Enquête
Depuis les annonces liberticides de Macron le 12 juillet, un très vaste mouvement, protéiforme, contre le pass sanitaire est en cours dans tout le pays. Par endroit, l’extrême droite s’affiche ouvertement, et tente même parfois de récupérer les marches pour les libertés. D’autres fois, et c’est le cas à Nantes, l’extrême droite avance masquée, bien cachée derrière une apparence de «bienveillance» et un discours mystique sur la «non-violence», tout en diffusant, en sous-main, une propagande ouvertement fasciste.
Depuis des semaines, des « citoyens » protestent contre le pass sanitaire devant la préfecture de Nantes. Avec barnums et accoutrements blancs, ils affirment être parfaitement apolitiques, et, surtout, pas d’extrême droite. Si chaque personne qui les rejoint n’est pas un fasciste convaincu, il est certain que ceux qui organisent ces rassemblements sont parfaitement situés politiquement.
DOUBLE DISCOURS
Dès le 19 juillet, un compte Twitter du nom de «BlackSun Seita» appelle à venir tous les jours devant la préfecture avec des drapeaux blancs. Le même jour, ce compte relaie le calendrier des actions de Toutvabien44, la vitrine des «drapeaux blancs», et annonce joyeusement la présence de Richard Boutry à Nantes, partenaire entre autres de l’association d’extrême droite Égalité et Réconciliation, dont le leader, Alain Soral, se revendique «national-socialiste». En remontant le fil du compte «BlackSun Seita», on tombe sur le parti Les Patriotes de Florian Philippot. Ce n’est pas un hasard si le référent des Patriotes en Loire-Atlantique annonce le 13 juillet, un rassemblement des Patriotes devant la Préfecture de Nantes.
Qui est derrière le groupe «Toutvabien44», qui se revendique «apolitique» et «non-violent» ? Il s’agit d’un homme, P., qui décide, sous pseudonyme, de toutes les actions. Sur Twitter, P. est abonné aux Patriotes, au site douteux Réinfocovid, à divers groupes d’extrême droite… Derrière un discours extrêmement policé, nous avons découvert que P. travaille étroitement avec la police nantaise. Dans la sphère privée, il explique avoir un contact chez les RG, qui se fait leur relais auprès de la Préfecture. Les «masques blancs» n’ont ainsi pas besoin de déclarer leurs manifs et la police leur propose même du soutien. La police gaze nos cortèges mais protège celui des «drapeaux blancs». Pour rappel, les RG – RT aujourd’hui, pour Renseignements Territoriaux – constituent la police politique qui fiche les manifestant-es, récoltent des données personnelles sur les individus et orientent ainsi les décisions politiques ou judiciaires prises à leur encontre. En d’autres termes, Pierre, alias Peesse, collabore sans scrupules avec le régime policier.
LA GALAXIE TOUTVABIEN44
Le site Toutvabien44 conseille fortement des lectures assez particulières, des «vrais sites
d’informations»… Parmi les plus révélateurs, on a Réinfocovid , Sudradio , FranceSoir , Launetv – le média de Richard Boutr – , Bonsens – créée par le patron de FranceSoir. Des médias proches de l’extrême droite. Sous prétexte de «réinformer» face aux médias qui désinforment, ces sites propagent les thèses fascistes et conspirationnistes. Les Masques blancs et leurs proches attirent les gens en parlant de bienveillance, de bonté, de soin aux autres, et développent un discours volontiers mystique. En réalité, leurs chefs / gourous / influenceurs de ces micro structures sont liés aux Patriotes et/ou à l’extrême droite conspirationniste. Et beaucoup de personnes qui rejoignent ces collectifs sans à priori se retrouvent piégées, baignées dans un discours fasciste…mais toujours avec bienveillance et bonté.
LES FASCISTES EN EMBUSCADE
Nous avons intégré le fil de discussion du groupe sur Telegram. Il est passionnant. Au milieu de messages anodins ou bien évoquent des questions telles que la sécurité numérique, d’autres sont ouvertement fascistes : le groupuscule pétainiste Civitas, le site d’extrême droite Breizh Info, les nationaux-socialistes d’Égalité et Réconciliation. On trouve aussi des appels à «multiplier» les pancartes violemment antisémites. Dans les discussions, on se déchaîne contre «l’ultra-gauche», en reprenant quasiment mot pour mot le discours de la police, et dans le même temps, absolument aucun membre n’évoque l’attaque armée organisée par un commando néo-nazi le 31 juillet dernier à Nantes. Comme si cela n’existait pas. En creux, frapper des militants de gauche est légitime pour les apôtres «non-violents» et «bienveillants» de Toutvabien44, qui n’ont jamais publié la moindre dénonciation des violences fascistes.
LES NEO-NAZIS AU PREMIER RANGS DES «DRAPEAUX BLANCS»
La manifestation du 31 juillet a été marquée par une forte présence de l’extrême droite. Un groupe armé qui assurait le service d’ordre de Civitas a attaqué des manifestant-es qu’ils ont identifié comme antifascistes. Leur objectif, manifestement validé par les autorités, était d’exclure les forces de gauche de ce mouvement. Mais fascistes en herbe se sont faits chasser. Ce jour là, le commando, une fois mis en fuite, s’est replié vers le cortège des drapeaux blancs.
Ce n’est pas un hasard, puisqu’en épluchant photos et vidéos, on s’aperçoit que les néo-nazis qui ont attaqué portaient quelques heures plus tôt… la banderole de tête du cortège des drapeaux blancs ! Plusieurs individus figurant sur la photos où l’on voit 6 néo-nazis frapper une personne au sol ont été formellement identifiés tenant la banderole un peu plus tôt. D’autres militants et militantes d’extrême droite connus ont été repérés plus tôt à leurs côtés, notamment des individus précédemment auteurs de violences.
Apolitisme ? Bienveillance ? Les Masques Blancs auront ouvert un boulevard à des nostalgique d’Hitler et de Pétain, et couvert leurs violences, tout en étant en contact étroit avec la police. Et ce sont ces mêmes masques blancs qui accusent la gauche de «diviser la lutte» et d’être «radicaux» ! Le double discours et le mensonge sont poussés à leur paroxysme. C’est bien l’extrême droite qui divise. Son projet politique a toujours été d’exclure les personnes étrangères, homosexuelles, lesbiennes, les personnes bisexuelles, transgenres, handicapées, juives ou musulmanes… Elle serait ravie de pouvoir mettre en place un QR code pour ficher les catégories de population qu’elle juge «indésirables». Le programme du FN intégrait même, en 2002, un dépistage obligatoire du virus du VIH et l’interdiction à certains lieux publics aux personnes séropositives ! Les outils mis en place par Macron depuis le début de son mandat
ouvrent la voie à un pouvoir plus autoritaire encore.