Le Pass Sanitaire rejeté puis adopté


Le mardi 11 mai, l’Assemblée Nationale a rejeté l’article du projet de loi de sortie de l’état d’urgence sanitaire qui devait instaurer le «pass sanitaire». Ceci parce que le MoDem a voté contre, à la surprise générale.
Mais le mercredi 12 mai à 2h du matin, rebelote : l’assemblée a, cette fois, voté pour en deuxième délibération. Quelques éléments d’analyse :


Tout d’abord, le MoDem n’est pas un grand défenseur des libertés. Il n’a pas voté contre cette mesure dans un premier temps parce que la seule idée d’un pass sanitaire est aberrante, mais parce que ce parti estime que le texte est trop flou. En d’autres termes, si le gouvernement avait proposé un texte plus clair, le MoDem aurait voté pour tout de suite.

Ensuite, il s’agit évidemment d’une stratégie de campagne. La dernière fois qu’on a entendu parler du MoDem, c’était pour apprendre qu’un mec complotiste et facho était sûrement mêlé à l’enlèvement de la petite Mia, et que ce mec était passé par le MoDem. Peu glorieux.

Les élections présidentielles sont dans un an et, petit à petit, chaque parti fait son apparition. Le MoDem entre donc en campagne en votant “non” au pass sanitaire. Il perd en revanche en crédibilité en votant oui à la deuxième délibération.

Le gouvernement a juste eu à revoir sa copie, proposer un texte plus clair, vaguement plus restrictif, et le pass sanitaire a été adopté. Quitte à ce qu’il soit élargi ensuite.

Le point d’achoppement sur ce pass concernait surtout le fait qu’il pouvait être mis en place pour tout type de lieu, et pas seulement pour les voyages à l’étranger : avec un texte peu clair, il pourrait concerner les restaurants, les bars, les théâtres, les cinémas, les magasins de toutes sortes… Le texte qui a finalement été adopté impose donc ce pass sanitaire pour les voyages vers et depuis l’étranger, et pour l’accès à certains rassemblements et événements.

Toutefois, nous savons pertinemment à quel point une mesure exceptionnelle devient trop souvent, progressivement, une norme généralisée. Or, l’introduction d’un pass sanitaire signifie l’accès pour l’État aux données médicales des personnes. Au nom de la santé publique, le gouvernement veut donc mettre à mal le secret médical. Et en ce moment, il est très facile de faire peur pour faire accepter des mesures liberticides. Arguer de la santé publique pour imposer un contrôle social de plus en plus poussé est LE point fort du pouvoir. Celui qui lui permet de se maintenir.

À côté de ce pass sanitaire, il importe de relever que le reste de la loi de «sortie de crise» est en fait une prolongation de l’état d’urgence sanitaire. Le Premier ministre, ou les préfets selon les cas, auront toujours la possibilité d’imposer des confinements, des couvre-feux, le gouvernement pourra gouverner par ordonnances pour mettre en place cette «sortie de crise».

Lorsque Castex affirme que nous sommes «en train de sortir durablement de la crise sanitaire», on a envie de rire. D’une part, ce garçon n’est pas épidémiologiste ni médium, il n’en sait donc absolument rien. D’autre part, les mesures qu’il préconise sont en fait celles qui sont déjà utilisées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. Ce n’est donc pas une sortie de crise, c’est une banalisation des moyens de contrôle mis en place depuis un an. Une perpétuation de l’état d’urgence sanitaire dans le droit commun.

Nous l’avions dit dès le printemps dernier : il n’y aura pas d’après Covid. Nous sommes déjà dans le monde d’après. Et, comme tout épisode de crise, le pouvoir a profité de la sidération et de l’argument nouveau de la santé publique pour imposer des mesures permanentes de surveillance, de contrôle social et de répression. Il faut sortir de cette spirale infernale qui nous emmène dans le rouleau compresseur du fascisme.

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