Derrière chaque «crise», l’amplification de la guerre sociale
Il faut rappeler une évidence : ce n’est jamais la «crise» pour tout le monde. Pendant que des gens meurent, souffrent, s’épuisent au travail ou tombent malade, d’autres continuent d’engranger des profits immenses. Et souvent, les plus forts tirent parti de la crise.
Quelques exemples de profiteurs du désastre :
EHPAD
Près 7000 décès liés au Covid-19 sont recensés dans les Ehpad français. Une véritable hécatombe, largement due à l’absence de moyens de protection pour le personnel. Ces établissements sont pourtant des machines à cash : en 2018, parmi les 500 plus grandes fortunes de France, on comptait 6 propriétaires de groupes d’Ehpad. Une maison de retraite est plus rentable qu’un centre commercial selon le Monde Diplomatique. Un cabinet de conseil en immobilier explique que «le secteur des Ehpad ne s’est jamais aussi bien porté et connaît une explosion des investissements».
KORIAN ET ORPEA
L’entreprise Korian est le plus puissant de ces groupes. Il gère des centaines d’établissements en France et en Europe. En 2016, il réalisait plus de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 15,5% de marge, un bénéfice de 38 millions d’euros. Il a doublé en cinq ans les dividendes versées à ses actionnaires. Le numéro deux français du secteur des maisons de retraite et des cliniques privées s’appelle Orpea. L’an dernier, son bénéfice net s’élevait à 220 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires, déjà publié, de 3,42 milliards d’euros. Un bénéfice net en hausse de 6% en 2019. La valeur de son patrimoine immobilier était de 6 milliards d’euros.
AMAZON
Le patron d’Amazon Jeff Bezos a vu sa fortune s’accroître de 24 milliards de dollars, soit 22 milliards d’euros depuis le début de l’année. L’homme le plus riche du monde profite de la forte hausse des ventes en ligne sur sa plate-forme, liée aux mesures de confinement prises aux quatre coins du globe pour faire face à la pandémie de Covid-19. Amazon est l’une des entreprises profitant le plus de cette crise, alors que de nombreux employés dénoncent le manque de mesures sanitaires.
SANOFI
La multinationale française qui vend des vaccins, des médicaments et autres produits de soin fait fortune. En France, les revenus de l’entreprise dépendent à plus de 80% des remboursements de la Sécurité sociale. Sanofi vient d’annoncer, en pleine crise sanitaire, l’augmentation de son dividendes, et verser 3,95 milliards d’euros aux actionnaires.
POLLUEURS
En pleine nuit, vendredi dernier, une poignée de députés français votaient un deuxième «projet de loi de finance rectificative pour 2020» : de l’argent public pour «aider» les entreprises à faire face au Covid. La somme astronomique de 20 milliards d’euros a été débloquée. Parmi les bénéficiaires, des multinationales polluantes, qui recevront des fonds énormes sans aucune contrepartie sociale et écologique :Air France, Renault ou le groupe parapétrolier Vallourec. L’argent de l’État engraisse les multinationales qui saccagent la planète, au nom de «la crise».
SPÉCULATEURS
Axa : 3,6 milliards. Allianz : 4,75 milliards. BNP : 3,9 milliards. Hermès : 480 millions. Total : 1,8 milliard. Vivendi : 697 millions. Michelin : 353 millions. Lagardère : 130,5 millions. Veolia : 283,5 millions… Ce sont les dividendes colossales qui sont distribuées ces dernières semaines aux actionnaires des grands groupes. L’instabilité des marchés financiers permet aux spéculateurs de faire des profits toujours plus indécents.