Chasse aux sorcières : un chercheur viré pour ses “liens avec l’ultra-gauche”


Un chercheur licencié sur demande de la police politique. Cela ne se passe pas en Russie mais en France sous Macron. Un homme que nous appelleront Mathieu a été viré du Centre National d’Études Spatiales, où il travaillait à Toulouse, car il était «soupçonné d’avoir des liens avec l’ultra-gauche».


Ce sont les policiers de la DGSI, la Direction générale de la sécurité intérieure, ces agents qui surveillent, écoutent et persécutent celles et ceux qui dérangent l’État qui sont à l’initiative de cette épuration. La DGSI a signalé aux employeurs de Mathieu qu’il était «connu pour être apparu en 2010 et 2017 en relation avec le mouvement de l’ultra-gauche radicale». Sans aucune information complémentaire. Licenciement en juin 2019, pour deux « liens » avec des militants non identifiés en l’espace de 7 ans. L’avocat de Mathieu, Raphael Kempf, ne comprend pas : «on est dans le cas d’une police politique, qui s’intéresse aux opinions présumées des gens. Lui ne sait même pas ce que c’est que l’ultra-gauche».

En septembre dernier, la Justice a tranché en donnant raison à Mathieu qui contestait son licenciement. Mais depuis, il n’a pas été réintégré : son centre de recherche à maintenu son éviction. L’affaire traîne depuis quasiment 2 ans. Pour de simples présomptions figurant sur ce qu’on appelle une «note blanche» : un document écrit directement par la police, qui ne cite ni source, ni fait, ni preuves. Des centaines de personnes qui ont participé aux mobilisations sociales ont «leur» note blanche de la DGSI. Ici il s’agit de «liens», on peut imaginer que boire un verre avec des personnes fichées suffit déjà pour être considéré comme «en relation avec l’ultra-gauche», sans possibilité de se défendre. Jusqu’où s’arrêtera cette surenchère ?

Ces derniers jours, une étape a été franchie car le gouvernement annonce ouvertement une traque aux «islamo-gauchistes» dans les universités. Une étiquette vide de sens, inventée par l’extrême droite. Les autorités voudraient donc organiser une épuration idéologique dans le monde de la recherche scientifique, en inventant des ennemis intérieurs désignés comme étant «d’ultra-gauche» ou défenseurs des musulmans. Dans le même temps, les liens, bien réels, de très nombreux policiers, militaires et hauts fonctionnaires avec l’extrême droite violente ne sont jamais évoqués… Ce constat effrayant est complété par le passage en force de décrets autorisant le fichage d’opinions, religieuses, politiques, syndicales, et même philosophiques !

Des chercheurs et des syndicats appellent à ce que Mathieu soit réintégré immédiatement. Derrière ce cas particulier, c’est toute une logique autoritaire qui est expérimentée discrètement. La répression par la police, par la justice, et jusque dans nos milieux professionnels ou nos vies privées. Encore une fois, le gouvernement Macron met en œuvre ce que Le Pen n’aurait pas osé imaginer.

Une pétition a été lancée par ses collègues et plusieurs syndicats, à signer ici : https://www.wesign.it/…/pour-la-reintegration-de-mathieu-pe…

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