depuis l’été révèle la nature véritablement mafieuse du pouvoir. Plus personne n’ignore le fonctionnement clanique du sommet de l’État, ni l’existence de milices armées aux violences extra-légales. Il est du reste sidérant et révélateur de constater que « l’affaire Benalla », fruit d’un invraisemblable concours de circonstances, a mis bien plus en difficulté les gouvernants que plusieurs mois de luttes, de blocages et de grèves au cours du printemps.

Les désertions se multiplient au sein même des palais du pouvoir. Les scandales se superposent. Macron a mis dix jours pour trouver une lobbyiste de Danone à mettre au ministère de l’écologie. Et le chef d’État, dans un aveuglement presque mystique, continue d’asséner qu’il n’y aura « ni tournant ni changement de cap ». Ambiance de fin de règne, à peine un an et demi après les élections. On imagine de de plus en plus mal comment un président qui s’est imposé grâce au chantage électoral, déjà détesté et discrédité, pourrait terminer indemne son quinquennat. Ce régime ne tient que par notre incapacité à le mettre en difficulté.

Des plaies dignes de l’Ancien Testament surgissent chaque semaine sur nos écrans. Hécatombes d’animaux, inondations, fonte des glaces, incendies. L’Homme contemple la fin de son monde comme s’il assistait à un spectacle, incapable de réagir, anesthésié par la cacophonie ininterrompue de divertissements numériques. Les avancées futuristes promises par la science fiction sont en train d’apparaître, dans le domaine de la guerre et de la répression. Le progrès n’a pas permis d’offrir à chacun de quoi survivre, mais il aura fait émerger des drones de combat autonomes, des pistolets à plasma qui aveuglent les manifestants, des policiers « augmenté » et des caméras « intelligentes ». D’ici quelques années, il sera même devenu impossible d’imaginer réagir face à l’imminence du désastre.

La France est aussi championne de la répression.

Il a fallu un mort de plus, un mort de trop causé par la police pour que Nantes s’embrase pendant plusieurs nuits au mois de juillet. Un soulèvement aussi intense qu’éphémère face à l’arbitraire policier. C’est sans doute dans le crépitement des révoltes, dans les rencontres improbables et les colères partagées, dans les nouvelles solidarités qui se tissent, que la vie vaut la peine d’être vécue. « C’est la révolte même, la révolte qui, seule, est créatrice de lumière », disait André Breton.

Dans ce numéro, la parole de celles et ceux qu’on n’entend pas : habitants des périphéries, exilés en lutte et livreurs à vélo. Mais aussi du graffiti, du rire, et des lectures.”

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