#MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice : faire peur est la fonction même de la répression


À quoi servent les grenades, les matraques, les cagoules, les balles en caoutchouc sinon à terroriser ?


«Je ne me sens pas en sécurité face à un flic». Voilà la phrase par laquelle le scandale est arrivé. Une simple phrase, de bon sens, prononcée par la chanteuse Camélia Jordana à la télévision.

Une évidence. Un fait. Il suffit d’habiter dans un quartier, de ne pas être blanc-he, de faire une manifestation ou même de se promener par temps de confinement pour ressentir cette peur.

Des morts, des mains arrachées, des yeux crevés, des bleus, des trous dans le visage, des poumons en feu. Nous sommes des millions à voir, à savoir, à avoir ressenti cette peur. Adama, Steve, Aboubakar, Zineb, Angelo, Zyed, Bouna et tant d’autres y ont laissé la vie.

Assa Traoré, sœur d’Adama, décédé en 2016 étouffé lors d’une interpellation, lance un appel à soutenir Camélia Jordana sur les réseaux sociaux avec le hashtag #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice. Assa et Camélia ne sont pas seules, nous sommes des millions.

Ceci étant dit, n’oublions pas que la police existe pour faire peur. C’est sa raison d’exister. Sa fonction. Son rôle. Elle terrorise pour maintenir un ordre injuste, inégalitaire, pour protéger les riches. C’est son travail normal : exercer la contrainte. Intimider les pauvres, les fils et filles de colonisé-es, des Gilets Jaunes, les révolté-es. À quoi servent les grenades, les matraques, les cagoules, les balles en caoutchouc ? À faire peur, et uniquement à ça. Si les manifestations se vident, s’il n’y a plus de poussettes depuis des années dans les cortèges, si peu de gens osent lutter, c’est à cause de cette peur.

Rappeler que la police fait peur est donc important face au déni des gouvernants. Mais ce n’est pas suffisant. Les grands changements naîtront du dépassement de cette peur.

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